Communautés de base: la foi «autrement»

Communautés de base: la foi «autrement»

Célébrer différemment, partager et s’engager avec d’autres: les motivations qui animent les Communautés Chrétiennes de Base (CCB) en Suisse sont nombreuses. Mais qu’est-ce qu’une CCB? Leur rencontre annuelle à l’église de la Colombière à Nyon, ce 13 janvier, fut une belle occasion d’en apprendre plus.

Texte et photos par Silvana Bassetti

Les « ccbistes » et un message : « Je crois en un Dieu qui est uniquement tendresse, amour, pardon et rencontres. »
Les « ccbistes » et un message : « Je crois en
un Dieu qui est uniquement tendresse, amour, pardon et rencontres. »

Les premières CCB naissent dans les années 70 avec la mouvance de la théologie de la libération en Amérique latine et le souffle du IIe concile œcuménique du Vatican. Ces groupes « se prennent en charge eux-mêmes », selon le père dominicain belge Ignace Berten. 

A l’échelle de la Suisse, Genève est la championne des CCB : le canton en recense quatre, à Chêne, à Meyrin, à l’Ecogia, au Pont-d’Arve, auxquelles s’ajoute la communauté romande de Nyon. Elles réunissent chacune entre vingt et soixante personnes. La Suisse alémanique compte aussi quatre CCB : à Saint-Gall (SG), à Küssnacht am Rigi, Lucerne et Horw (LU). Mais elles ne rallient pour le moment chacune que six à douze membres.

Selon leur site de Genève, chaque CCB est « un groupe de chrétiens qui se rassemblent pour lire et partager la Parole, célébrer ensemble et approfondir leur foi, en lien avec leurs engagements dans le quotidien ». « Je m’y suis intéressée pour expérimenter une nouvelle manière de vivre ma foi. C’est un ancrage solide dans une communauté au sens fort du terme », selon Micheline, lors de la rencontre annuelle des CCB suisses. Une septantaine de personnes de toute la Suisse y ont participé. Depuis trois ans, Micheline a rejoint la CCB de Chêne. « La messe ne me suffisait plus. L’église presque vide et l’absence d’échange me déprimaient », confie cette femme à la retraite. Elle se dit heureuse de son expérience. « La communauté me permet de vivre ma foi et les célébrations autrement. C’est la célébration qui est au centre », ajoute-t-elle avant de terminer : « De vrais liens d’amitié se tissent. »

Les célébrations
Dans les communautés, la célébration est mensuelle, participative et créative. A tour de rôle, elle est confiée à un groupe de personnes. A partir d’un texte biblique, un sujet de réflexion alimentera le partage, des chants et la décoration de la salle. La Parole se place en lien avec l’expérience de vie de chacun. L’œcuménisme est présent, alternativement présidé par une célébration eucharistique ou une Sainte Cène. Mais les ministres sont rarement disponibles. « Nous ne souhaitons pas non plus un prêtre parachuté d’ailleurs, sans aucun lien avec la communauté », explique Jean-Pierre, membre depuis 40 ans. Pour lui, ce groupe est « un soutien et une richesse énorme », un lieu d’amitié et d’échange où ils « s’améliorent mutuellement ».

Avant, toute la famille venait aux partages. Mais les enfants ont quitté le nid et peu de jeunes s’intéressent aux CCB. Sans être une relève, quelque chose de nouveau va surgir ou est déjà en train de naître, indiquent plusieurs membres. L’appartenance à ces groupes pour « vivre la fraternité chrétienne et approfondir la foi » n’implique pas un éloignement des paroisses, souligne Marco. « J’ai un pied des deux côtés, mais certains reprochent une certaine rigidité à l’Eglise institutionnelle. Avec la CCB, on partage quelque chose de différent, il y a une participation active, plus d’ouverture », conclut-il.

La CCB permet de découvrir la Parole de Dieu agissante au cœur de leur vie et offre son aide dans des engagements chrétiens et solidaires au sein de la société et du monde. Claire-Anne fréquente une communauté depuis une dizaine d’années. La théologie de la libération et les témoignages d’Amérique latine l’ont encouragée dans un renouvellement de l’Eglise et à la prise de conscience que « nous pouvons avoir en tant que citoyens ». Plusieurs CCB soutiennent des groupes, mouvements ou associations en Suisse ou dans le monde dans un esprit de solidarité. « En tant que chrétiens, nous voulons être présents et agir dans ce monde ! » affirment plusieurs membres. 

Fraternité
Les célébrations sont suivies par des repas canadiens et les communautés organisent souvent des rencontres et des retraites. « Les liens d’amitié se tissent rapidement », souligne Urs de la CCB de Lucerne. « Nous ne voulons pas être des chrétiens du dimanche, nous voulons être des chrétiens des jours ouvrables aussi », ajoute-t-il. « Nous participons aux cercles de silence pour la paix, à des événements en Suisse et à l’étranger », raconte cet homme. Il a choisi de travailler à mi-temps pour être bénévole dans un centre interculturel du quartier « international et interreligieux ». Lucerne accueillera la prochaine rencontre des CCB de Suisse, le 19 janvier 2019. 

Avant l’assemblée, les membres ont exploré le thème : « Un courant qui passe, une attente qui dépasse, une re-co-naissance qui surpasse ». Cette réflexion porte sur les modes d’accompagnement des personnes en quête d’aide et les motifs d’action avec Nicole Andreetta, de l’Agora (Aumônerie Genevoise Œcuménique auprès des Requérants d’Asile et des réfugiés). Une belle célébration de la Parole, enrichie de chants, de gestes et de prières, a clôturé l’événement. Ouverte par le chant « Un grand champ à moissonner », elle a réuni les « ccbistes » autour d’un lopin de terre, des graines, des lumières, des fleurs et d’un message : « Je crois en un Dieu qui est uniquement tendresse, amour, pardon et rencontres. »

Présentation et bilan.
Présentation et bilan.
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