Février 2025: «Les coachs à l’heure d’Insta !»
Une nouvelle naissance
Geneviève Genoud, native de Bourg-Saint-Pierre, a été Sœur Bénédicte dans la communauté du Verbe de Vie où elle a œuvré 30 ans durant. A sa fermeture, en 2022, elle s’est vue contrainte de commencer une nouvelle vie.
Propos recueillis par Pascal Tornay | Photos : DR
Geneviève, êtes-vous une cousine de notre ancien curé Jean-Pascal ?
Oui, nos pères respectifs étaient premiers cousins.
Vous avez donc passé 30 ans au Verbe de Vie. Quelle était votre mission au sein de votre communauté ?
Je suis couturière de métier. Mais j’ai beaucoup travaillé à la beauté intérieure des maisons où je me trouvais, pour les arrangements florauxdes costumes pour du spectacle par exemple. J’ai un petit côté artiste. J’aime le beau ! C’était aussi une caractéristique de la communauté. Par ailleurs, j’avais une attirance pour l’évangélisation de rue. Les plus paumés, les cabossés de la vie c’était pour moi ! Je ne sais pas pourquoi… J’aimais parler aux enfants, mener de petits temps de prière ou d’adoration, participer à faire descendre Dieu dans les cœurs. J’aimais également être présente auprès des jeunes.
En été 2021, l’évêque garant de la communauté a décrété sa fermeture définitive. Avez-vous vu arriver ce tournant dans votre vie consacrée ?
La communauté avait demandé une visite canonique *, ce qui est courant. Mais le résultat a été un choc ! J’attendais une aide de l’Eglise comme beaucoup de mes frères et sœurs. J’ai été en état de choc, pendant longtemps… Qu’allais-je faire de ma vie ?
Quel a été votre sentiment au sortir de cet état de vie ? Qu’avez-vous entrepris ?
Je ne voudrais pas choquer, mais j’ai eu l’impression que l’Eglise avait volé ma vie… Grâce à Dieu, j’ai eu le soutien de quelques personnes en arrivant en Valais et beaucoup de grâces matérielles, ce qui m’a encouragée. C’est très compliqué quand il faut tout recommencer presque de rien. Les recherches matérielles m’ont aidée à regarder vers le futur, mais le plus difficile a été de retrouver un sens à ma vie…
Qu’est-ce qui vous a le plus marquée ?
Une nouvelle respiration, une liberté ! De nouveaux équilibres de vie sans cesse à trouver et à ajuster !
De quoi est faite votre vie actuelle ?
Je travaille à la Boutique Monsieur comme couturière pour les retouches de vêtements. J’ai conscience d’avoir eu une grande chance de trouver un emploi de ce type en Valais. J’y vois vraiment la main de Dieu.
Votre vocation religieuse ne s’est pas éteinte : quelles dimensions nouvelles vous voyez-vous lui donner ?
Je demeure consacrée. Ces derniers temps, j’ai réalisé que je « suis » une vocation ; que je « suis » une mission. C’est très différent d’« avoir » une vocation ou d’« avoir » une mission ! Je me suis jointe récemment aux responsables de la Pastorale de la rue qui tient le Café du Parvis (mardi et dimanche) à la Maison de la Visitation. C’est une vraie « Visitation » ! Je reçois autant que je donne et même plus, c’est bouleversant ! Cette pastorale me redonne le sens de ma vie que je cherchais : une invitation à être un « morceau d’amour » au milieu de ces enfants que Dieu aime. Que chercher de plus ? Je demande au Seigneur la constance et la fidélité…
* Ce terme désigne une sorte d’audit général d’une communauté religieuse. Ces visites permettent de vérifier si les principes de respect de la personne, de liberté et de sanctification sont respectés. On parle de contrôle, mais c’est surtout un outil pastoral qui vise la protection des personnes.
L’Abbaye Notre-Dame du Mont-Carmel s’ouvre davantage
L’Abbaye Notre-Dame du Mont-Carmel – ou Confrérie du Scapulaire – accueillera dimanche 8 décembre une nouvelle consœur en la personne d’Eliane Chassot, de Bussy, et un nouveau confrère, César Mosquera, sacristain à la collégiale d’Estavayer-le-Lac, de nationalité espagnole.
