Tous saints!

Par l’abbé Marie-Joseph Huguenin
Photo : DR

abbe-hugueninDès cet été, L’Essentiel vous propose une série d’articles sur les grandes spiritualités des familles religieuses pour s’étendre ensuite à d’autres domaines comme la spiritualité conjugale ou celle du monde du travail. La spiritualité serait-elle quelque chose de secondaire dans la vie chrétienne, réservée à une élite, à une catégorie de chrétiens « engagés », en lien avec des activités particulières ?

Cette manière d’envisager la vie spirituelle a vu le jour au XVIIe siècle et s’est prolongée jusqu’au Concile Vatican II. La sainteté était réservée à une élite, à une forme d’héroïsme de la vie chrétienne atteint par l’effort de la volonté. Pour tous les autres, la vie chrétienne était fondée sur une pratique minimale de prières, de devoirs religieux, d’interdits et de quelques actions caritatives : une morale d’obligation pour être en règle, accompagnée d’une profession de foi sans grande conviction. Tout cela n’était certes pas mauvais, mais laissait beaucoup de chrétiens sans dynamisme spirituel, surtout sans enracinement dans ce qui fait le cœur de l’Evangile : la vie dans l’Esprit

Pour comprendre ce qu’est la vie chrétienne, il faut le demander à saint Paul, le grand fondateur des premières communautés chrétiennes :
Ceux-là sont fils de Dieu, ceux qui sont mus par l’Esprit de Dieu. (Rm 8, 14)
Pour moi, vivre c’est le Christ ! (Ph 1, 21)
Ne savez-vous pas que vous êtes un temple de Dieu, et que l’Esprit de Dieu habite en vous ? (1 Co 3, 16)

Les différents courants de spiritualité qui ont alimenté l’Eglise et qui feront l’objet de la série d’articles qui vont suivre s’enracinent dans cette vie évangélique vécue de générations en générations jusqu’à aujourd’hui.

Dans sa Lettre pour le troisième millénaire, saint Jean-Paul II affirme sans ambages : Je n’hésite pas à dire que la perspective dans laquelle doit se placer tout le cheminement pastoral est celle de la sainteté (n° 30). Il en déduit que pour cette pédagogie de la sainteté, il faut un christianisme qui se distingue avant tout dans l’art de la prière (n° 32). Il enchaîne en voulant faire de l’Eglise la maison et l’école de la communion [par] un regard du cœur porté sur le mystère de la Trinité qui habite en nous, et dont la lumière doit aussi être perçue sur le visage des frères qui sont à nos côtés (n° 43).

Et cette année, le pape François développe ce thème dans son exhortation Gaudete et Exsultate sur l’appel à la sainteté : Le Seigneur demande tout ; et ce qu’il offre est la vraie vie, le bonheur pour lequel nous avons été créés. Il veut que nous soyons saints et il n’attend pas de nous que nous nous contentions d’une existence médiocre, édulcorée, sans consistance. En réalité, dès les premières pages de la Bible, il y a, sous diverses formes, l’appel à la sainteté. Voici comment le Seigneur le proposait à Abraham : « Marche en ma présence et sois parfait. » (Gn 17, 1) (n° 1)

Loin de nous appeler à une perfection rigide, perfectionniste, le Père nous appelle à sa propre perfection, qui est celle de l’amour et de la miséricorde. La miséricorde est le cœur battant de l’Evangile (n° 97). La sainteté appartient à ceux qui se présentent devant Dieu les mains vides (n° 54), comme des pauvres, mais remplis de la joie et de l’amour répandus dans nos cœurs par l’Esprit Saint (cf. Rm 5, 5). Tous les baptisés ont reçu l’Esprit Saint : ils sont tous appelés à la sainteté ! La sainteté des petits gestes quotidiens faits par amour et qui font toute la différence. La sainteté ne se trouve pas d’abord dans l’extraordinaire, mais bien dans l’ordinaire de notre quotidien.

Cinquante ans après le Concile, nous sommes à l’aube d’une Eglise profondément renouvelée, qui se retrouve de plus en plus au matin de Pâques. L’Evangile s’actualise par une rencontre, d’abord avec le Ressuscité, puis avec toute personne en ce monde, dans l’effusion de l’Esprit Saint, qui jaillit du cœur miséricordieux du Ressuscité. L’Eglise est mieux placée qu’aucune autre institution pour proposer une nouvelle culture et une nouvelle spiritualité à l’Europe et au monde. Une culture intégrative et critique à la lumière de la Révélation, qui éclaire la raison humaine et emporte son adhésion.

Voir aussi La spiritualité carmélitaine

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