Une heure avec… des jeunes croyants engagés en politique

Une heure avec… des jeunes croyants engagés en politique

Ils sont jeunes, croyants, engagés dans la vie de leur paroisse et dans la vie politique. En cheminant de la cité à la Cité ils témoignent de leur foi dans le quotidien. Rencontre avec Jérémie Lateltin, Laura Laini, Matthieu Dinet et Joachim Lalou.

Propos recueillis par Véronique Benz
Photos  Véronique Benz, DR

Jérémie Lateltin: la tolérance, l’écoute et le respect

jeremie_lateltin-4Jérémie Lateltin a 19 ans, le regard franc, le sourire avenant et une tenue impeccable. Issu d’une famille d’architecte, Jérémie a choisi de faire un apprentissage d’employé de commerce dans le domaine immobilier. Ce catholique engagé est membre des jeunes libéraux radicaux.

« Le PLR se bat pour la liberté d’entreprendre et cela me correspond. J’aime faire bouger les choses, lancer de nouvelles idées. » La politique est pour Jérémie une manière de s’exprimer dans le monde actuel. Actif dans la campagne de Didier Castella pour le Conseil d’Etat il est membre du Conseil des jeunes de Fribourg.

« Mon éducation religieuse, je l’ai reçue au sein de ma famille, particulièrement par ma grand-maman Mado. J’allais avec elle visiter des religieuses, voir des monastères. A la fin de ma scolarité obligatoire, j’ai vécu une année à Engelberg dans un pensionnat tenu par des bénédictins. Ces religieux m’ont transmis une foi différente, une foi qui n’était plus une contrainte, mais une recherche de soi et de Dieu. » Jérémie avoue qu’à 14 ans il est difficile d’avoir la foi. « Personnellement j’ai eu la chance de partir à Engelberg. J’ai accepté d’être accompagnateur des confirmands pour les aider à trouver la foi, pour faire un bout de chemin avec eux. 

Dans la vie de tous les jours, Jérémie essaie de prendre ses décisions en adéquation avec sa foi. « La prière et les offices religieux me donnent le recul nécessaire pour avancer vers mes objectifs. » 

« Dans mon engagement politique la foi m’apporte : la tolérance, car sans compromis nous ne pouvons pas avancer, l’écoute afin d’être ouvert aux besoins des gens, et le respect de son prochain et de ses promesses. »

Après son service militaire, Jérémie aimerait travailler à Lucerne. Il souhaiterait également entrer à la Garde suisse. Jérémie rêve qu’il y ait plus de tolérance et de respect, mais il constate que le monde dans lequel nous vivons est de plus en plus individualiste. « C’est grâce à la vie politique et associative que nous arriverons à être ensemble pour un but donné. »

Laura Laini: l’art de la vie

laura_laini-3Laura Laini a 31 ans. Maman d’une fille de 9 ans, elle est secrétaire médicale à l’hôpital cantonal. Laura a le charme des gens du sud. Ouverte et spontanée, elle parle facilement de sa foi et de ce qui la fait vivre.

Son papa tessinois est responsable de la cité Saint-Justin à Fribourg. « J’ai grandi avec des étudiants du monde entier. » Née dans une famille croyante, Laura a longtemps été active dans sa paroisse. Elle a participé aux messes des familles et a été animatrice pour la confirmation. « Je me suis engagée, car je désirais transmettre ce que j’avais reçu, particulièrement aux plus jeunes. » Laura a également été animatrice dans un centre de loisirs pour jeunes. « Le défi était de faire en sorte que les jeunes se laissent amener librement vers le Christ. »

Laura Laini est membre du parti chrétien social (PCS), car elle estime que ce parti politique se réfère à ce que dit l’Evangile : protéger le plus faible, servir le prochain, soutenir la famille. « L’engagement social est important dans la vie de foi. Le rôle de chaque chrétien est de prêcher la Bonne Nouvelle. » 

La foi est la source, la vie, le moteur de l’existence de Laura. « La foi nous aide à avoir confiance en nous. Elle nous aide à prendre conscience de ce que nous sommes et de ce que nous valons. La richesse d’une personne dépend de ce qu’elle est et non pas de ce qu’elle a. » Celle qui se définit comme une catholique funky constate que la société lance des cris et que c’est à nous chrétiens d’y répondre. Laura souligne que ce n’est que lorsque nous avons pris conscience de ce que nous sommes vraiment, que nous pouvons donner aux autres. « Chacun de nous est un trésor, qui resplendit par son sourire, sa manière d’être et de penser. »