Bon anniversaire Jean-Marie!
Petite conversation que j’ai eue après une messe, avec les servants :
– Surprise ! Vous êtes tous invités à un anniversaire le 13 octobre !
– Par qui ?
– Par notre évêque !
Regards étonnés et interrogateurs…
– Il a quel âge ?
– Il fête ses 10 ans… comme évêque !
Noël, la Terre et le Ciel se parlent
« Noël » : ce mot a une résonance particulière en chacun de nous. J’ai demandé à Christiane Cura, paroissienne de Martigny, ce que cette fête représente pour elle et je la remercie pour le partage de ses réflexions.
Par Françoise Besson
Photos : Grégory Roth, Denis Vinçon
Les Noëls de mon enfance sont liés à la lumière. Le 24 au soir, mon frère et moi attendions chez ma grand-mère et ma tante que la fête de Noël commence. A l’heure dite, nous partions dans la nuit rejoindre mes parents. Au moment où la porte de la maison s’ouvrait, c’était l’éblouissement ! Le grand sapin illuminé brillait de toutes ses bougies, les épis lançaient des étincelles, la nuit était vaincue !
Une autre source de lumière et de joie, c’est le récit de la Nativité. Il est tellement beau ! C’est comme un conte de fées céleste, avec les anges et leurs chants, c’est le ciel et la terre qui se parlent. La nuit est sombre autour de Bethléem où Jésus vient de naître. Dans les champs, des bergers gardent leurs troupeaux. Et soudain « La gloire du Seigneur les enveloppe de sa lumière » et « ils sont saisis d’une grande crainte ». Un ange les rassure et leur annonce une grande joie : la naissance d’un Sauveur. La troupe des anges célèbre la gloire de Dieu.
Les bergers découvrent l’enfant. Après eux, les mages viennent l’adorer. C’est émouvant de voir comment les uns et les autres acceptent le mystère sans poser de questions, tout simplement. Devant Jésus, ils se prosternent, ils l’adorent… On voit que c’est quelque chose de tellement fort pour eux, un émerveillement.
Qu’ont-ils fait par la suite de cette révélation ? Les bergers racontèrent autour d’eux ce qui avait été annoncé au sujet de cet enfant. « Ils glorifiaient et magnifiaient Dieu pour tout ce qu’ils avaient vu et entendu. » Quant aux mages, leur joie était si profonde qu’ils devaient en rayonner.
Mais comment comprendre qu’un tel événement ait été révélé de façon aussi confidentielle, à des très humbles comme à de grands savants ? Et nous, que faisons-nous de ce récit ? Il est merveilleux, mais tellement au-delà de notre compréhension. Il ne prend réellement sens que dans la foi.
Un Dieu bébé (extraits d’un texte de J. Lhoir)
Un Dieu bébé, si petit, si démuni, si vulnérable, si dépendant… un Dieu qui se fait l’un d’entre nous !…Aucun homme, non vraiment aucun, n’aurait pu inventer une pareille histoire… […]
Il y avait sûrement des anges qui chantaient dans le ciel cette nuit-là, mais c’étaient des anges comme ceux de la Résurrection : il fallait y croire pour les apercevoir… On ne les voyait qu’avec les yeux du cœur, ils ne s’imposaient pas, tout le monde n’était pas obligé de les remarquer. Il fallait un cœur ouvert comme celui de Marie et de Joseph et des bergers pour les voir et les entendre. C’est pourquoi ceux qui n’attendaient rien sont passés distraitement sans rien découvrir.
Seigneur, donne-nous un cœur d’enfant pour que nous puissions te reconnaître dans la crèche ! Ouvre-nous les yeux du cœur pour nous éveiller enfin à la vraie vie […] qui est d’aimer et d’être aimés, d’œuvrer autant que nous le pouvons pour faire de l’année qui vient, une bonne et heureuse année.
