Hélène Küng

Hélène Küng

Hélène, vous êtes pasteure pour la paroisse du Coude du Rhône. Depuis quand vivez-vous des rencontres œcuméniques et quelle est votre relation à Marie?

Texte et photo par Hélène KüngDepuis longtemps, j’ai eu la chance de vivre des rencontres et de la fraternité entre catholiques et protestants : dans ma proche famille, puis durant sept ans d’enseignement au Rwanda, puis en paroisse à Lausanne, puis à Vallorbe à l’aumônerie auprès des requérants d’asile, enfin au Centre social protestant où la collaboration avec Caritas était régulière. Et dès mon arrivée à Saxon, mes toutes premières rencontres, soit aux Sources, soit à la rue du Village, étaient œcuméniques ! Merci à Virginia, Isabelle, Marie-Madeleine, Marie-France, Simone, Corine…

Marie : j’ai un souvenir d’enfant, qui me revient comme si c’était hier. J’avais sept ans, c’était Noël et j’ai eu un immense chagrin : je venais de comprendre que je ne pourrais jamais être à Bethléem, m’asseoir auprès de la crèche et voir Marie de tout près. J’étais née beaucoup, beaucoup trop tard et j’avais l’impression d’avoir tout manqué ! Ce n’était pas tant le bébé Jésus qui m’attirait, que Marie. J’aurais voulu être auprès d’elle – et voilà, ce n’était pas possible.

Depuis, j’ai été impressionnée par Marie racontée par les Evangiles, l’Evangile de Luc surtout. Le vieux Siméon lui prédit que le chagrin lui transpercera l’âme. Puis son fils devient un adolescent indépendant, filant au Temple sans permission alors qu’elle se fait un sang d’encre parce qu’il a disparu… Et il y a ces passages étonnants où « la mère et les frères de Jésus le cherchent » et essaient de le ramener à la maison parce qu’il a « perdu la raison » – et lui, il réplique : « Ceux qui font la volonté de Dieu : voilà ma mère, mes frères, mes sœurs… ». Jésus n’avait pas d’abord le sens de la famille – ou alors, celle de l’immense famille humaine dont il est le frère aîné.

Je pense à un texte de l’écrivaine française Marie Noël, racontant la détresse de Marie au moment de l’agonie de son Fils, et tant d’œuvres musicales qui racontent « Stabat Mater dolorosa… ». Mais ce qui continue de me bouleverser, c’est le Magnificat, le chant de Marie disant sa foi en Dieu et sa reconnaissance pour le choix incroyable que Dieu fait, de faire naître son Fils, le Sauveur, d’une jeune fille d’une humble famille dans un petit village galiléen. Le Magnificat est un chant d’espérance fou, pour tous les gens humbles, il dit une confiance en Dieu qui torpille les découragements
et les fatalismes.

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