Retable d’Estavayer de Hans Geiler

Retable d’Estavayer de Hans Geiler

Monastère d’Estavayer

Par Amandine Beffa | Photo : Jean-Claude Gadmer

Le retour du retable de Hans Geiler chez les dominicaines d’Estavayer est l’occasion de se pencher sur cette remarquable œuvre du XVIe siècle. Comme l’étymologie l’indique (retable vient du latin retro tabula altaris qui signifie en arrière de la table d’autel), les retables étaient à l’origine placés derrière les maîtres-autels. Leur fonction permet d’évoquer la vie du Christ et de la Vierge Marie. 

Celui d’Estavayer présente le Christ hier (les panneaux latéraux) et aujourd’hui (le panneau central).

Le panneau de gauche figure la visite des bergers à la crèche. Joseph se tient à l’écart de la scène. Son rôle a longtemps été considéré comme secondaire, mais certaines lectures y voient aussi une forme d’humilité. Les premiers plans sont laissés à Jésus et à celle dont le « oui » a tout permis. 

Le panneau de droite met en scène la visite des mages. Leurs différences de barbe et de position sont la marque traditionnelle de leurs différences de sagesse et de compréhension du mystère. Celui qui est imberbe est considéré comme le plus jeune et celui dont la barbe est la plus longue comme le plus âgé. Ce dernier est à genoux et a retiré son couvre-chef, marquant ainsi son adoration. Celui du milieu semble indiquer au plus jeune que l’enfant qui est devant eux vient des Cieux.

Au centre, la Vierge à l’Enfant est entourée de saint Dominique (à droite) et de saint Thomas d’Aquin (à gauche). Saint Dominique tient dans ses mains les Evangiles. 

Saint Thomas d’Aquin portait à l’origine un ostensoir dont il ne reste plus que le socle. De son autre main, il montre l’Enfant-Jésus. Il propose en quelque sorte une rapide catéchèse sur la présence réelle dans l’eucharistie : c’est le même Christ présent dans les bras de sa mère et dans l’hostie consacrée.

L’Evangile est un des attributs de saint Dominique et l’eucharistie celui de saint Thomas d’Aquin. S’ils ont surtout été choisis pour faciliter leur identification, cela n’empêche pas une lecture plus théologique. La Parole de Dieu et l’eucharistie sont deux moyens de rencontrer le Christ aujourd’hui. Ce même Christ que bergers et mages ont eu la chance de rencontrer à la crèche.