Une retraite bien méritée pour « Mme caté »
On pourrait surnommer Martine Hayoz la « Madame caté » de la paroisse ! Elle prend une retraite bien méritée après une vingtaine d’années d’activité comme enseignante d’instruction religieuse. Et si elle rend son tablier de catéchiste professionnelle, c’est aussi pour mieux se mettre « à l’affût » !
En qui croyons-nous ?
Dans Evangile selon Judas (2001), Maurice Chappaz adopte le point de vue du Traître. Une manière d’aborder sa foi en Jésus-Christ en tant que poète. Sa fascination pour celui dont il fait un jumeau de Jésus a en effet partie liée à son attrait immodéré pour les beautés du monde.
Fondation As’trame : l’enfant au centre
Née en 1995 afin d’accompagner familles et enfants face à une maladie grave, l’action d’As’trame 1 s’est ouverte à d’autres problématiques : deuil, séparation, trouble psychique, addiction. Présente en Valais, la fondation espère y étendre son action.
Par Anne-Laure Martinetti | Photos : DR
« Depuis 2009, les demandes ont doublé, selon sa directrice Anne de Montmollin. C’est sans doute l’effet combiné de la notoriété et de l’impact covid. Sur le Valais, nous avons une petite équipe de deux personnes, nous aurions besoin de doubler nos effectifs. » Forte de 22 collaborateurs, As’trame a suivi 1’500 familles en Romandie en 2023. Un « parcours enfant » coûte Fr. 510.– avec une aide en fonction des finances familiales. Pour l’heure, en Valais, la fondation fonctionne avec une plus grande part de fonds privés que publics et, dans l’attente d’une augmentation d’effectif, elle ne peut accepter de demandes supplémentaires avant 2025. Quant à sa démarche, elle privilégie l’approche systémique, soit, comme le définit sa directrice, « une méthode qui prend en compte la répercussion d’un événement sur l’ensemble de la famille à hauteur du regard de l’enfant. »
Anne de Montmollin, pour protéger l’enfant, on a longtemps éludé ses questions lors d’un décès, une attitude que vous ne cautionnez pas ?
Face à un drame, l’adulte peut se sentir démuni, mais le silence génère une perte de repères chez l’enfant. L’enfant se retrouve alors seul avec un trop-plein d’émotions : colère, tristesse, culpabilité, sentiment d’abandon, soulagement après une longue maladie… Certains extériorisent, d’autres pas. Les réactions peuvent être très diverses allant du repli sur soi à l’agressivité. La souffrance est là, il convient de l’accompagner. Nous nous appuyons alors sur un narratif : c’est la fin de la vie, pas du lien qui continue autrement, par le rêve, les objets symboliques… Nous laissons de côté les étapes du deuil, trop normatives. Il s’agit de donner du sens à la vie d’après, chacun à son rythme. De plus, l’enfant vit son deuil en grandissant. Chez les plus jeunes, il n’y a pas l’idée du définitif et il doit pouvoir intégrer cette histoire douloureuse peu à peu. Quant aux métaphores usuelles (« Papa est parti au ciel. »), nous les explicitons suivant l’âge, les croyances, les cultures.
La maladie psychique d’un parent est une autre situation éprouvante. As’trame a organisé une semaine de sensibilisation en mars 2024 sur les « jeunes aidants », un problème de santé public sous-estimé ? 2
Un enfant confronté à la maladie psychique d’un parent vit un enfermement et se retrouve dans un état de fragilité encore marqué qu’avec une maladie plus ordinaire. Il est isolé car des tabous demeurent autour de ces troubles et il faudrait une plus forte mobilisation des pouvoirs publics, des associations en faveur de la formation des professionnels et des acteurs de la prévention. Enfin, changer de regard sur ces troubles et sur le vécu de ces enfants est primordial. Ici aussi, il faut privilégier le double focus : l’enfant et la famille, créer un narratif familial et laisser un espace à l’enfant auprès des professionnels3 et dans le cercle familial.
Ces professionnels confrontés à ces récits de drames font un travail difficile. Un travail malgré tout gratifiant ?
