Le Pape est mortel

Le Pape est mortel

Par Thierry Schelling
Photo: Ciric
« La question de la mort est la question de la vie », écrivait François à la Toussaint 2019. En bon jésuite, il sait que « tout est moyen vers une fin », y compris notre mortalité, qui relativise tout 1. En « franciscanisant 2 », il prie Dieu pour « notre sœur la mort corporelle », invitant à « prêter attention à chaque petite fin du quotidien, à chaque fin de mot, de silence, de page écrite… » dans un lâcher-prise que permet la foi en Christ mort et ressuscité (le kérygme), et qui prépare à l’étape finale…

Il évoquait d’ailleurs la sienne, dès son élection, en titillant les journalistes : « J’aurai un pontificat plutôt court… » Erreur ! Un septennat plus tard, c’est l’occasion pour lui d’appliquer les règles de discernement de vie et de mort quant à l’apparatus ecclésial… 

Memento mori !
Changement à la Curie, nominations épiscopales de par le monde, choix des pays et des communautés visités, ton de ses encycliques, zoom sur certaines réalités humaines plutôt que d’autres, tout concorde vers une patiente conversion, qui est une petite mort : à des habitudes, des traditions… Pour toujours mieux vivre de l’Esprit du Christ. Ce qu’il répète dans ses sermons prononcés à la « Tous-Défunts »
(2 novembre) dans les cimetières et les catacombes de Rome. Et, face à la mort, et aux persécutions contre les chrétiens, il propose les Béatitudes et Matthieu 25 (« le grand protocole », il le nomme) comme carte d’identité authentiquement chrétienne à deux faces : « heureux », et « ce que l’on fait à autrui » au nom de notre foi…

Un Pape qui sème, d’autres moissonneront, si la graine tombée en terre meurt… (cf. Jn 12, 24).

1 Une intéressante méditation « à l’article de la mort » est proposée par Ignace dans ses Exercices Spirituels, au numéro 186.
2 Néologisme pour signifier son attrait plus que prononcé pour François d’Assise et la spiritualité franciscaine comme outil de son pontificat.