Fatima

Fatima
Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, secteur des Deux-Rives (VS), mai – mi-juin 2020

Propos recueillis par Jean-Christophe Crettenand auprès de Lia Reuse | Photos: Lia Reuse

Un chapelet géant sur l’esplanade du sanctuaire pour prier le rosaire à Marie.

Dis-moi Lia, Fatima, qu’est-ce que ça représente pour toi ?
Fatima, c’est un monde particulier, c’est difficile à décrire très précisément… Je dirai que c’est : « le ciel sur la terre ». Quand je me rends au sanctuaire de Notre-Dame-du-Rosaire et en particulier à la chapelle des apparitions, je ressens une paix toute particulière.

Evidemment, lorsqu’il y a vraiment beaucoup de monde, c’est plus difficile de se recueillir tellement il y a de bruit. J’ai l’impression, dans ces moments-là, qu’il y a, de manière générale, moins de respect. J’essaie alors d’aller me cacher dans l’une ou l’autre petite chapelle située au-dessous de l’esplanade afin de pouvoir retrouver le calme et prier plus sereinement.  

Est-ce que tu y vas systématiquement ? A chaque fois que tu te rends au Portugal
Oui, ça nous tient à cœur d’y passer. On ne programme pas à l’avance ; nous nous y rendons dès que l’on en sent l’envie ou le besoin.

Lorsqu’il y a moins de monde, le ressenti de quelque chose de très particulier me semble encore plus fort. A Fatima, en observant autour de moi, je suis rassurée sur la force de la foi, sur sa ferveur.

J’ai rencontré trois papes à Fatima : Jean-Paul II, Benoît XVI et le pape François. Celui qui m’a le plus touchée c’est clairement Jean-Paul II.

Cette rencontre toute particulière a eu lieu le 13 mai 1981, jour de la fête de Notre Dame de Fatima, date anniversaire de la première apparition aux petits bergers qui a eu lieu le 13 mai 1917. Le pape Jean-Paul II venait alors pour la première fois à Fatima, une année jour pour jour après l’attentat dont il avait été victime sur la place Saint-Pierre, lors de l’audience publique du mercredi. 

J’avais alors tout juste 15 ans. Il y avait énormément de monde venu ce jour-là au sanctuaire et aux alentours de la chapelle des apparitions où la balle qui a grièvement blessé Jean-Paul II a été, à sa demande, enchâssée dans la couronne de la statue de Notre Dame de Fatima.

Après les cérémonies, comme mon bus tardait à arriver, je suis retournée à la chapelle des apparitions, nous étions 10 personnes tout au plus ; la configuration idéale pour un vrai recueillement. Le pape Jean-Paul II est alors arrivé, tout simplement au milieu de nous et s’est mis à prier avec nous, comme n’importe quel autre croyant. Avant de repartir, il nous a remerciés pour ces prières ; il y avait dans ses yeux quelque chose que je n’ai jamais vu ailleurs et que je ne suis pas près d’oublier.

Il y a quelques années, tu as « marché » jusqu’à Fatima. Pourquoi ? Qu’est-ce que ça avait de particulier ?
C’est une expérience très différente des pèlerinages ou visites que j’effectue habituellement. En marchant, on sent la fatigue, on passe par des moments difficiles, puis des moments où l’on ne pense même plus à la douleur physique. Près de l’arrivée, au moment où l’on a aperçu la pointe de la basilique, l’émotion a été telle que même les hommes du groupe se sont mis à pleurer.

Pour ma part, je n’avais fait aucune promesse ou demande particulière à la Vierge par laquelle je me serai engagée à faire cette marche. Comme mon papa l’avait faite à l’époque, je m’étais dit qu’un jour je la ferai et l’occasion s’est présentée via la demande de mon voisin Antonio qui avait entrepris de la faire avec sa belle-sœur.

Avant et durant la marche, je n’étais vraiment pas certaine d’arriver au bout. Nous avons parcouru une cinquantaine de kilomètres par jour (environ 170 km au total) et je suis passée par de durs moments de doute. Cependant, l’écoute des expériences de vie des autres marcheurs, les prières partagées, cette expérience commune ont fait qu’à l’arrivée c’était clair pour moi : « Je le referai. »

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