Oui, car, en dépit du manque de moyens, il a du sens, « une haute valeur existentielle » selon l’expression d’un collègue. Notre approche consiste aussi à identifier les ressources et pas uniquement les difficultés. Il y a souvent de la magie dans les groupes d’enfants. J’ai travaillé en Amérique du Sud et, sans faire de généralités, je dirais que l’expression de la fragilité et les rituels occupent une plus grande place que chez nous, des ressources à importer.
1 Pour l’astre du Petit Prince de St-Exupéry et pour la trame du temps.
2 Il concernerait au moins 50’000 jeunes de 10 à 15 ans selon la Haute Ecole de Santé de Zürich, sans doute beaucoup plus.
3 En Valais, As’trame collabore notamment avec l’hôpital de Malévoz.
Contact :
Sidonie Thueler et Christelle Vaudan, Chemin des Collines 2b, 1950 Sion
et Maison de la Grenette, Rue du Bourg 8, 1920 Martigny
Tél. : 027 552 20 25
Site : www.astrame.ch
E-mail : valais@astrame.ch
A voir et à écouter :
RTS, Temps Présent, 22 février 2024 : Enfants proches aidants
RTS, La Matinale, 11 mars 2024 : Enfants vivant avec un parent malade psychiquement
RTS, Drôle d’époque, 18 juin 2024 : Interview d’Anne de Montmollin
Estavayer : deux artistes exposent sur le sacré
Deux artistes, Sandrine Devaud, de Fribourg et Stéphane Cusin, de Grandcour, se sont associés pour présenter une exposition de collages et photos à la Galerie BiseArt à Estavayer-le-Lac. A voir jusqu’à la veille de Noël.
Verbe instansitif
Par Myriam Bettens
Photo : Jean-claude Gadmer
L’humilité est essentielle lorsqu’on est lecteur de la Bible. A trop vouloir se prendre pour le Verbe, le chrétien peut parfois oublier que devant le Dieu de la Bible, il n’est que sujet.
Le Texte demeure le déterminant de toute interprétation. Quoi qu’il en soit, le lecteur est responsable de la lecture et des interprétations qu’il en fait : délicat équilibre entre ce que représente sa foi et la relation qu’il entretient avec Dieu. Mais comment rester fidèle à la Bible sans se voir taxé, à choix, de fondamentaliste ou de passéiste ? Peut-être en se souvenant que ce n’est pas par son intelligence qu’il sera capable de décrypter le Texte, mais par sa foi, constamment renouvelée par l’Esprit du Dieu auquel il croit. Chaque fois que nous cantonnons la Bible dans une lecture pour répondre à nos présupposés, nos envies, nos besoins, voire aux tendances du moment, implicitement nous enfermons Dieu. Nous L’empêchons de révéler ce qu’Il a à nous dire. Nous Le faisons sujet, alors qu’Il est Verbe par excellence.
Le mariage à l’Eglise pour s’épanouir en couple
Christelle et Loïc se marieront en 2025 à l’Eglise de Martigny-Ville, à l’endroit même où ils se sont rencontrés. Le couple nous explique pourquoi il est nécessaire pour eux de faire l’expérience du mariage, accompagnés par Jésus et son Eglise.
Par Loïc Perlstain et Christelle Gaist | Photo : DR
Pour un retour à la Source. Nous avons tous les deux reçu le baptême et la première communion pendant notre enfance. Nos liens avec l’Eglise n’ont ensuite malheureusement pas été entretenus. Ce n’est qu’à l’âge adulte que celle-ci nous a rappelés à elle ; nous nous sommes rencontrés à la fête de la paroisse de Martigny. Au fil de cette reconquête de nos racines catholiques, le christianisme s’est imposé comme une évidence que le chemin de vie à emprunter avec allégresse. C’est en tant que couple marié que nous souhaitons continuer à le parcourir.
Pour un accompagnement spirituel. Le mariage est un chemin exigeant que Dieu nous propose pour découvrir son Amour. Très humblement, nous nous sentions peu préparés à la tâche. Nous observions aussi les nombreuses difficultés que rencontrent les couples autour de nous. Pour y faire face, il nous semblait donc essentiel de nous munir de la sagesse que l’Eglise a bâtie au fil des siècles. La préparation au mariage via le prêtre et d’autres couples déjà mariés nous a donné des outils précieux pour faire face aux épreuves de la vie à deux.
