Les modèles du Royaume (Marc 10, 13-16)

Les modèles du Royaume (Marc 10, 13-16)

Par François-Xavier Amherdt
Photo: pixabay.com
Non seulement Jésus laisse venir à lui les petits enfants qu’on lui amène : il les embrasse, les bénit et leur impose les mains (Marc 10, 16) ; il provoque ce faisant la réaction courroucée et outragée des disciples (« ils le rabrouèrent », v. 13b) qui ne comprennent pas qu’on vienne importuner le Maître avec des êtres non encore admis officiellement dans la communauté (la majorité religieuse était à 12 ans pour les filles et à 13 ans pour les garçons). Mais en plus, le Christ se fâche contre les apôtres et fait des petits les modèles de ceux qui désirent entrer dans le Royaume.

La spiritualité des enfants se fonde aussi sur cette double dimension : ils ont libre accès au Père qui reconnaît leur profonde dignité, notamment par la renaissance du baptême. « Tu es mon fils, ma fille bien-aimé(e). En toi je mets tout mon amour », dit la voix venue du ciel sur chaque nouveau baptisé, comme pour Jésus au Jourdain (Marc 1, 11). La grâce surnaturelle jointe à la constitution naturelle « ontologique » des petits, les révèle comme « capables de Dieu » (capax Dei, en latin), c’est-à-dire aptes spontanément à s’ouvrir à la Transcendance, à percevoir la profondeur de la réalité au-delà des apparences, et à habiter la sphère spirituelle de l’Esprit. Leurs anges gardiens, leurs saints patrons, leurs parrains et marraines et leurs familles y veillent.

D’autre part, les petits montrent aux adultes le chemin à suivre par leur attitude et leur manière d’être profonde. Comme Jésus le proclame : « Quiconque n’accueille pas le Royaume de Dieu en petit enfant n’y entrera pas. » (v. 15) C’est ce que la petite Thérèse de Lisieux appelle « la petite voie de l’amour et de l’enfance spirituelle ».

Le Royaume ne se gagne pas à coups de mérites ni de performances, fussent-elles religieuses. Il se reçoit dans l’abandon, à l’exemple d’un bambin qui se laisse prendre sur le cœur de ses parents. Pour aller au ciel, dit Thérèse, mon ascenseur, ce sont les bras de Jésus. Il ne s’agit pas de faire des œuvres POUR Dieu, mais de se laisser faire PAR Dieu.

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