Manon, vierge consacrée

Manon, vierge consacrée

Elle porte toujours une croix en bois. Et sa bague de mariage,  à l’intérieur de laquelle il est gravé «Jésus». Et pourtant elle n’est pas religieuse. Elle a fait vœu de virginité et n’aura pas de mari ni de famille. Cependant, «je suis mariée! Avec le Seigneur!» dit-elle. Manon, une illuminée? Sûrement pas! Le 22 octobre dernier, elle a été solennellement bénie comme «vierge consacrée» par l’évêque du diocèse de Sion. 

Par Claude Jenny
Photos : Evidence photography, Claude Jenny
sdc15495Evidemment, le terme de « vierge consacrée » alimente l’imagination des non-initiés. Et beaucoup sont à ignorer jusqu’à leur existence. C’est vrai qu’elles ne sont qu’une dizaine en Valais qui ont fait la même démarche que Manon et elles ne vivent aucunement recluses chez elles. Mais elles ont fait un choix de vie en renonçant à se marier et à être mères. Et chaque jour, comme les prêtres, elles consacrent plusieurs temps à la prière.

Manon présente la particularité d’être très jeune. Elle n’a que 25 ans. Une consécration à l’âge de coiffer sainte Catherine n’est pas habituelle. Le choix de Manon est l’aboutissement d’un long cheminement et d’un temps de discernement partagé avec l’évêque du diocèse.

Manon a passé son enfance dans une famille où la foi chrétienne était présente mais sans être envahissante. « J’allais à la messe mais sans avoir une foi à soulever les montagnes… dit-elle. J’ai été sensibilisée par ma sœur et par ma maman qui avait attribué une sainte à chacun. Moi, ce fut sainte Thérèse de Lisieux. J’ai toujours été fascinée par la vie des saints. »

Dès son jeune âge, la vie ne l’a pas épargnée puisqu’une maladie est venue perturber son existence à intervalles réguliers. Elle a dû faire avec, y compris des séjours à l’hôpital et une scolarité compliquée. Et avec cette inconnue de ne pas savoir si, un jour, elle ne sera pas plus gravement handicapée. Une adolescence pas franchement de rêve et une première découverte sentimentale qui ne le fut pas non plus !

Sa vraie rencontre, celle qui marquera sa jeune vie, elle l’a vécue à Lourdes : « J’ai été portée par la joie des personnes malades ou handicapés que nous accompagnions. » Et des questions ont jailli dans sa tête : « Qu’ai-je envie d’être ? Comment appréhender ma maladie ? Que faire de ma vie ? » Au deuxième pèlerinage, elle s’en alla un soir à la grotte et décida d’interpeller la Vierge : « Fais quelque chose de ma vie ! » La réponse arriva très vite : « Tu peux faire quelque chose avec le Christ. » De retour en Suisse, elle se posa beaucoup de questions, dialogua avec plusieurs conseillers spirituels, fit une retraite dans un couvent. Mais toujours l’Esprit Saint lui soufflait cette expression : « vierge consacrée ». Elle ignorait ce que c’était. En approfondissant, elle acquit une certitude : « C’est cela que je veux être ! » Elle dit : « Etre en cœur à cœur avec le Christ. Découvrir le Christ à travers les autres. » Et le temps du discernement débuta, avec l’aide d’une religieuse, d’une vierge consacrée et de sa meilleure amie, puis finalement de l’évêque de Sion.

Aujourd’hui, Manon baigne dans le bonheur ! Comme une jeune mariée durant une lune de miel… Mais pour elle, elle devra être… éternelle ! Elle le sera sans doute tant cette femme vous parle avec une flamme à… soulever les montagnes au-dessus de son village natal. « J’ai découvert que le Seigneur ne m’a jamais quittée, jamais lâchée. Tout s’emboîtait dans ma vie, dit-elle superbement. Nous sommes les fleurs de l’Eglise. Mon époux, je le découvre dans l’autre. Et mes enfants, ce sont les autres. »

Dans la rue, hormis sa croix, rien ne distingue Manon d’une autre jeune femme. « Mais le meilleur habit est en moi. C’est le Christ qui m’habille. » Et la fait rayonner !

Bénévole pour la communauté

Manon ne vit pas isolée ! Elle aime côtoyer les autres ! Elle  s’est mise bénévolement de multiples manières au service de sa paroisse. En animant des veillées de prière. En allant porter l’eucharistie à domicile. En étant responsable des servants de messe. Et elle ne fait pas que prier ! Elle joue de la cithare, adore bricoler, jardiner, aider sa maman à soigner les animaux, etc. Et va terminer cette année le Parcours Théodule.

«Je suis prête à aller jusqu’au bout avec Toi»

Par Jean-Marie Lovey, évêque du Diocèse de Sion

« Parler de “vierges consacrées”, comme de toute autre forme de consécration religieuse, en dehors d’un regard de foi, est littéralement insensé, sans accroche pour la compréhension humaine. La virginité consacrée est un héritage laissé par le Christ comme un don particulièrement éloquent à son Eglise. La personne qui s’y engage témoigne à quel point le Christ est quelqu’un de vivant et d’important pour elle ; combien il peut combler totalement un cœur, fait pour aimer, au point qu’elle décide de se vouer à Lui, totalement, âme et CORPS. “Je t’aime tellement que  je suis prête à aller jusqu’au bout avec Toi.” Voilà ce que disent les vierges consacrées, témoignant ainsi que leur démarche est motivée par une rencontre passionnément amoureuse, qu’elle est, en même temps, librement consentie vis-à-vis de “qui compte plus que mille maris”. Cet aveu est significatif d’un élan dont même une jeune personne peut être capable. C’est le cas de Manon. Je l’ai admise à la consécration, confiant en sa maturité que son chemin de maladie lui a permis d’acquérir. […]

L’expression “vierges consacrées” a une presse douteuse dans notre culture hypersexualisée. Il faudrait désexualiser la virginité, lui redonner sa signification plus large. La virginité doit s’étendre à la globalité de la personne. Une vierge consacrée est appelée à être vierge comme la Mère de Dieu, Marie, est Vierge de corps, de cœur, d’esprit, d’âme. Cette disposition intérieure parle de disponibilité totale à Dieu. »

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