Quelle société pour demain?

Quelle société pour demain?
Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, paroisse catholique de langue française de Berne, septembre 2020

Par Lino De Faveri | Photo: Wikipedia

François d’Assise prêchant aux oiseaux (d’après les Fioretti), Giotto.

Métropolis : L’homme rouage dans une machine planétaire
« Time is money », d’où découle que l’homme contemporain passe le plus clair de son temps à travailler de façon « minutée », à un rythme soutenu. Les outils numériques modernes nous ont potentiellement permis d’élargir notre champ de vision mais aussi d’augmenter la cadence et la surveillance de nos activités pour des questions de rentabilité économique exacerbée. La crise du Covid-19 que nous traversons nous rappelle que la vie est plus grande que nous et que nos modèles de développement des sociétés humaines se sont emballés.

S’arrêter et (re-)faire le choix de l’humanisme
Sur le plan anthropologique, il est important de garder un équilibre entre la nécessité de l’efficacité (car l’homme vit de pain et du travail pour les autres) et celle de la beauté (la question de l’harmonie, de la transcendance et de la gratuité). Or les modèles économiques et politiques dominants ne se préoccupent que du premier terme, et de plus à court terme, et on peut voir dans les nombreux désordres planétaires des symptômes d’un manque de sens, d’harmonie et de respect mutuel tant au plan individuel que collectif. Comme énoncé par le philosophe Olivier Abel : « Nous avons collectivement sombré dans la croyance que la pauvreté était le pire des malheurs, et qu’il fallait d’abord satisfaire toutes les envies, les besoins, les demandes. Pourquoi la pauvreté volontaire de François d’Assise, pourquoi la sobriété de Calvin, la frugalité de Rousseau ou de Thoreau nous paraissent-elles encore plus utopiques que la non-violence de Gandhi ou de Martin Luther King ? »

Ce qui fait notre grandeur
Au plan personnel, étant cantonné en télétravail à la maison ce printemps, un verset évangélique m’est venu à l’esprit : « Regardez les oiseaux du ciel : ils ne sèment ni ne moissonnent, et ils n’amassent rien dans des greniers ; et votre Père céleste les nourrit. Ne valez-vous pas beaucoup plus qu’eux ? » Pour sortir de l’impasse, il convient de réaliser ce qui constitue notre grandeur d’être humain, et en premier lieu la capacité de donner à notre tour ce que nous avons reçu. Des actes de solidarité extraordinaires ont heureusement ponctué cette période de Coronavirus, ils devraient cependant constituer la normalité de relations sociales et humaines valorisantes pour chacun. Des professions de service ont été (momentanément) revalorisées. La notion même de travail doit être repensée pour englober toute activité utile à son prochain, quel que soit le cadre professionnel ou privé, et être sujette à la reconnaissance sociale et économique. Des initiatives se multiplient notamment pour favoriser une économie circulaire et ainsi limiter la croissance effrénée, d’autres permettent de rétablir des liens dans des situations de solitude ou d’émigration forcée, etc.

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