L’éternel… féminin

L’éternel… féminin

Texte et photo par Dominique Marie

Interrogation lancée via la manchette d’un journal genevois de février 2017.
Interrogation lancée via la manchette d’un journal genevois de février 2017.

Arrêtons-nous un instant sur l’éternel… féminin et portons le regard sur cette affiche « Comment battre Dieu en compétence ? » prise dans les rues de Genève à votre intention, car une réponse possible m’est apparue : en étant femme, pardieu !

Choquant, provoquant, voire hors sujet ?
Les femmes ont le mieux compris l’enseignement de Jésus. Serait-ce parce qu’il les traitait sur un pied d’égalité ? Pourtant, on constate misogynie et androcentrisme au sein de l’Eglise, où la femme est, au mieux, une aide de l’homme (GEN 2, 18).

Le lot des femmes est-il cantonné au « Kinder-Kirche-Küche » ? La femme est plurielle, polyvalente, femme multi-facettes : sainte, sorcière, tentatrice, divinité, passeuse de message, parfois transgressive, mais surtout femme hologramme, car largement en deçà de son potentiel, qu’elle vit en prose comme M. Jourdain.

Les femmes devraient avoir voix au chapitre 1, dans une égalité prônée par les Evangiles, le droit d’être entendu étant l’un des droits… de l’homme (art. 10). Pourtant en 2016, c’est sur une chaise du fond qu’une « auditrice » a pu prendre place au Synode, juste tolérée ; attitude dénoncée par cette « féministe du Vatican », dans son ouvrage 2. Qui s’intéresse aux questions féminines en Eglise ? 95 % des chercheurs sont des femmes qui seront lues par… des femmes 3.

« Infiniment reine parce qu’infiniment servante » disait Charles Péguy. Pourtant pas servile, mais appelée à un but suprême. Prenons Marie : « d’elle dépend l’acceptation du dessein de Dieu » (LC1 46-55). « Ce que femme veut » versus la « toute puissance ». « [Marie] refuse d’être l’employée de l’Histoire ou le pion domestique […] à la solde de quelque force mystérieuse et subtilement contraignante » 4. Pour l’auteur, le rôle de Marie ne s’arrête pas à la mort de Jésus, mais « provoque au contraire la persévérance, […] l’ouverture avec un acharnement sans violence contre lequel se « brisent les dents des impies »[…] » 5 : il faut re-susciter [sic] des voies d’avenir pour l’Eglise.

Sans vouloir rivaliser avec Dieu, les femmes ont une place à prendre – les religieuses représentent 80% des consacrés – 2 : « […] sans les femmes, l’Eglise ne peut pas penser l’avenir car elles n’acceptent plus de la soutenir, de la servir sans être écoutées » 2.

Gageons que l’ouverture du pape François leur offre cette opportunité.

 

1 Au Moyen-Age, le chapitre était une assemblée tenue par des religieux au sein d’un monastère, ou d’un ordre : http://originedesmots.blogspot.ch/2014/11/avoir-voixdroit-au-chapitre.html) + règle de saint François.
2 Lucetta Scaraffia. Du dernier rang : Les femmes et l’Eglise. Salvator, 2016.
3 Marie-Andrée Roy. Les femmes, le féminisme et la religion. Université Laval, 2001.
4 Yves Louyot. Marie, la femme qui a dit non. Viviers, 2003, p. 90.
5 Yves Louyot. Marie, la femme qui a dit non. Viviers, 2003, p. 92.

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