A l’écoute d’Elisabeth de la Trinité

A l’écoute d’Elisabeth de la Trinité

L’abbé François-Xavier Amherdt, professeur de théologie pastorale à l’Université de Fribourg, a animé, samedi 28 avril à la grande salle de la Colombière, une rencontre de partage et d’approfondissement spirituel sur sainte Elisabeth de la Trinité. Elle a rassemblé une quinzaine de paroissiens.

Par Geneviève de Simone-Cornet
Photos : DRL’abbé François-Xavier Amherdt, prêtre du diocèse de Sion, a invité chacun à se mettre à l’écoute d’Elisabeth de la Trinité, canonisée par le pape François le 16 octobre 2016, pour se nourrir de sa spiritualité et prier à son école. Cette Française qui fut carmélite à Dijon et mourut à 26 ans était une amoureuse de Jésus, avec qui elle vécut une intimité profonde. Elle invite chacun à trouver en lui la demeure de la Trinité, Dieu Père, Fils et Esprit Saint, « famille de personnes et circulation d’amour ». La quinzaine de paroissiens qui ont vécu cet après-midi ont appris à mieux connaître la carmélite et prié dans sa dynamique.

Dans l’intimité de Dieu
Après quelques éléments biographiques (voir encadré), l’abbé Amherdt a présenté la spiritualité d’Elisabeth de la Trinité. Cette femme est guidée par une intuition : l’amour de Jésus qui la consume et qu’elle brûle de répandre autour d’elle. Mais qui est Jésus pour elle ? Notre amour crucifié, présent en nous – Elisabeth est la sainte de l’intériorité : « Il est en moi, je suis en lui » – et vivant dans l’eucharistie. Où le rencontre-t-elle ? Dans sa prière – elle s’abandonne à lui comme un enfant dans les bras de sa mère –, les gestes du quotidien et le don de soi. Elle veut « donner Dieu aux hommes et les hommes à Dieu ».

Son secret ? Demeurer en Dieu : « Que l’on est heureux quand on vit dans l’intimité du Bon Dieu, quand on fait de sa vie un cœur à cœur, un échange d’amour ». La jeune carmélite de Dijon a incarné le programme tracé par son nom en approfondissant et en vivant le mystère de la Trinité. Elle n’a pas écrit de traité sur la Trinité, mais décrit ce mystère et partagé ses découvertes. La Trinité ? C’est un Dieu famille, trois personnes en un seul Dieu, trois flammes en une : « Ô mon Dieu, Trinité que j’adore ».

Il est sa maison, a relevé le conférencier : la Trinité est en elle et elle est dans la Trinité. Le Père, le Fils et l’Esprit la font participer à leur vie divine et chaque personne dit le mystère à sa manière. Elisabeth veut vivre du Dieu trinitaire : « Il est mon infini, en lui j’aime, je suis aimée et j’ai tout ».

Le secret du bonheur
Quelles attitudes adopte Elisabeth envers la Trinité ? Elle pratique l’adoration, « l’extase de l’Amour », le don total : « Je me livre à vous comme une proie » et la transformation en Jésus pour « ne plus sortir de son rayonnement ». Quelles conséquences ? Entre Dieu et elle, une intimité « qui a été le beau soleil irradiant ma vie en en faisant déjà un ciel anticipé », une réciprocité et une égalité : Dieu est « là, tout près, au-dedans. C’est le secret du bonheur, c’est le secret des saints ». Un mouvement vers l’union : « En l’aimant, je me transforme en lui ». La solitude, propice au recueillement intérieur et faire de sa vie une « maison perpétuelle ». Il n’y a pas de rupture entre la vie et la prière : « Que je balaie ou que je sois à l’oraison, je trouve tout bon et délicieux puisque c’est mon Maître que je vois partout » ; et la fécondité est le fruit de l’intériorité.

Plonger au cœur de la Trinité
Puis l’abbé Amherdt a expliqué la prière d’Elisabeth à la Trinité, écrite le 21 novembre 1904, en la fête de la Présentation de Marie, jour de renouvellement des vœux religieux : « Une prière longuement mûrie par sa contemplation dans la vie et son existence au Carmel ». Cette prière invite à plonger au cœur de la Trinité dans l’adoration et la confiance, emportés par une générosité totale et un oubli de nous-mêmes pour adhérer à la communion trinitaire. Le but d’Elisabeth ? « Ensevelissez-vous en moi pour que je m’ensevelisse en vous. » « Dieu nous aime tellement qu’il veut nous prendre totalement », a commenté le conférencier.