Pour une complémentarité véritable. Aujourd’hui, les différences entre les hommes et les femmes sont niées. Notre masculinité et notre féminité souffrent d’une telle illusion. Elles sont atrophiées et ne peuvent pas se réaliser dans leur plein potentiel. La Tradition de l’Eglise nous offre une autre voie, celle de la complémentarité homme femme. Elle nous pousse à la recherche de notre authenticité et à la conquête des domaines où nos talents naturels sont les mieux utilisés. Elle nous invite à accepter les différences inhérentes à son conjoint pour devenir de vrais alliés et grandir ensemble.
Pour s’inscrire dans une communauté de chrétiens. Le projet du couple marié est donc de connaître l’amour, de cultiver un jardin vertueux avec son époux. Or ce projet n’est pas simple à faire vivre et mûrir et il est crucial d’avoir une aide de Dieu et de nos proches pour le mener à bien. C’est pourquoi
la communauté dans laquelle nous nous inscrivons est si importante. Elle nous montre l’exemple, nous soutient et est aussi témoin active de notre union. Nous sommes remplis de joie à la perspective de partager cela avec notre communauté. Si le cœur vous en dit, priez pour nous !
Une course d’école au bout du lac…
Tradition oblige, l’équipe de la Rédaction du journal paroissial, y compris les quatre photographes (André Bise, Pierre Bondallaz, Georges Losey, Raphaël Roulin, qui nous rendent de précieux services tout au long de l’année) effectuent chaque automne une course d’école dans une autre région de Romandie.
L’exégèse à l’écoute de la Parole
Autrefois réservée aux théologiens, l’exégèse permet de passer les textes bibliques au crible de l’analyse et de la raison. A travers les médias notamment, ses résultats sont aujourd’hui à la portée du grand public. De quoi donner un nouveau regard sur l’Ancien Testament et le Nouveau ?
Par François-Xavier Amherdt | Photos : DR, Flickr
Une lecture « intelligente »
Bien loin de vouloir rationaliser la lecture de l’Ecriture, l’exégèse contemporaine s’emploie à conduire les lecteurs et lectrices d’aujourd’hui, croyants ou non, dans l’intelligence de la Révélation.
C’est prendre exemple sur Jésus, dans le chapitre 24 de Luc notamment. Le Ressuscité ouvre l’intelligence des disciples à la saisie de l’Ecriture, il l’interprète (mot qui donne herméneutique), c’est-à-dire qu’il les « conduit dedans » (intus-legere, en latin) la compréhension des textes le concernant. Voici les principaux apports exégétiques pour notre temps.
Contexte historique
La première grâce du travail exégétique, c’est de situer la Parole dans le contexte historique de sa production. Certains passages en effet sont fortement « contextualisés », c’est-à-dire marqués par leur époque, et méritent d’être dé-contextualisés et re-contextualisés pour aujourd’hui.
On ne peut ainsi prendre au pied de la lettre les exhortations à la lapidation des femmes adultères ou les condamnations de l’homosexualité dans le livre du Lévitique. C’est un travail « historico-critique » qui permet de voir ce que ces textes peuvent encore pouvoir signifier pour l’invitation à la fidélité et l’ouverture à la fécondité dans le couple.
Lecture canonique
Une autre contribution décisive de l’approche exégétique, c’est l’invitation à toujours situer chaque péricope et verset à l’intérieur du livre biblique concerné ou de l’ensemble du canon. Nous parlons alors de lecture canonique. Il n’est pas possible d’extraire une citation de l’ensemble dans lequel elle est insérée.
Les passages « problématiques » au premier abord, comme « Femmes, soyez soumises à votre mari », sont ainsi éclairés par ce qui les entoure, à savoir : « Soyez tous soumis les uns aux autres, comme le Seigneur s’est soumis à l’humanité » et « Maris, aimez vos femmes, à l’exemple du Christ qui a donné sa vie pour nous sauver » (Ephésiens 5, 21-28).
