Le croque-mort devenu curé

Le croque-mort devenu curé

Avant de devenir prêtre, Claude Deschenaux a vécu deux carrières. Une dans la banque, l’autre comme croque-mort. De quoi l’aider dans son quotidien actuel. 

Texte et photos par Nicolas MauryClaude Deschenaux observe sa basse-cour. Bien vite, le curé modérateur de l’Unité pastorale Notre-Dame de l’Evi ramène l’ordre. Deux poules sont sorties de leur enclos, sous l’œil goguenard d’un canard. Il rétablit la situation, juste avant que son téléphone ne sonne. Levé tôt, gérant avec ses deux collègues, Pierre Mosur et Fabien Benz, une UP de 15 communautés en Gruyère, Claude Deschenaux est un homme occupé. D’où l’importance de s’offrir un moment matutinal de réflexion. « De prière plutôt, pour confier chaque jour et chaque rencontre que je vais y faire à Dieu. Pour Lui dire qu’on est là pour Lui, qui nous aidera à assumer ce qui arrivera. » 

Après un pointage à 8h avec son secrétariat, Claude et ses collègues se répartissent les messes en paroisses, à la chapelle des Marches ou au Carmel. « Je trouve bien de commencer la journée par l’eucharistie. Après la messe, je partage un café avec les paroissiens. En été, quand c’est un peu plus cool et que les célébrations se déroulent dans nos chapelles, je prépare une tarte à la crème ou amène des tresses. C’est convivial et précieux. » 

Toujours joignable

L’administratif semble moins engageant mais ne lui fait pas peur, grâce à ses expériences précédentes. Car Claude Deschenaux a un parcours particulier. A 52 ans, il a vécu deux carrières préalables : employé de banque pendant quinze ans, puis directeur de pompes funèbres durant neuf ans. Revenant sur cette occupation, il souligne : « Prendre soin des familles en peine était déjà une vocation. ça m’a ouvert les yeux sur un élément : à l’époque, je n’étais pas tendre avec certains prêtres difficiles à atteindre. Je voulais leur faire comprendre que pour une famille en deuil, il était important de joindre rapidement quelqu’un à la paroisse pour fixer l’enterrement. Ce n’était pas toujours le cas… » Du coup, son smartphone est toujours branché. « Si j’ai un empêchement, je m’arrange avec ma secrétaire Anita. C’est une femme de foi qui connaît mieux l’UP que moi ! »

Cette UP, il y est arrivé en janvier 2012. « Petit, j’avais été impressionné par le Père Pierre Flueler et dans mon quartier, je jouais au curé. Puis j’ai vécu ma crise d’adolescence. En 1992, quand j’étais encore banquier, l’ancien vicaire épiscopal Jacques Banderet m’en a parlé de son propre chef : n’as-tu jamais pensé à devenir prêtre ? Cette question n’a cessé de me tarauder. » La réponse tombe dix ans plus tard. « Il me fallait changer de vie, reprendre les études
à 40 ans… J’ai beaucoup prié l’Esprit Saint, franchi le pas. Mes années au séminaire furent les plus belles de ma vie. » 

Ordonné prêtre, il devient vicaire de l’Unité pastorale Saint-Denis en Veveyse en juin 2011. « Je pensais y faire mes armes pendant cinq ans. Mais le 23 décembre à 22h, alors que je me réjouissais de célébrer ma première eucharistie de la Nativité, le vicaire épiscopal Rémy Berchier vient me dire que l’évêque me demande d’aller à Gruyères. Un peu rude, mais, après discussion et une nuit de réflexion, j’ai obéi. Me retrouver en milieu d’année pastorale m’a sauvé. Tout était planifié par l’abbé Jean Glasson, mon prédécesseur. Je me suis fondu dans l’équipe, tout en étant très bien accueilli par les gens de la Gruyère. » Des gens qu’il aime côtoyer. « Je tente d’insuffler un esprit d’unité. Vu la fréquentation des messes, je me dis que l’esprit de clocher se fait de moins en moins sentir. » 

Le curé modérateur s’est très vite intégré en Gruyère.
Le curé modérateur s’est très vite intégré en Gruyère.

Ministère et beaux moments

Une bonne partie de ses après-midi et soirées consiste à discuter avec les familles pour préparer un baptême, des funérailles ou des futurs mariés. « Je ne peux pas donner un sacrement sans connaître les personnes concernées. S’il faut rester debout jusqu’à 2h du matin pour préparer un enterrement, je le fais. » Si, comme il l’avoue lui-même, il n’a pas une soirée de libre dans l’année, cela ne lui pèse pas. « Je rencontre les gens, je mange avec eux, ils deviennent des amis. Du ministère, mais des beaux moments. » Et sa plage de ressourcement, c’est quand il va rendre visite aux pensionnaires des EMS, souvent en fin de semaine. « J’adore les personnes âgées, qui sont souvent très touchantes. Les voir, c’est généralement mon bol d’air ! »

Une pensée sur “Le croque-mort devenu curé

  1. l abbé Deschenaux est une personne qu’on peut que apprécier. il est à l’écoute pour les gens en détresse. on a perdu notre maman, belle-mère,grand-mère et arrière grand-mère. il nous a soutenu pendant notre deuil. une personne a l’écoute . Simple, accueillant, à ‘écoute et proche de nous. la messe d enterrement de notre chère Laure c’étais magique. merci beaucoup l’abbé.

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