Message des Eglises pour la fête nationale

Message des Eglises pour la fête nationale

Chaque année le 1er août est l’occasion, pour les Eglises de Suisse, d’adresser aux habitants de notre pays un message d’espérance. Un message marqué cette année par deux anniversaires: les 500 ans de la Réforme et les 600 ans de la naissance de Nicolas de Flue, patron de la Confédération.

Par l’équipe pastorale de l’unité pastorale Nyon-Terre Sainte
Photo: © Bruder-klausen-stiftungSi l’année dernière nous fêtions les 725 ans de notre pays, cette année nous commémorons deux événements majeurs de notre histoire : les 500 ans de la Réforme et les 600 ans de la naissance Nicolas de Flue, connu aussi sous le nom de frère Nicolas.

Ces deux événements, qui à première vue semblent ne pas être liés, couvrent pourtant cette période charnière de l’histoire du monde occidental qui nous a fait passer d’un Moyen Âge féodal à une Renaissance assoiffée de renouveau et de liberté.

En y regardant de plus près, sans l’artisan de paix que fut frère Nicolas et sans l’héritage qu’il nous a laissé, notre pays aurait sombré dans le chaos de conflits religieux et politiques qui auraient mis en danger son équilibre et sa continuité. La jeune Confédération ne comptait alors que huit cantons dont la cohésion était fort fragile.

Qui donc est Nicolas de Flue pour avoir l’exceptionnel privilège d’être considéré  comme le père de la patrie, le saint patron et le protecteur de la Confédération ?

La Suisse n’aime ni les figures de proue ni les héros. Pourquoi ? Notre pays a la particularité de ne pas avoir un unique pouvoir central ou un chef d’Etat. La responsabilité de son existence et de son bien-être repose entièrement sur l’engagement communautaire de son peuple. L’absence, dans nos livres d’histoire, de héros qui auraient accompli par la force des hauts faits se comprend alors. Car en vérité, les héros de ce pays sont tous ses citoyens qui, au long de son histoire, ont mis en avant une inébranlable volonté de maintenir la paix. Bien sûr, il y a eu des conflits, mais avec cette particularité tout helvétique d’être des conflits éclairs. Car l’important restait le maintien de la paix.

Qui donc était Nicolas de Flue ? Ne sachant ni lire et ni écrire, il a grandi dans une ferme et travaillé la terre: il n’était pas différent de ses concitoyens. Il fut conseiller communal, juge et magistrat. Homme de grande piété, il mettait toute sa confiance en Dieu. Pour lui, Dieu était synonyme de paix ! Et c’est parce qu’il recherchait la paix que certaines de ses décisions pouvaient être déconcertantes pour l’époque. En tant que juge lors d’une médiation entre le peuple de la ville de Stans et le couvent d’Engelberg, il se prononça pour le droit du peuple à élire le curé. Bien qu’inattendue, cette décision maintint la paix.

Etait-ce de l’héroïsme que de quitter sa famille pour se retirer du monde et se consacrer à la prière ? Ce ne fut une décision ni facile ni unilatérale. Il fallut du temps à sa femme Dorothée, à ses enfants et à ses parents pour comprendre sa démarche; mais sa famille le soutint totalement. A 50 ans, il se retira à l’une des extrémités de sa propriété agricole.

Sa réputation de droiture, son engagement pour la paix et la miséricorde qu’il mettait dans ses conseils finirent par dépasser nos frontières. De partout on venait le consulter.

Il soulignait l’importance de nous écouter les uns les autres aussi attentivement et respectueusement que si nous écoutions Dieu lui-même ; et la nécessité de tendre la main, de faire le premier pas, de revêtir nos rapports d’humilité, car un bien suscite toujours un bien.

Frère Nicolas patron de notre pays ? Oui, car son héroïsme ne repose pas dans quelque chose qu’il se serait approprié, mais dans ce qu’il a donné, dans son infatigable engagement pour la paix, dans l’enseignement de la droiture et dans la vérité de la justice. La paix demande un effort constant : elle n’est pas un processus définitivement acquis ni achevé; elle interpelle chaque génération, chaque citoyen, chacun de nous. Nous savons à quel point elle est fragile.

C’est une difficile mission que de maintenir la paix : cela demande un engagement, une coresponsabilité et surtout un courage humble. Frère Nicolas, père de la patrie, saint patron de notre pays, symbolise cet héroïsme dont la continuité se trouve en chacun de nous.

Saint Nicolas a mis toute sa confiance en Dieu. Il était convaincu de sa présence en chacun. Notre Constitution commence par : « Au nom de Dieu tout-puissant ». Faisons nôtres ces paroles, soyons des artisans de paix, soyons les héros de son maintien afin de continuer à vivre libres et indépendants, dans le respect de chacun, pour pouvoir offrir cette paix à ceux qui la recherchent désespérément.

Seigneur, protège notre pays, protège la paix, protège-nous.

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