La mission: ici et là-bas!

La mission: ici et là-bas!

Texte et photos par Guy Luisier, missionnaire au Congo et en Valais pour l’Abbaye de Saint-MauricePlusieurs fois dans l’année, je fais le voyage entre l’Afrique et l’Europe. Je me souviens d’un jour où, sur ma colline congolaise, je m’occupais de ma valise quand un paroissien me demanda pourquoi je partais en Europe : « Tu es bien ici, on t’aime bien, tu t’es habitué, reste avec nous, pourquoi partir ? » J’ai répondu : « Parce que je vais en mission. » Je vois encore son regard interloqué.

A l’opposé, les dames de Salvan, quand j’étais leur curé et que je leur avais annoncé que je les quittais pour aller dans la brousse africaine, me firent souvent et subtilement comprendre que « la mission, c’est ici ! »…

Ces deux réactions mettent le doigt sur le sens de la Mission du Chrétien, surtout à notre époque où les pays « du Sud » (l’ancien Tiers-Monde) sont davantage « chrétiens », mais pas nécessairement plus « évangélisés » que les pays de vieille (et un peu usée) chrétienté.

Je suis persuadé que pour comprendre ce que c’est que la mission, il faut tenir ensemble les deux mots contradictoires : ici et partir !

La mission c’est d’abord « ici ». Personnellement, quand je suis au Kasaï, je suis interpellé par Jésus qui me demande de « le dire et le vivre » là où sont mes sandales. C’est l’exigence du réel contre la fuite. Faire surgir un peu d’évangile quand tout semble faussé par le désespoir, perverti par les besoins matériels, manipulé par les tactiques d’une autre culture. Ici, Jésus veut être et attend de moi que je l’aide à être. C’est exactement la même chose quand je marche dans la neige d’un hiver valaisan. C’est là, c’est ici, que le Christ veut par moi être…

Et puis « partir ». Partir en avion pour découvrir une humanité étrange, revenir en avion pour se rendre compte que l’humanité a des étrangetés partout et peut être fraternelle partout… Partir, pour ne pas s’installer dans ses convictions trop confortables, pour ne pas s’encroûter dans un évangile déconnecté.

Pas besoin d’aller loin pour découvrir l’étrange : en Europe, il suffit quelquefois de faire deux pas hors de la maison ou de la sacristie. « Partir » est donc une exigence fondamentale de la mission, même pour les chrétiens qui ne prennent jamais l’avion et qui restent « ici ». C’est partout ici.

Wordpress Social Share Plugin powered by Ultimatelysocial
LinkedIn
Share
WhatsApp