Une église toute neuve, pari sur l’avenir

Une église toute neuve, pari sur l’avenir

La communauté de Gland était en fête dimanche 13 février pour la consécration de sa nouvelle église. Fruit d’un travail de longue haleine, moderne et fonctionnelle, elle permettra aux catholiques de Gland et de toute l’Unité pastorale (UP) Nyon-Terre Sainte de se rassembler et de se ressourcer pour être témoins du Christ au cœur du monde.

PAR GENEVIÈVE DE SIMONE-CORNET | PHOTOS : PHILIPPE ESSEIVA

Elle a fière allure, l’église Saint-Jean Baptiste qui conjugue l’acier, le béton, le bois et le verre dans une belle harmonie. Quel signe d’espérance ! Il en a fallu du professionnalisme, de l’enthousiasme, de la persévérance et de la foi pour mener à bien ce projet ! Aujourd’hui, il faut habiter cette église et la faire vivre. Pour qu’elle devienne un lieu ouvert à tous, accueillant et stimulant.

Consacrer une église est un événement rare à notre époque, marquée par la crise de l’Eglise et la désaffection des lieux de culte. Pour Gilles Vallat, président de la paroisse de Nyon, c’est « un véritable défi, une folie même » dans une société matérialiste et individualiste. Et un pari sur l’avenir : « Oui, malgré les vicissitudes de notre époque, nous pensons que dans trente, cinquante ans, voire un siècle, il y a aura toujours des chrétiens qui se réuniront à Gland pour célébrer le Christ ».

La messe de consécration, célébrée le 13 février par Mgr Charles Morerod, évêque de Lausanne, Genève et Fribourg, fut sobre, joyeuse et recueillie. L’occasion de remercier tous les acteurs d’une belle aventure et de se réjouir de pouvoir désormais se réunir dans un lieu de beauté et de simplicité qui invite à la prière. Brigitte Besset, présidente du Conseil de communauté, a rendu grâce pour « cette nouvelle église qui a été projet, puis construction et qui devient aujourd’hui maison de prière ». Ce jour, s’il marquait l’aboutissement de nombreux efforts – il a fallu douze ans pour que le rêve devienne réalité –, était aussi un commencement: les paroissiens de Gland-Vich-Coinsins et leurs pasteurs ont les yeux tournés vers l’avenir dans le désir d’être des pierres vivantes de l’Eglise. Car un bâtiment est d’abord au service d’une communauté.

Tisser une histoire

La dédicace transforme un bâtiment en un lieu de culte, un lieu où Dieu est présent. La nouvelle construction devient, selon le Père Norbert Hennique, directeur du Service national français d’art sacré, « un signe de transcendance dans notre société sécularisée. Pour les uns un témoin du passé, pour d’autres un lieu de prière, de recueillement, de célébration toujours actuel ». Ni salle de spectacle ni musée, mais des murs au service d’une communauté vivante qui y trouvera de quoi nourrir sa foi et témoigner. Et qui y tissera une histoire au gré des rassemblements et des sacrements.

Pour l’architecte Flavio Boscardin, du bureau Coretra à Nyon, une église « doit pouvoir transmettre du bien-être, des émotions. Pour certains, des rites de passage et des souvenirs seront liés à ce lieu ». L’artiste, Alain Dumas, a relevé la présence de trois colombes, symboles de l’Esprit Saint, qui soulignent l’idée de cheminement dans l’espace liturgique : la première, sur la cuve baptismale, dans le narthex, rappelle le baptême et invite à entrer ; la seconde, sur l’ambon, souligne l’élévation de la Parole ; la troisième oriente la porte du tabernacle vers l’autel. Au cours de son travail s’est dégagée, sur la face avant de l’autel, une veine grise qui évoque l’hostie partagée – un « cadeau ».

Une messe riche de sens

En ouverture de la célébration de la dédicace, le curé modérateur, Jean-Claude Dunand, a salué « une journée cadeau » pour la communauté de Gland, la paroisse et l’Eglise. A suivi une liturgie qui a comporté nombre d’étapes riches de sens. Au début, Mgr Morerod s’est rendu à l’entrée de l’église pour déposer une boîte en inox contenant des documents – les plans de l’église, des noms et un numéro spécial de L’Essentiel – dans une cavité recouverte d’une pièce en bronze gravée. Pour dire à ceux qui nous suivront qui est à l’origine de ce projet.

