Formation à Rome

Formation à Rome

L’abbé Giraud Pindi a suivi, du 19 au 25 novembre, une semaine de formation sur le nouveau procès matrimonial et la procédure du mariage non consommé au tribunal de la Rote romaine au Vatican. L’occasion, pour le pape François, d’appeler les participants à être des missionnaires de la consolation pastorale.

Par Giraud Pindi, curé modérateur
Photo: «L’Osservatore romano», service photo« De retour dans vos communautés, efforcez-vous d’être des missionnaires et des témoins de l’esprit synodal et de la consolation pastorale pour corroborer la foi du saint peuple de Dieu par la charité » : c’est par ces mots que le pape François, lors de l’audience privée du 25 novembre 2017 dans la salle Clémentine, au Vatican, a exhorté les participants. Il a aussi fait le point sur le rôle des pasteurs face aux questionnements des couples en difficulté et de ceux dont le mariage a échoué et qui se sentent éloignés physiquement et moralement des structures de l’Eglise. Des enseignements importants pour ceux qui sont appelés, a dit le pape, à se montrer de loyaux collaborateurs des évêques pour la mise en pratique des nouvelles normes de nullité matrimoniale promulguées dans le motu proprio « Mitis Iudex Dominus Iesus » (Le Seigneur Jésus, juge clément) du 15 août 2015.

Cette réforme est marquée par quelques éléments importants: la proximité avec les fidèles en difficulté suite à l’échec de leur mariage ; la célérité des procédures afin d’éviter que les conjoints attendent trop longtemps pour connaître la vérité sur la validité ou non de leur lien matrimonial; la gratuité des procédures, vers laquelle l’Eglise devrait tendre de plus en plus, car elle doit se montrer une mère généreuse dans une affaire liée au salut des âmes, selon l’amour gratuit par lequel le Christ nous a sauvés. Le grand apport de cette réforme est la brièveté plus grande du procès, devant être traité par l’évêque diocésain, lorsque les circonstances et les personnes, appuyées par des témoignages ou des documents, rendent évidente la nullité du mariage.

Dans un esprit synodal
La réforme du procès matrimonial est le fruit d’un contexte synodal, d’une « méthode synodale », d’un « cheminement synodal ». Pour le pape, face aux questions les plus épineuses concernant la mission évangélisatrice et le salut des âmes, il est important que « l’Eglise retrouve de plus en plus le principe synodal de la première communauté chrétienne de Jérusalem ».

Le synode, c’est marcher ensemble ; c’est l’expression de la foi du peuple (« sensus fidei »). C’est l’écoute avec toute l’attention qu’elle exige : l’écoute du peuple de Dieu qui participe à la fonction prophétique du Christ pour y discerner la volonté de Dieu ; l’écoute de Dieu jusqu’à entendre avec lui le cri du peuple ; l’écoute de l’évêque de Rome comme témoin suprême de la foi de toute l’Eglise. L’esprit synodal écarte l’idée d’une Eglise pyramidale où tout va du haut vers le bas, sans écoute de la base. Ainsi, les décisions finales du synode ne sont pas des dispositions imposées par le pape, mais les souhaits d’hommes et de femmes qui se sont exprimés à travers leurs évêques, leurs pasteurs.

Consolation pastorale
Il m’a semblé que c’était la première fois que le pape utilisait l’expression « consolation pastorale », mais son contenu est familier. La consolation renvoie à une Eglise qui est en mesure d’accueillir et de soigner celui qui, à différents égards, est blessé par la vie ; en même temps, elle est un rappel à s’engager pour défendre la sacralité du lien matrimonial. C’est le fait d’être proche de la solitude et de la souffrance des fidèles qui attendent de la justice ecclésiale une aide compétente et factuelle pour pouvoir retrouver la paix de leurs consciences et la volonté de Dieu sur leur réadmission à l’eucharistie.

La réforme matrimoniale du pape François ne consiste pas à banaliser le sacrement du mariage ni à remettre en question son indissolubilité. Dans une conversion des structures, il faut plutôt faciliter le retour à l’Eglise des fidèles qui s’en sentent éloignés en allant à leur rencontre. L’Eglise est une mère aimante qui doit rassembler ses enfants « comme une poule rassemble ses poussins » (Mt 23, 37).

En offrant à l’évêque diocésain de mettre en pratique son pouvoir judiciaire, c’est-à-dire de se comporter comme vrai juge de ses fidèles conformément à sa mission épiscopale, le pape lui permet d’être proche de ses brebis en matière de souffrances matrimoniales. L’évêque, dit-il, ne doit pas tout confier à des vicaires. Il a reçu, par droit divin, un pouvoir épiscopal qu’il est tenu d’exercer, car il participe avec l’évêque de Rome à la sauvegarde de l’unité de la foi reçue des Apôtres. L’Eglise doit être un lieu de consolation et de miséricorde.

Wordpress Social Share Plugin powered by Ultimatelysocial
LinkedIn
Share
WhatsApp