Les êtres humains et leur passion attirent Laura. « Jésus fascinait les gens d’abord par ce qu’il était, par son regard et sa voix, puis par ses paroles. C’est à travers le regard du Christ posé sur nous que nous comprenons qui nous sommes vraiment. Nous avons été créés par Dieu et nous sommes appelés à devenir nous-mêmes créateurs de projet et de vie. »

En tant que croyante, Laura estime être toujours en recherche, « mais il faut également acquérir une sérénité. Il faut avoir confiance en Dieu. Si tu n’as pas toutes les réponses aujourd’hui, tu les auras peut-être demain ». 

Le chant, la musique et le cinéma tiennent une grande place dans la vie de Laura. Elle l’avoue sans détour : son amour de Jésus passe à travers l’art. « Je trouve que de nombreux films véhiculent des enseignements théologiques. Le cinéma, la comédie et l’art en général sont des moyens de transmission de la culture religieuse. En effet, Dieu attrape notre cœur par l’art. Personnellement, j’ai été touchée au plus profond de moi par le film Jésus de Nazareth de Zeffirelli. La vie est un art, et l’art est un acte spirituel. »

Matthieu Dinet: savoir se donner aux autres

mathieu_dinet-2Vous pouvez vous représenter Matthieu Dinet soit en costume cravate, soit en uniforme scout. Les deux tenues siéent impeccablement à ce jeune juriste de 24 ans. A la suite de son master en droit, Matthieu travaille actuellement au Tribunal administratif fédéral à Saint-Gall avant de commencer son stage d’avocat.

Matthieu a un jeune frère souffrant d’un handicap cérébral. « Avoir un frère handicapé a eu un impact sur ma vie spirituelle, ma foi et sur mes positions au sujet de l’avortement et du diagnostic préimplantatoire. J’ai découvert grâce à mon frère qu’une vie même diminuée vaut la peine d’être vécue. »

Pour ce chef scout, le scoutisme est un magnifique instrument d’évangélisation servant le développement physique, intellectuel et spirituel. « Au sein des scouts nous avons une vie communautaire, une vie sans écrans et sans internet, une vie où nous retrouvons l’essentiel. » Il constate que l’engagement lors des camps, des week-ends, est parfois astreignant. « Ce sont des moments où l’on donne beaucoup de soi-même, mais où l’on reçoit encore plus que ce que l’on donne. »

Matthieu Dinet a fait sa confirmation le 1er avril dernier lors de la Vigile pascale. « Au catéchisme je n’ai pas appris grand-chose, il ne m’a pas fait prendre conscience du sens que le Christ peut apporter à nos vies. Le catéchisme scolaire n’a pas fait de moi le croyant que je suis. » Après avoir traversé un temps de désert spirituel, Matthieu a recommencé à pratiquer sa foi à l’âge de 21 ans. « Un dimanche soir je me promenais en vieille ville et j’ai entendu les cloches de la cathédrale. Comme je n’avais plus été à la messe depuis longtemps et que j’avais besoin de calme je suis rentré dans la cathédrale. Mgr Alain de Raemy célébrait la messe. Il a prononcé une magnifique homélie qui m’a fait revenir le dimanche d’après. Puis le suivant. Depuis je vais à la messe tous les dimanches. »

Matthieu est membre du groupe ACT, « Aimer c’est tout ». Ce groupe pour les jeunes de 18 à 30 ans se retrouve une fois par mois pour des enseignements, des témoignages ou des conférences. Chacune de leur soirée débute par la messe et se conclut par une adoration.

