La violence dans les Psaumes

La violence dans les Psaumes

Par François-Xavier Amherdt
Photo : DR
Il peut paraître étonnant, voire extrêmement dérangeant, que la Parole de Dieu nous invite à demander au Seigneur, dans notre prière des Psaumes, qu’il s’en prenne à nos ennemis. Les éditeurs de la Prière du temps présent ne s’y sont pas trompés : ils mettent pudiquement entre crochets (dans la version en quatre volumes) ou suppriment (dans celle en un seul volume) les versets apparemment problématiques.

Ainsi, les déportés chantent au cœur de leur exil (Psaume 137[136]) : « Au bord des fleuves de Babylone nous étions assis et nous pleurions, nous souvenant de Sion ; aux peupliers d’alentour, nous avions pendu nos harpes », car ils ne se sentent plus le cœur à entonner un cantique. Ils finissent d’ailleurs leur plainte par ce cri extrêmement violent : « Fille de Babel, qui doit périr, heureux qui te revaudra les maux que tu nous as valus, heureux qui saisira et brisera tes petits contre le roc ! » (Versets 8-9)

Choquante, terrible, terrorisante invocation ! La Bible manie-t-elle, malgré le divin visage de miséricorde, le langage de la vengeance ? Le problème est complexe et demeure mystérieux. Sans doute de tels passages, pas totalement absents non plus dans le Nouveau Testament, visent-ils à « exorciser » la violence qui, de fait, se tapit au fond de chacun(e) de nous. Les « Psaumes d’imprécation », comme on les appelle, nous amènent d’une part à reconnaître ces zones d’ombre de notre inconscient, dont personne n’est exempt, et qui ont vite fait de ressurgir à la surface avec une frénésie inconcevable, au volant ou au stade.

D’autre part, ils nous donnent l’occasion, lorsque nous les prononçons, d’extérioriser le mal qui gît en nos profondeurs et ainsi de le surmonter, en le confiant au Maître du monde. Enfin, lorsque dans des invocations au Messie comme le Psaume 110(109), prévu pour les vêpres de tous les dimanches, nous chantons : « A ta droite Seigneur, le Messie abat les rois au jour de sa colère ; il fait justice des nations, entassant des cadavres, il abat des têtes sur l’immensité de la terre » (versets 5-6), c’est une manière d’exprimer notre foi en la maîtrise de l’histoire par notre Dieu. Malgré les apparences, les puissants et les dictateurs n’auront pas le dernier mot. C’est l’amour et la vie qui finalement l’emporteront.

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