Un cantique érotique

Un cantique érotique

Par François-Xavier Amherdt
Photo: DR« – Que tu es belle, ma bien-aimée ! Tes yeux sont des colombes. Tes lèvres, un fil d’écarlate. Tes deux seins, des faons jumeaux d’une gazelle qui passent parmi les lis. Tu me fais perdre le sens par un seul de tes regards. Que ton amour a de charmes, ma sœur, ô ma fiancée. L’arôme de tes parfums est délicieux plus que tous les baumes. – Que mon bien-aimé entre dans son jardin et qu’il en goûte les fruits savoureux. » (Cantique 4, 1.3.5.9.10.16)

Telle une perle dans un écrin, le Cantique des cantiques (c’est-à-dire le plus beau des poèmes, comme on dit « pour les siècles des siècles ») a trouvé sa place au sein des Saintes Ecritures après bien des péripéties. Cela n’a pas été tout simple, car il s’agit d’un véritable poème érotique qui chante le don mutuel et charnel des époux, comme image représentative de la tendresse indéfectible de Dieu pour l’humanité. La tradition spirituelle en a également fait le modèle des liens mystiques entre l’âme et son Seigneur, appelé précisément « Mon bien-aimé ».

Différentes perspectives
Ce qui montre parfaitement bien que la dimension corporelle et sexuée, inscrite dans notre condition par le Créateur, caractérise pleinement notre intimité avec le Christ. Si bien que celui-ci se présente comme l’Epoux de sa bien-aimée, l’Eglise. Perspectives spirituelle, ecclésiale, théologale et charnelle s’interpénètrent donc. De sorte que chaque couple, par la fidélité et le don mutuel des corps et des cœurs dans la relation sexuelle, offre une image plénière et saisissante de l’amour dont Dieu veut tous nous combler (voir l’exhortation Amoris laetitia du pape François, « Un amour
passionné. La dimension érotique de l’amour », n. 142-162).

A cet égard, il est regrettable que la liturgie dominicale ne le retienne jamais dans les lectionnaires actuels : le Cantique n’est lu « que » lors des célébrations de mariage. S’il était également proclamé le dimanche, il pourrait donner lieu à de belles catéchèses sur la sexualité comme lieu d’épanouissement évangélique et biblique !