Dès Pâques, l’Eglise nous a invités à adapter la traduction de l’avant-dernière demande de la prière du Notre Père. C’est un nouveau réflexe à prendre, pas aisé tant est grande l’habitude de réciter cette prière. C’est une bonne occasion de la méditer à nouveau frais…
Par Simon Roduit, séminariste
Photo: DRIl est tout d’abord intéressant de remarquer qu’un changement de traduction montre qu’il y avait une mauvaise compréhension du message, et qu’on nous propose une compréhension renouvelée du même message.
La prière du Notre Père se trouve en partie dans l’évangile selon saint Luc et intégralement dans celui de saint Matthieu. Le texte est écrit en grec, mais il a certainement été enseigné à l’oral par Jésus à ses disciples en araméen, dans un contexte religieux où les textes sacrés étaient écrits en hébreu. A partir d’un tel contexte multilingue, la transmission d’une prière enseignée par Jésus doit donc être continuellement traduite selon les périodes pour la comprendre de manière juste. Dans le contexte sécularisé qui est le nôtre, une adaptation était devenue nécessaire afin de ne pas comprendre la tentation comme venant d’un « Dieu qui me jetterait dans la tentation pour voir ensuite comment je suis tombé. Mais Dieu est un père qui aide à se relever tout de suite ». 1
Dieu est justement celui qui est présent avec nous continuellement (Mt 28, 20) et qui veille sur nous. (Ps 121, 5) C’est nous qui nous éloignons de lui lorsque nous péchons. Lui veut nous combler et chemine pour cela à nos côtés. Saint Jacques nous dit dans sa lettre : « Dans l’épreuve de la tentation, que personne ne dise : « Ma tentation vient de Dieu. » Dieu, en effet, ne peut être tenté de faire le mal, et lui-même ne tente personne. Chacun est tenté par sa propre convoitise qui l’entraîne et le séduit. » (Jc 1, 13-14) Tout le combat spirituel réside dans le fait de ne pas se laisser entraîner, avec l’aide de Dieu. Dans le livre de l’Exode, la Bible nous présente un Dieu qui accompagne le peuple hébreu dans son chemin vers la terre promise, et lorsque le peuple murmure contre le Seigneur et demande à retourner en Egypte dans leur esclavage passé, Celui-ci lui donne la manne pour manger chaque jour à sa faim et continuer à avancer même dans les épreuves. (Ex 16-17) Dans les épreuves de nos vies, rappelons-nous que « Dieu est fidèle : il ne permettra pas que nous soyons éprouvés au-delà de nos forces. Mais avec l’épreuve il donnera le moyen d’en sortir et la force de la supporter. » (1 Co 10, 13) Ainsi, on voit que Dieu ne désire pas que l’on tombe mais veut que nous sortions plus forts d’un temps d’épreuve. Pour avancer dans ce chemin de vie, écoutons Jésus, qui est la Parole de Dieu incarnée et qui a traversé les tentations au désert. Au moment le plus sombre de sa Passion, il a recommandé à ses disciples de « veiller et prier pour ne pas entrer en tentation ». (Mt 26, 41) Afin de rester vigilants et éveillés (cf. 1P 5, 8), suivons ces recommandations du Christ pour ne pas entrer en tentation et prions en toute confiance, comme des enfants de Dieu : Notre Père,… (Mt 6, 9-13)
1 Pape François, 06.12.18, émission Notre Père TV 2000.