Analyse littéraire
Parmi les nombreuses méthodes légitimées par la Commission biblique pontificale (sociologique, psychologique, psychanalytique, structurale, etc.), l’analyse littéraire occupe une place de choix et offre une troisième contribution exégétique d’importance. La construction de l’évangile de Matthieu, ponctué par cinq discours de Jésus, amène à le considérer comme la nouvelle Loi du nouveau Moïse donnée sur le nouveau Sinaï, à l’exemple du Pentateuque (cinq rouleaux de la Torah) au début de l’Ancien Testament. Cela est dû au fait avéré que Matthieu s’adresse principalement à des chrétiens venus du judaïsme, alors que Luc notamment se destine surtout à des pagano-chrétiens et met ainsi plus l’accent sur la place des femmes et sur la miséricorde du Père.
L’analyse littéraire et rhétorique conduit de cette manière à appréhender la façon dont les divers auteurs se servent des modèles existants à l’époque, comme les lettres, les discours, les écrits de sagesse, les paraboles et mettent en œuvre les genres littéraires. On ne reçoit pas un poème comme le Bulletin officiel…
Pas de littéralisme
Quatrième apport de l’exégèse, indispensable dans nos dialogues avec nos frères et sœurs évangéliques qui ont souvent tendance à prendre la Parole dans sa littéralité matérielle. On ne peut comprendre l’Apocalypse par exemple sans saisir le genre littéraire dit apocalyptique (c’est-à-dire Révélation). De même pour les paraboles du jugement et les passages sur la fin des temps dans les évangiles.
Tous ces textes ne veulent pas décrire immédiatement la façon dont adviendra le terme de l’histoire, mais se présentent comme des signes avant-coureurs de la venue du Christ sur les nuées, nous invitant donc dans l’urgence à la conversion. L’Ecriture a fréquemment recours au langage des deux voies de l’Alliance et à la caricature, non pour dire que tout est soit blanc soit noir, mais pour nous presser de changer nos cœurs et de choisir le chemin du salut. Veiller, servir et prier : tel est le message de ces textes qui retentissent souvent à l’Avent, au Carême ou à la fin de l’année liturgique.
Compréhension des termes hébreux et grecs
L’exégèse nous fournit ainsi, cinquième apport, des clés pour appréhender les termes de la Révélation (hébreux, araméens et grecs), Adam signifiant la terre meuble d’où l’homme est tiré, et Eve, la vivante, grâce au souffle de Dieu.
Recherches récentes
Car grâce aux recherches archéologiques récentes et à la critique textuelle sur les manuscrits antérieurs, certaines convictions établies sont battues en brèche. La signification des textes en ressort grandie et précisée.
– Moïse n’a pas écrit tout le Pentateuque : celui-ci est le résultat d’un rassemblement progressif de couches de récits selon les deux traditions principales, sacerdotale et deutéronomiste (la « deuxième Loi »).
– Isaïe correspond à trois grandes époques et parties, le deutéro-Isaïe (2e) comportant notamment les quatre chants du Serviteur souffrant, annonçant la figure du Messie crucifié.
– Les Psaumes ne sont pas tous l’œuvre de David, mais rédigés sur une période de près de 1000 ans par des individus ou des communautés, au profit de la prière collective.
– Paul n’a pas écrit lui-même l’ensemble des lettres qui lui sont attribuées, notamment celle aux Hébreux qui n’est ni de Paul, ni une lettre, ni n’est destinée à des Hébreux, mais qui chante le sacrifice nouveau du seul grand prêtre, le Christ.
Une fois de plus, nous constatons que science et foi ne s’opposent pas, mais que les apports scientifiques aident à l’intelligence de la foi.
Un document officiel sur les méthodes
La Commission biblique pontificale a consacré un précieux document aux principales méthodes exégétiques utilisables en Eglise catholique, selon une herméneutique respectueuse du contenu de la foi : COMMISSION BIBLIQUE PONTIFICALE, L’interprétation de la Bible dans l’Eglise, coll. « Documents des Eglises », Paris, Cerf, 1994.
