Trois jeunes au Togo

Trois jeunes au Togo
Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, UP Glâne (FR), décembre 2019

Par Nicole Monney, animatrice pastorale | Photo: Nicole Monney

Chers paroissiens,

Au début du printemps dernier, bien des personnes ont sans trop savoir à qui cela revenait contribué à une belle aventure humaine. J’ai en effet pu partir avec trois jeunes au Togo pour leur faire découvrir l’expérience humanitaire. Nous avions pris contact avec l’association UMUD, qui nous a facilité toutes les démarches pour notre séjour au Togo. Cette association est présidée par un des catéchistes de l’UP. Elle a à cœur de proposer des séjours humanitaires plus ou moins longs dans plusieurs pays d’Afrique. Nous sommes parties le lundi 29 juillet avec toutes les valises bien remplies, un peu vers l’inconnu, ne sachant pas trop ce qui allait se passer.

A 2h du matin du 30 juillet, nous sommes accueillies par les membres de l’association UMUD directement à l’aéroport. Après quelques heures de sommeil, nous découvrions les lieux avec beaucoup de curiosité. Notre logement était plus que confortable (chambre avec lit, matelas…) avec une petite touche exotique ; les sanitaires, bien distincts des chambres s’employaient de manière locale (un seau d’eau et un petit bol pour s’asperger ou chasser nos commissions). Le seau d’eau se remplissait à la pompe dans la cour. Très sympa. 

On s’occupait très bien de nous, la maman du président de l’association veillait au grain. Nos repas étaient succulents, l’entretien des locaux était assuré par le personnel, malheur à nous si nous touchions au balai ou que nous essayions de faire la vaisselle ! 

Tous les matins, nous nous mettions en route pour notre « travail » à l’orphelinat qui s’occupe de 50 enfants et jeunes gens. Jusqu’à 17 ans, ils vivent tous ensemble sous la surveillance de sept collaborateurs et le directeur. Dès 18 ans, ils sont installés dans un appartement un peu plus proche de leur lieu d’étude ou de travail et apprennent à être indépendants.

Des cours de langue

Notre grande tâche était de leur apprendre quelques rudiments d’anglais, de français, de maths… le matin et l’après-midi c’était un moment un peu plus ludique. Inutile de vous dire que nous avons toutes craqué pour la gentillesse de ces enfants, leur bouille parfois si angélique. Cependant, nous avons aussi été très surprises de leur intelligence et leur vision de la vie. 

Le week-end nous avons profité de visiter le pays. Notre première excursion a été pour Ahépé, le village natal de l’abbé Dominique Gagnon, le prêtre togolais, qui quittait à la fin du mois d’août l’UP Saint-Denis. Nous avons pu profiter de sa demeure, une jolie petite ferme perdue au milieu de nulle part, mais surtout une petite oasis à comparer avec les tumultes de Lomé : nettement moins de pollution, de bruit, pas de moustique !… Quelle jolie petite famille que nous avons rencontrée en les personnes de la maman, du frère, de la sœur, des nièces et même petits-neveux. Ils ont quelques poules et un coq qui crie plusieurs fois la nuit, des chèvres dont une petite un peu têtue qui s’amusait à s’échapper de l’enclos pour aller manger les feuilles de buissons aux alentours.

Voyage à Kpalimé

Le week-end suivant, nous sommes parties dans un autre petit coin très paradisiaque, Kpalimé… nous y avons fait des découvertes peu banales comme un château abandonné depuis 1982… des routes dans un état à faire peur. Impressionnant, à quel point les chauffeurs n’ont pas froid aux yeux. Ce n’est pas qu’il y aurait quelques bosses ou trous, mais parfois il manque carrément des bouts de route ! C’est certes une prouesse, mais peut-être aussi un peu de l’inconscience. Je me faisais du mal pour la voiture ou du moins pour le propriétaire qui devrait entreprendre des réparations. En même temps, tant que la voiture roule on ne s’inquiète pas. Le problème se pose que lorsqu’elle est immobilisée… Kpalimé et ses environs est un lieu bien touristique avec ses cascades, ses centres artisanaux, mais pas seulement. C’est aussi la capitale pour la production du café et du cacao. Bien que nous n’ayons pas visité de champs, parce que la plupart sont privés, nous avons pu en trouver sur le marché. C’est à cette occasion aussi que nous avons goûté à un super fruit le corossol ; très juteux et sucré. Hmmm quel régal !

Chaleur humaine

Ce qui est à retenir surtout, c’est le contact facile avec les habitants ! Où que nous étions, le contact était avenant, chaleureux, un peu comme dans tous les pays « démunis ». La phrase typique que tout le monde connaît grâce à Disney « Hakuna matata » est tout à fait applicable. Si l’on se met dans cet état d’esprit, la vie au Togo est plus qu’agréable. Tu as faim, on te donne à manger, tu as soif, on te donne à boire, tu veux aller à gauche, on te laisse aller à gauche, même s’il fallait aller à droite ! Non, je plaisante, quoique… le touriste est quand même quelqu’un d’important qu’il ne faut pas trop contrarier. Ce qui est fort agréable pour son amour propre, par contre cela devient vite compliqué quand tu souhaites aller à un endroit et que l’on ne te dit pas tout ; par exemple une route impraticable, les détours… Du coup, il faudra juste ajouter 1 à 2 heures de plus que prévu. C’est là qu’ils te sortent leur phrase fétiche : « Vous, vous avez les montres et nous le temps. » Quelle philosophie !

C’est encore avec un grand merci que je termine ce petit compte rendu de notre expérience humaine pour un monde uni pour le développement.

Témoignages

Le bilan général : les jeunes ont été très touchés par la vie à Lomé. En voici quelques témoignages :

« Là-bas, les gens vivent en harmonie les uns avec les autres peu importe leur religion, leur couleur de peau. Cela se ressent à la manière dont ils nous accueillent. Ils sont ouverts d’esprit, curieux et nous parlent volontiers de divers sujets. C’est agréable de vivre avec des gens qui vous acceptent tel que vous êtes sans trop de préjugés. Les personnes, la simplicité de vie et la beauté du pays en lui-même ont eu raison de mon cœur et c’est pourquoi j’y retournerai volontiers, même bien plus longtemps. »

« Cette expérience m’a appris beaucoup de choses sur les habitudes de vie et culturelles qui m’étaient totalement inconnues. Toutes les belles rencontres faites au cours du voyage m’ont permis de découvrir une autre vision de la vie où la religion joue un rôle important. En effet, toutes les activités loisirs ou professionnelles sont dédiées à Dieu. Vous y trouverez facilement un restaurant nommé « Par la Grâce de Dieu », le coiffeur « de la volonté de Dieu »… il est difficile de décrire ce que l’on a ressenti, il faut le vivre… »

« Ce rendez-vous avec le Togo, je l’ai vécu comme un tourbillon de rencontres vivifiantes. Tout d’abord, les enfants de l’orphelinat qui nous ont accueillis avec beaucoup de chaleur et curiosité. Contre toute idée reçue, être avec eux c’était comme respirer de l’air frais malgré les manques dus à leur situation particulière. Ce qui pour nous paraissait peu : un nouveau visage, un livre déjà utilisé, un tout nouveau jeu, une nouvelle chanson, pour eux, c’était une réjouissance à pleins poumons. Leur optimisme et leur bonne humeur ont réussi à m’affecter avant même que je me rende compte. »

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