Mais comment entrer dans le mystère trinitaire ? Par la foi, qui est un phare, une lumière, un cadeau à transmettre aux autres, un feu à entretenir – Elisabeth a lu saint Paul et saint Jean de la Croix, Thérèse d’Avila et Thérèse de Lisieux, le mystique rhénan Ruysbroeck ; un combat au cœur de la nuit et de l’impuissance. Par l’oraison, tout à la fois un appel – « La Trinité veut me rencontrer », disait Nicolas de Flue – et une force pour porter le monde, « le moyen privilégié où je prends en charge avec Jésus toute l’humanité » ; mais aussi un envoi. Après le cœur à cœur, vivre toutes mes activités avec Dieu en le laissant agir à travers moi « pour sa gloire et le salut du monde ». Par l’eucharistie, centrale dans la vie d’Elisabeth, « qui dit mieux que tout l’amour au cœur de Dieu ». Elle est manifestation des trois personnes : le Père qui nous donne le pain du ciel ; le Fils qui, sous les espèces du pain et du vin, vient nous aimer et nous sauver ; l’Esprit, qui manifeste sa puissance de communion dans le pain et le vin. Par l’amour fraternel au service de ses sœurs.

Et avec Marie. Blottissons-nous contre son cœur de mère avec confiance et prenons-la comme modèle de vie intérieure : comme elle, soyons disponibles et accueillons les événements comme la volonté de Dieu.

Vers la maison du Père
Enfin, par la joie de croire – « la douceur de son amour et de sa présence, c’est cela qui transforme et illumine la vie, c’est le secret du bonheur » –, joie d’aimer malgré la souffrance, qui nous purifie pour nous attacher à la volonté de Dieu.

En conclusion, l’abbé Amherdt a invité chacun à se sentir en route vers la vie éternelle sur les pas d’Elisabeth : « Le ciel est la maison du Père. Nous sommes attendus comme des enfants bien-aimés qui retournent au foyer après un temps d’exil ». La carmélite y contemplera la Trinité « qui fut déjà ma demeure ici-bas ». Au ciel, que fera-t-elle ? « Attirer les âmes en les aidant à sortir d’elles-mêmes pour adhérer à Dieu. » Toute tournée vers la Trinité et toute tournée vers les autres.

Repères biographiques

Par GdSC

Elisabeth Catez naît le 18 juillet 1880 près de Bourges, mais en 1882, sa famille déménage à Dijon. A 14 ans, cette jeune fille vive, bien dans sa peau et douée, premier prix de piano au conservatoire, fait vœu de se consacrer à Dieu. Elle s’engage dans sa paroisse. Le 2 août 1901, elle entre au Carmel de Dijon. Elle fait profession le 11 janvier 1903 au terme d’un noviciat très rude. Elle rédige sa prière à la Trinité le 21 novembre 1904. Puis, tandis que sa santé se dégrade, elle écrit ses grandes œuvres : « Le ciel dans la joie », « La grandeur de notre vocation », « Dernière retraite », « Laisse-toi aimer ». Elle meurt de tuberculose et de la maladie d’Addison à 26 ans, le 9 novembre 1906. Elle est béatifiée par Jean Paul II le 25 novembre 1984 et canonisée par le pape François le 16 octobre 2016.

Un message lumineux

Quatre participants à la journée du 28 avril témoignent de ce qu’ils ont vécu durant la conférence, puis en méditant la prière d’Elisabeth de la Trinité devant le Saint-Sacrement à l’église. 

Propos recueillis par Olivier Cazelles

« Une heure d’adoration, vraiment ? Mais à quoi ça sert ? Pour moi, c’est un peu comme bronzer au soleil sur la plage : je n’ai rien d’autre à «  faire  » que d’être là, présente physiquement. Le Seigneur se charge du reste : me rejoindre là où je suis, emplir ce qui est creux en moi. J’en sors toute rayonnante, le cœur bronzé par son amour.
«  C’est déjà fini ?  », demandait un jour une catéchumène ayant accepté d’adorer le Saint-Sacrement sans montre ni mobile.
Dans notre paroisse, tant de lieux et de moments sont proposés dans la semaine pour adorer le Saint-Sacrement. Quelle chance ! Pourquoi s’en priver ? »
Francine Baumgartner

« Merci à l’abbé Amherdt de nous avoir emmenés avec tant de sensibilité à la rencontre d’Elisabeth de la Trinité. Le message que nous laisse cette jeune carmélite est lumineux d’amour, de joie et d’espérance. Il touche le cœur par son authenticité et sa ferveur ! Elisabeth a rayonné d’une foi pure et limpide dont nous pouvons encore nous inspirer aujourd’hui. Quelle belle découverte ! »
Erika Vez

« Sainte Elisabeth de la Trinité nous invite à disparaître du paraître pour renaître dans l’être. En acceptant avec humilité nos faiblesses, nous laissons la place nécessaire à Dieu pour agir en nos vies. Entrons dans une relation vraie et profonde avec notre Dieu qui est famille afin d’accéder à l’extase de l’Amour infini par le Christ, dans l’Esprit, vers le Père. Demeurons en Dieu, accueillons-le dans notre cœur afin qu’en nous voyant on puisse voir Dieu. »
Olivier Minniti

« Par l’enseignement de l’abbé Amherdt, j’ai découvert Elisabeth de la Trinité. La profondeur de l’amour qu’elle a porté à Dieu Père, Fils et Saint-Esprit m’a attirée un peu plus dans le grand mystère trinitaire et m’a invitée à m’y plonger davantage dans ma vie quotidienne. »
Marie-Rose Mercier

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