Caritas!

Caritas!

Par Thierry Schelling
Photo: Jean-Claude GadmerSe souvient-on encore de Caritas in veritate publiée par Benoît XVI en 2009 ? Première et ample réflexion théologique sur la doctrine sociale de l’Eglise, en écho à l’encyclique Deus caritas est éditée trois ans auparavant.

Le pape allemand y donne une leçon magistrale sur la charité dans le sens chrétien du terme, comme première encyclique « programmatique » de son pontificat commencé une année auparavant. Son successeur, François, a « descendu » la thématique de l’amour chrétien (charité) dans la vie de l’Eglise locale, grâce au Jubilé de la Miséricorde qui a rajeuni ce vocable alors un tantinet désuet ! Il en a poursuivi certains abou­tissants pastoraux, comme dans son exhortation Amoris Laetitia

Mais force est de constater que, soit en titre soit dans le contenu, les écrits pontificaux, dont le plus solennel reste l’encyclique, ont été plus qu’avares en matière de charité : on considère Ubi primum de Benoît XIV, publiée en 1740, comme la première encyclique… et il faudra attendre 1894 pour avoir, dans le titre, à l’occasion de l’encouragement à l’Eglise en Pologne par Léon XIII, le mot comme tel : Caritats ; de même en 1898 pour son exhortation à l’Eglise en Ecosse, avec Caritatis studium. Puis, plus rien jusqu’à Pie XII, en 1932, avec Caritate Christi Compulsi pour promouvoir la dévotion au Sacré Cœur de Jésus.

Certes, les premiers mots d’une encyclique ne sont pas vraiment un titre où se condenserait la quintessence du propos développé ensuite. Mais ils invitent tout de même à entrer dans une thématique plutôt qu’une autre : Benoît XVI l’a bien compris en articulant ses trois lettres autour des trois vertus théologales de la charité, de la foi et de l’espérance. De même François, qui décline la joie : gaudium, laetitia

A noter enfin qu’en 1914, à l’issue de son élection papale, Benoît XV a écrit Ad beatissimi Apostolorum Principis pour crier au monde sa désolation : « Comment, étant devenu le Père commun de tous les hommes, n’aurions-nous pas eu le cœur violemment déchiré au spectacle que présente l’Europe et même le monde entier, spectacle assurément le plus affreux et le plus désolant qui se soit jamais vu de mémoire d’homme ? » Il offrit une première réflexion, bien ignorée avouons-le, sur le sens de la charité (terme qui apparaît huit fois) en ces temps troublés que furent ceux du premier conflit mondial…

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