Pas de créationnisme
L’une des illustrations de cette importance de ne pas tomber dans le fondamentalisme littéraliste, c’est la présence en début de la Bible des deux récits de la création.
Le premier, issu de la littérature sacerdotale du temps de l’exil à Babylone (VIe siècle avant Jésus-Christ) (Genèse 1, 1-2, 40), déploie l’œuvre du Seigneur comme une vaste liturgie en sept jours, où le Créateur dit et cela se fait. En Genèse 1, 27, nous avons ainsi déjà l’homme et la femme façonnés à l’image de Dieu.
Tandis qu’en Genèse 2, 4b, nous avons l’impression que l’histoire recommence à zéro, avec la mise en place du jardin, puis de l’homme masculin seul, puis de sa côte édifiée en femme comme vis-à-vis. C’est un récit antérieur difficile à dater précisément (entre le Xe et le VIIIe siècle avant Jésus-Christ), au genre symbolique exprimant en images la réalité de la grandeur des êtres humains selon la volonté de Dieu et du mésusage de leur liberté dès leur premier acte où ils désirent se prendre pour Dieu.
Fête des couples jubilaires
Photo: Pixabay
Comme habituellement lors de la fête de l’Immaculée Conception (dimanche 8 décembre), dans chacune de nos communautés, nous accueillerons et bénirons les couples fêtant 5-10-15-20-25-30-40-50 ans et plus de fidélité dans le mariage.
–> Pour les paroissiens de Martigny, les couples jubilaires sont invités à se retrouver pour une raclette dès 12h à la salle Notre-Dame des Champs. Pour participer au repas, il suffit de s’annoncer jusqu’au 4 décembre au Prieuré au 027 722 22 82 ou aux responsables de votre communauté.
–> Pour les paroissiens de Bovernier, l’apéritif et le repas des couples jubilaires seront servis à la salle polyvalente après la messe de 10h. Pour y participer, annoncez-vous dès que possible à Isabelle Bourgeois au 079 325 92 27.
Beau pèlerinage paroissial à Paray-le-Monial
Les 19 et 20 octobre derniers, 25 pèlerins ont pris la route de Paray-le-Monial pour vivre les 350 ans des apparitions de Jésus à sainte Marguerite-Marie. Ce jubilé a débuté le 27 décembre 2023, date de la première apparition et se terminera le 27 juin 2025 en lien avec la Solennité du Sacré-Cœur.
Ouvrir l’Esprit aux Ecritures
Par François-Xavier Amherdt | Photo : DR
Comment comprendre le mystère caché depuis des siècles, sinon à travers la « Révélation » ? C’est le Fils qui a été envoyé manifester le dessein du Père dans l’Esprit Saint, c’est lui qui est venu l’expliquer (exégèse, en grec) et l’interpréter (herméneutique, également en grec).
Pour ce faire, Jésus part du Premier Testament, la Loi, les prophètes et les écrits de sagesse, dont les Psaumes, et il interprète pour nous dans les Ecritures tout ce qui le concerne. C’est ainsi qu’il procède pour les deux disciples marchant vers Emmaüs, complètement déboussolés par la mort du Messie sur la croix (cf. Luc 24, 27). En cela, le Christ est véritablement « l’exégète du Père », il nous dévoile le projet divin.
Ainsi, le Ressuscité nous ouvre l’intelligence à la compréhension des textes, comme il le fait avec les apôtres avant son Ascension, en une dernière catéchèse : quel privilège ils ont eu de recevoir en direct un tel enseignement par l’intéressé lui-même (Luc 24, 45) ! Il s’agit de pénétrer à l’intérieur de la Parole biblique, comme le signifie l’étymologie du terme « intelligence » en latin, intus-legere, lire au dedans.
C’est portés par l’Esprit du Vivant que les exégètes et théologiens contemporains scrutent la Révélation. Nous avons les yeux aussi aveuglés et le cœur aussi endurci que les compagnons du chemin d’Emmaüs ou que les onze avant d’avoir reçu les instructions du Maître et bénéficié de la Pentecôte avec Marie.
