La spiritualité des enfants

La spiritualité des enfants

Certains se demandent parfois si la vie spirituelle est accessible aux enfants. Un psaume nous répond : « Par la bouche des tout-petits, la splendeur de Dieu
est chantée »
1. Reste à savoir comment éveiller en eux le don de Dieu. Esquisses de pistes où se conjuguent le rôle de la famille et celui de l’institution ecclésiale.

1 Ps 8, 2

Par Bertrand et Françoise Georges
Photos: pixabay.com, Catherine Roduit, 
Bertrand et Françoise GeorgesL’homme, nous disent les Pères de l’Eglise, est « capax Dei » : capable d’une vie spirituelle, de connaître Dieu et d’accueillir le don qu’Il fait de lui-même. Mais à partir de quel âge ? Certains suggèrent que dans ce domaine, le petit est plus ouvert que l’adulte parfois freiné par toutes sortes de mécanismes de défense. 

A une catéchiste qui déplorait le peu qu’il restait parfois aux enfants après tant d’années de catéchisme, un enseignant a répondu : « Rassure-toi, j’ai le même problème avec l’allemand. Sauf s’ils le pratiquent en famille ! » De même, comment la proposition de la foi faite aux enfants pourrait-elle prendre racine en eux, comment le Christ pourrait-il transformer leur être et leur agir, s’ils ne le fréquentent pas régulièrement ? 

Il apparaît donc que si la transmission est importante, l’imprégnation l’est tout autant. Une mère qui endort son petit en chantant un cantique le familiarise avec la présence de Dieu. De même si les parents sont dans l’action de grâce pour les événements heureux et confient à Dieu leurs soucis, ou s’ils ont l’habitude de bénir le repas… Bien sûr, il n’y a pas de recette qui marche à tous les coups, tant il est vrai que chacun reste libre d’adhérer ou non à l’appel de Dieu. Néanmoins, lorsque l’enfant vit dans un milieu où Jésus fait partie de la famille, la relation avec Dieu lui apparaîtra comme naturelle. C’est l’expérience que font Pierre et Marie-Claire 2 avec leurs quatre enfants. Pour eux, il est essentiel de favoriser une rencontre intime avec le Christ dès la plus tendre enfance, tout en veillant à ce que cette initiation soit adaptée à l’âge et à la personnalité de chacun. C’est principalement par une vie quotidienne imprégnée de la présence de Dieu que s’opère cet éveil à la vie spirituelle : prière en famille (parfois un peu « sport » avec des petits enfants), lecture de BD chrétiennes, apprentissage de valeurs évangéliques… 

2 Prénoms d’emprunt

Le rôle des grands-parents

« Les grands-parents sont un trésor dans la famille. S’il vous plaît, aimez-les et faites en sorte qu’ils parlent avec les enfants ! » disait le pape François dans un tweet. L’abbé Thierry Schelling, curé de Renens, une paroisse riche d’une grande diversité culturelle, relève qu’il y a souvent un beau lien entre les nonni, grands-parents, et les nipoti, petits-enfants, de telle sorte que ceux-là apprennent les premiers gestes et les premières prières à ceux-ci lorsqu’ils en ont la garde. 

Selon le pape François, les grands-parents sont un trésor dans la famille.
Selon le pape François, les grands-parents sont un trésor dans la famille.

Jeanne 3 est la grand-maman des enfants de Pierre et Marie-Claire. Son divorce a été l’occasion d’une grande remise en question. C’est dans ce contexte qu’elle rencontre le Seigneur. Sachant que leurs parents le font eux-mêmes, Jeanne parle relativement peu de sa foi à ses petits-enfants. Sa manière à elle, c’est de s’intéresser à eux, de leur être disponible. Les enfants savent qu’elle vit une profonde relation avec Dieu, et comprennent qu’elle y trouve la source de l’amour qu’elle leur manifeste. Du coup, une grande confiance s’est établie, et ils lui demandent volontiers de prier pour eux. Jeanne nous révèle aussi avoir découvert la fécondité de l’offrande de ses souffrances, en communion avec le Seigneur.

3 Prénom d’emprunt

La communauté pour approfondir la vie spirituelle

Mais la foi ne se vit pas qu’en famille : la paroisse et les communautés complètent la dimension d’Eglise domestique. Pierre et Marie-Claire disent volontiers combien ce qu’ils vivent au sein de leur foyer est enrichi par les Eucharisties, les montées vers Pâques ou des rassemblements de familles. Les apports des animateurs et les temps partagés avec d’autres sont très motivants pour les enfants. 

La dimension souvent joyeuse et festive de ces temps forts laisse à chacun une empreinte positive. Ces expériences fortes aident à tenir bon dans les moments plus arides de la vie spirituelle. 

Comment la liturgie peut-elle s’adapter aux enfants ? C’est une question que se posent souvent ceux qui président et animent des célébrations. L’abbé Christophe Godel, vicaire épiscopal pour le canton de Vaud, nous parle de la situation de parents qui souhaitaient voir leur fille faire sa première communion. Celle-ci résiste, car, dit-elle, « quand je vais à la messe, je ne comprends pas. Si je comprenais, je la ferai sûrement ». De telles situations nous invitent à certaines adaptations qui favorisent une participation consciente et active des enfants. Le « Directoire pour les messes avec des enfants » nous donne de précieuses indications pour le faire. 

L’apprentissage des premiers gestes est capital.
L’apprentissage des premiers gestes est capital.

Enfants adorateurs

A Fully, comme dans bien d’autres endroits en Suisse romande, un groupe d’enfants adorateurs se réunit une fois par mois. Et ça dure depuis 25 ans ! Le temps devant le Saint Sacrement, le silence, la prière spontanée, le partage de la Parole, le bricolage, le goûter constituent une vraie école de vie spirituelle, nous dit Catherine Roduit qui anime ces temps forts. Les parents, dont certains étaient enfants adorateurs dans les premières années, sont confiants dans le bien-fondé de la démarche : « Nous les emmenons devant le Seigneur, et Lui s’en occupe et les rejoint. » Et les enfants n’y vont pas que pour faire plaisir à leurs parents : « L’adoration, c’est important, il faut pas qu’on la loupe. »

La mission d’éveiller les enfants à la spiritualité revient donc à la communauté et à l’entourage, notamment aux parents. A partir de là une question se pose parfois à ceux-ci : est-ce que j’y crois vraiment ? Cette interpellation peut conduire à se lancer dans l’aventure de la foi dont les enfants ne seront pas les seuls bénéficiaires. Il y a des (re)commençants de tous âges sur les chemins de la vie spirituelle !

Les étapes de la vie spirituelle des tout-petits :

– Nouveau-né : imprégnation durant la prière des parents ;
– 15 mois : prière formulée, mais courte, à répéter après les parents, puis avec eux ;
– 2 ans : prier pour tous ceux qu’on aime, dire merci, petit temps de silence ;
– 3 ans : développer les facultés d’admiration, dire merci, pardon, s’il te plaît ;
– 4-5 ans : écouter des histoires de la Bible adaptées aux petits.

Tiré de « Parler avec Dieu », brochure cantonale œcuménique pour l’Eveil à la foi du canton de Vaud.
De nombreux outils contribuent à éveiller les enfants à la vie spirituelle. Le livret «Vivre la prière en famille» vient d’être publié. Anne-Claire Rivollet, de la pastorale familiale à Genève, précise que cet ouvrage est complété par un site internet qui sera régulièrement mis à jour.  www.prierenfamille.ch

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