Puis l’évêque a béni l’eau de la cuve baptismale et en a aspergé l’assemblée, l’autel et l’ambon. Après la liturgie de la Parole, le rite de la dédicace a commencé par la litanie des saints. Ont suivi la prière de la dédicace, l’onction de l’autel et des murs, l’encensement de l’autel et l’illumination de l’autel et de l’église. La célébration, animée par une chorale de jeunes, fut sobre, avec la présence de trois anciens gardes suisses en uniforme.

Signes de Dieu

Dans son homélie, Mgr Morerod s’est interrogé : « Si Dieu est partout, pourquoi bâtir une église ? Pour que le peuple se rassemble au nom de Dieu et parce que l’édifice que Dieu bâtit, c’est nous : nous sommes l’Eglise, le corps du Christ, nous sommes des signes de Dieu, des signes paradoxaux. Et pourtant, Dieu agit à travers nous et à travers cette église. »

Pourquoi ? « A cause de nous, car nous ne connaissons le monde et Dieu que par nos sens. Et Dieu en tient compte, c’est pourquoi il nous donne des signes : la beauté de la création qui révèle sa grandeur ; cette église ; le peuple rassemblé ; et le signe le plus grand, frappant, complet, inattendu, paradoxal : le Christ. C’est pour nous que tous ces signes existent, car passant par eux, Dieu se met à notre niveau parce qu’il nous aime. Tellement qu’il nous rend partie prenante de son œuvre. C’est un signe d’espérance qu’il choisisse des signes comme nous et comme cette église au travers desquels il peut manifester sa présence. » Et cette église « ne prend sens et vie que si Dieu s’y trouve ».

A l’issue de la messe, la partie officielle, dans la salle communale, fut l’occasion pour les autorités politiques de se réjouir et de remercier les catholiques de Gland et environs pour cette initiative au service de la population (lire l’encadré ci-dessous).

Deux concerts donnés l’après-midi dans l’église par le chœur gospel Accroch’chœur de La Lignière et le chœur mixte de Gland « Le Chêne » ont clôturé ce jour de fête ensoleillé au-dedans comme au-dehors.

Au service de tous

Trois salles sous l’église, accessibles de façon indépendante et équipées d’une cuisine, de sanitaires et d’un parking, serviront de lieux de réunion pour les paroissiens. Elles pourront aussi être louées pour accueillir des expositions, des rencontres, des conférences ou des concerts. L’Association culture et rencontre de Gland et environs, fondée en 2021 sous l’impulsion du comité de pilotage, gérera les réservations. Association à but non lucratif, apolitique et aconfessionnelle, elle veut encourager la convivialité.

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Retour aux sources

En forme de cône tronqué, la nouvelle église de Gland peut accueillir 250 fidèles. Sa forme ronde rappelle les églises paléochrétiennes – un retour aux sources – et facilite la communion. Si sa façade est recouverte de plaques métalliques, l’intérieur est en bois. On y pénètre de deux côtés : par le parvis sud, avec la porte principale et des escaliers ; et le parvis nord, qui permet d’entrer de plain-pied. L’église bénéficie d’un éclairage naturel avec un interstice entre le cône et la toiture et, derrière l’autel, un puits de lumière.

Le mobilier liturgique se veut d’une noble simplicité. En marbre Bleu de Savoie, il est l’œuvre du sculpteur français Alain Dumas. On pénètre dans l’église en passant par le narthex où nous accueillent les fonts baptismaux – circulaires, ils permettront le baptême des bébés par immersion; une fontaine y évoque l’eau source de vie.

L’autel est orné de motifs sphériques évoquant la symbolique romane du cercle (l’univers céleste) qui s’inscrit dans la forme carrée (le monde terrestre). Le siège de la présidence forme, avec l’autel et l’ambon, un triangle équilatéral rappelant la Trinité. Il est en bois de noyer, comme la croix, en forme de Tau, reprise de l’ancienne chapelle.

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