C’est toujours le même souffle divin qui a inspiré les Ecritures anciennes, qui a accompagné les évangélistes et les écrivains des Actes, des lettres et de l’Apocalypse dans leur travail de rédaction, et qui continue d’insuffler son élan et de transmettre sa lumière aux lecteurs et lectrices d’aujourd’hui. Rien ne vaut le fait de recevoir la Bible lors de la liturgie ecclésiale, de la pratiquer dans des groupes de lecture ou de l’explorer seul dans sa chambre. L’Esprit invoqué nous initie à la Parole de Dieu et nous la donne en nourriture.
Accueillir la lumière de l’Espérance
Texte et photo par Marion Perraudin
Accueillir la lumière de l’Espérance au matin de nos jours,
Et laisser sa lueur guider nos pas dans la nuit,
Lorsque tout semble voilé et obscur,
Pour découvrir le cadeau de l’Amour reposant dans l’étable de notre cœur.
Accueillir la lumière de l’Espérance au matin de nos jours,
Et la laisser éclairer notre marche vers la maison du pain,
Habiller notre cœur de la joie de l’attente de la venue du Sauveur
Afin de savoir reconnaître le visage de l’Enfant qui va venir.
Accueillir la lumière de l’Espérance au matin de nos jours,
Et laisser sa clarté nous conduire à l’humble crèche
Pour accueillir le plus beau des cadeaux, le Salut et de la Paix offert,
Afin de laisser naître en nous l’Emmanuel pour le porter au monde.
Accueillir la lumière de l’Espérance au matin de nos jours,
Pour la laisser briller sur tous les matins de l’an neuf,
Que cette flamme fragile, grandisse et brille sans cesse
Afin que nous devenions témoins de la Lumière de l’Enfant Dieu.
La collection de crèches de l’abbé Bernard
L’abbé Bernard Schubiger, notre nouveau prêtre auxiliaire, possède une fabuleuse collection personnelle d’une cinquantaine de crèches qu’il a rassemblées au fil des ans et de ses pérégrinations.
L’exégèse, pour quoi ?
Par Thierry Schelling | Photo : flickr
« Outre la compétence académique, il est demandé à l’exégète catholique la foi », insiste le Pape. Etonnant, non ? Car on attend de l’exégète qu’il croie ce qu’il lit. Il entend par « foi » « une vie spirituelle fervente, riche de dialogue avec le Seigneur », précise-t-il. Il a donné le but de l’exégèse : « Aider le peuple chrétien à percevoir de manière plus nette la Parole de Dieu dans ces textes, afin de mieux l’accueillir pour vivre pleinement en communion avec Dieu. »
Pour qui ?
Déjà en 1993, la Commission biblique internationale avait écrit : « Pour parler aux hommes et aux femmes, depuis le temps de l’Ancien Testament, Dieu a employé toutes les possibilités du langage humain, mais en même temps, il a dû soumettre sa parole à tous les conditionnements de ce langage. »1 Non seulement il est bon d’avoir la foi, mais de connaître les langages humains ; l’exégète fait le pont, en quelque sorte pour que « l’exégèse n’a[it] pas le droit de ressembler à un cours d’eau qui se perd dans les sables d’une analyse hypercritique ». Expliquer pour expliciter et non pas complexifier, pourrait-on résumer.
Comment ?
Dans la préface d’une nouvelle édition de la Bible du Youcat en allemand en 2015, François a confié : « Si vous voyiez ma Bible il se pourrait qu’elle ne vous impressionne pas vraiment : quoi, c’est cela, la Bible du Pape ? Un vieux livre tout abîmé ! Vous pourriez m’en offrir une nouvelle très coûteuse, mais je n’en voudrais pas. J’aime profondément ma vieille Bible qui m’a accompagné la moitié de ma vie. Elle a vu mes plus grandes joies et elle a été mouillée de mes larmes. C’est mon trésor le plus précieux. Je vis d’elle et pour rien au monde je ne voudrais m’en séparer. »
1 Conclusion, L’interprétation de la Bible dans l’Eglise, 1993.