Matthieu Dinet est UDC. Depuis mars 2017 il est le président de l’UDC Sarine. « Plus jeune je m’identifiais au PDC, mais certaines positions de ce parti m’ont déçu. » Il avoue y être entré un peu par hasard. « Le parti cherchait des candidats pour le Grand-Conseil, le président de section de l’époque m’a proposé de me présenter car il trouvait que mes idées correspondaient à celles du parti et j’ai accepté. »

« Ma foi donne du sens à ma vie d’homme. Etre chrétien c’est porter un message d’amour et d’espérance à travers le monde. Le meilleur moyen de ne pas perdre sa vie c’est de la donner. Ceci est vrai autant pour vie quotidienne que pour la politique. »

« L’identité chrétienne va de pair avec l’engagement pour le bien commun. Si nous savons que le Christ est en nous, qu’il nous aime et nous sauve, nous devons refuser tout fatalisme. Lorsque je me suis rendu compte de l’amour de Dieu pour moi, j’ai découvert que j’étais capable de faire des choses pour lesquelles je ne me croyais pas à la hauteur. L’amour de Dieu est une force qui fait déplacer les montagnes. »

Pour Matthieu, le fait de se donner aux autres implique un engagement pour la cité. « C’est par le prisme de la politique que nous avons l’opportunité de réaliser le bien commun. Cela passe par la Cité avec un grand C. »

Joachim Lalou: missionnaire joyeux de la Bonne Nouvelle

joachim-lalouJoachim Lalou, jeune gymnasien de 17 ans est le troisième d’une fratrie de 4 enfants. Intellectuel à l’esprit fugace, Joachim réfléchit longuement avant de répondre. Parfois, sa pensée s’évade ; en scrutant son regard bleu on devine qu’il vogue parmi les nuages. 

Né dans une famille croyante, Joachim est animateur du parcours confirmation. L’idée de se mettre au service de sa paroisse n’a pas été spontanée, mais lors de la retraite de préparation à la confirmation un des responsables lui a proposé de s’engager et il a accepté. « J’ai dit oui pour répondre à l’appel du Pape François. Aux JMJ de Cracovie, lors de la veillée, le pape a invité les jeunes à ne pas rester sur leur canapé dans un état végétatif, mais à avoir un rôle actif dans la vie, à chausser leurs crampons et à jouer la partition à laquelle Dieu les appelait. »

Joachim a eu la chance de se rendre aux Journées mondiales de la jeunesse (JMJ) à Cracovie. « Aux JMJ, j’ai rencontré beaucoup de jeunes. J’ai pris conscience de ce que signifie le mot catholique (du grec : « katholikos » – universel). Lors de la messe d’ouverture, durant le temps de la consécration, avant de me mettre à genoux, je me suis attardé quelques instants debout. Tout autour de moi, il y avait des jeunes à genoux sur 2 à 3 kilomètres. C’était impressionnant ! Au retour des JMJ j’avais une force en moi, l’assurance que je n’étais pas seul à prier dans mon coin. »

Joachim avoue qu’être animateur de la confirmation est une riche expérience. « Cela m’apprend à me connaître moi-même, à avoir des responsabilités. C’est un acte de foi, car il faut avoir du courage pour proclamer devant des jeunes de 14-15 ans que l’on croit en Dieu. »

« N’ayez pas peur d’être catholique et de témoigner toujours autour de vous avec simplicité et sincérité. Que l’Eglise trouve en vous et en votre jeunesse, des missionnaires joyeux de la Bonne Nouvelle », disait   Benoît XVI. « C’est l’engagement de ma vie », souligne le jeune homme. « Je désire être un missionnaire joyeux. Je crois que ce n’est pas en le prêchant que nous faisons vivre le message de Dieu, mais en le vivant. Dieu n’est pas au bout du chemin, il nous accompagne tout au long de la route. Dieu nous aide à affronter et à dépasser les obstacles de la vie. »

Joachim est également membre du Conseil des jeunes. Il ne voit pas cet engagement civique comme une démarche de foi. Toutefois, il considère que l’on peut le lier à sa foi, puisque c’est un moyen comme tant d’autres de s’engager pour son prochain, de s’investir pour la collectivité, de faire bouger les choses qui ne vont pas, donc de faire vivre le message chrétien.

Pour Joachim, la foi apporte une force. « Comme croyant, nous avons le sentiment que ce qui se passe dans le monde tangible est une manifestation du sacré. » Chaque soir, il prend du temps avec le Seigneur. « Cela me permet de faire le point sur ma journée, de penser le monde dans sa globalité et dans l’ensemble de ces richesses. »

La devise latine : «  Mens sana in corpore sano  » , «  Un esprit sain dans un corps sain  » est sans doute ce qui résume sa vie. »

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