Bénir

Bénir

Par Thierry Schelling
Photo : DR
Bénir un malade, un enfant, un chapelet, un bâtiment, voire un champs, c’est lui vouloir du bien. Benedicere, dire du bien. Voilà quelque chose d’universel. Toutes les religions, en bénissant, veulent attirer la protection céleste sur le destinataire ; et toutes mettent à disposition des objets bénis : amulettes, rameaux, crucifix, Madones, images, vignettes.

Les gestes et formules des bénédictions sont des plus instructifs sur la Weltanschauung de la religion. Et c’est le corps humain qui est l’exécuteur universel de la bénédiction. D’ailleurs, toutes utilisent les mains pour bénir. Qui est une façon de disposer et d’« ordrer » êtres et choses les uns par rapport aux autres : il y a un aspect « cosmétique », embellissant, à bénir les animaux, les quatre points cardinaux, les eaux, les montagnes… Bénir, c’est tout bien faire pour une plus grande protection : un croyant, qu’il soit restaurateur napolitain, commerçant chinois, motard valaisan, ou un foyer en difficultés financière ou personnelle, un mourant ou des amoureux souvent demandent une bénédiction. Avec, parfois, une propension à l’exagération : ici, seul le clergé peut bénir; là, seul ce gri-gri portera bonheur.

Toutes les religions délimitent par des bénédictions l’espace – entre sacré et profane – et le temps propice à celles-là : le temps pascal, Ramadan, le matin… Ainsi, les religions répètent à la fois la largesse de Dieu sur le monde, et notre nécessité à se disposer pour recevoir Sa bénédiction : par la foi en Dieu qui est ultimement bon. En ce sens, il y a au moins une condition pour une « vraie » bénédiction : l’intention avec laquelle elle est demandée et pratiquée.

La bénédiction, praticable par tous ? Presque ; il y a des « experts », prêtres, chamans et autres moines, mais dans presque toutes les religions, toute personne bien intentionnée peut bénir sans autre une autre personne, tant il est vrai que ce sont les vivants qui sont à bénir, même lorsqu’ils présentent des objets aux mains du « bénisseur »… ou de la bénisseuse. Oui, bénir est une activité pour les deux sexes ! Bien des traditions religieuses ont la femme bénissant la terre, l’humanité, le monde : chamane iroquoise, Vierge de Fátima, Lakshmi ou Athéna… Et spécifiquement la mère. La bénédiction est féminine et matricielle.

Wordpress Social Share Plugin powered by Ultimatelysocial
LinkedIn
Share
WhatsApp