En vue du Synode des jeunes qui se tiendra à l’automne 2018, le Pape invite nos jeunes à poser les questions qui les habitent.
Par Vincent Lafargue
Photos: LDD, DRFloriane Eigenheer, 28 ans, habitant Martigny (VS), vient de recevoir le baptême et la confirmation. La jeune femme a posé plusieurs questions à nos autorités ecclésiales. Mgr Alain de Raemy a retenu celle-ci à laquelle il souhaite répondre :
« Dans l’exhortation apostolique ″Gaudete et Exsultate″, ce qui est mis en avant est l’appel à la sainteté. Le fait d’être saint, selon le Pape (réagir avec douceur, savoir pleurer avec les autres, garder le cœur pur de tout ce qui souille l’amour, semer la paix autour de soi), est pour moi un code de bonne conduite humain. Pourquoi cet appel à la sainteté ne s’adresse-t-il qu’aux chrétiens ? Pourquoi ne pas l’étendre à tous les humains, pliant ainsi une des barrières nous séparant des autres religions ? »
L’évêque des jeunes, Mgr Alain de Raemy répond ainsi:
Chère Floriane,
L’exhortation du Pape à vivre la sainteté dans le monde actuel est-elle un simple code de bonne conduite humain ? Oui et non.
En lisant cette exhortation, on a vite compris qu’il s’agit d’imiter Jésus et de se fier à son enseignement. Inviter à cela, c’est de fait aussi de l’évangélisation. Dans ce sens oui, on peut dire que c’est une sorte de « code de bonne conduite » proposé à tous les hommes et pas seulement aux chrétiens. Ce texte ne commence d’ailleurs pas par l’habituel « aux évêques, aux prêtres et aux diacres, aux personnes consacrées et à tous les fidèles laïcs » et on n’y a pas non plus simplement ajouté « et à tous les hommes de bonne volonté ». Le texte commence abruptement sans s’adresser à personne en particulier. On peut dès lors dire que c’est une invitation « à qui que ce soit » à y lire et à y voir la chance de sa vie et de la vie du monde !
Mais d’autre part, quand on touche à Jésus et à son message, on touche à plus que de l’humain. Vivre l’amour de l’ennemi, par exemple, fait sauter le code humain. Croire que l’Esprit Saint le rend possible, c’est un acte de foi, ce n’est plus de la simple éthique. Aimer Jésus et à cause de cela changer de vie n’est pas l’adhésion à un simple code de bonne conduite humain. Le Pape le dit et répète : l’Eglise n’est jamais une simple ONG. Elle part de Jésus et conduit à Jésus. Cela change tout.
Mais une chose est sûre. Dieu est pour tous. Il a un seul projet pour toute l’humanité. Ce projet s’accomplit pleinement quand on se réfère explicitement à Jésus et quand on célèbre les sacrements qui nous transforment. C’est l’Eglise. Mais Dieu s’active chez tous. Son unique projet s’infiltre d’une manière ou d’une autre dans tous les cœurs. C’est pourquoi les frontières de l’Eglise traversent le cœur de chaque homme. Ce qui y est accueilli de Dieu (consciemment ou non) est déjà son projet « Eglise » en cours, ce qui est refusé de Dieu n’est pas « Eglise ». Il n’y a donc pas de barrières qui nous séparent les uns des autres. Il n’y a que ce qui, en chacun, chrétien ou pas, unit, oui ou non, à l’unique projet de Dieu pour tous.
+ Alain de Raemy, l’évêque des jeunes