Une Eglise malade du confort

Une Eglise malade du confort

Par Giraud Pindi, curé modérateur de l’UP Nyon-Terre SainteAvons-nous déjà oublié ces mots du pape François : « Je préfère une Eglise accidentée, blessée et sale pour être sortie par les chemins plutôt qu’une Eglise malade de la fermeture et du confort de s’accrocher à ses propres sécurités » (« La joie de l’Evangile » no 49) ? Dans le même ordre d’idées, il dénonçait « la maladie de l’autoréférentialité », dont un des symptômes est « le repli sur soi » comme expression du « narcissisme qui conduit à la mondanité spirituelle », et le « cléricalisme sophistiqué ».

Réformer les structures, les habitudes, les styles, les horaires et le langage peut se révéler un véritable chemin de croix face à des agents pastoraux et une communauté qui refusent de se mettre en « constante attitude de sortie » (no 27) et qui, par peur des initiatives, s’enferment dans le confortable critère du « on a toujours fait ainsi » (no 33). La peur de changer des façons de faire séculaires nous enferme dans des structures qui nous assurent une fausse protection et dans des normes qui nous transforment en juges implacables (no 49).

Au début d’une année pastorale, une communauté paroissiale doit faire son bilan pour voir comment elle vit la conversion pastorale et s’engage à sortir de son confort. Les prêtres, les agents pastoraux, les bénévoles et toutes les personnes engagées doivent se demander s’ils sont malades de l’enfermement, se retranchent dans des sécurités illusoires, s’entêtent dans des habitudes séculaires jusqu’à étouffer les initiatives nouvelles. Ou alors s’ils sont prêts à se salir les mains comme le Samaritain qui a fait un détour pour secourir le blessé abandonné sur le bord de la route ; à se mouiller comme le Christ qui est descendu dans le Jourdain avec les pécheurs ; à s’épuiser comme le Cyrénéen qui a changé de route pour soulager le condamné du poids de sa croix.

L’enfermement et la fermeture, le refus de prendre des initiatives parce qu’« on a toujours fait ainsi » ne sont jamais un signe de l’Esprit Saint. Autrement Jésus n’aurait pas dit : « Il vous a toujours été dit… Eh bien, moi je vous dis… » (Mt 5). Dans le grand défi de conduire une communauté à la conversion pastorale, le pasteur peut parfois vivre une vraie montée au Calvaire. Mais qui sait, au pied de sa croix, un centurion dira peut-être : « Cet homme était un homme juste ».

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