La pastorale des jeunes en terre laïque

La pastorale des jeunes en terre laïque

L’abbé Joseph Gay n’a pas 40 ans. Depuis une année, il pilote la pastorale des jeunes du canton de Neuchâtel. Avec peu de moyens, mais beaucoup de conviction.

Par Nicolas Maury
Photos : DR, Nicolas MauryUn sacré défi que celui devant lequel se trouve chaque matin l’abbé Joseph Gay en se réveillant aux alentours de 6h. Depuis environ un an, il gère la pastorale des jeunes de Neuchâtel. Un travail pour lequel il a été nommé à 50 %, l’autre moitié de son temps étant occupée par sa mission de prêtre auxiliaire. « 50 % pour tout un canton, c’est très peu. Tout comme Genève, Neuchâtel est très laïc, avec une séparation claire Eglise-Etat, sans oublier les divisions politiques et sur le terrain entre le haut et le bas… » Autant d’éléments que le jeune prêtre – pas encore 39 ans – voit comme un challenge. « Quand le vicaire épiscopal m’a demandé si j’étais d’accord de le relever, j’ai accepté tout en sachant que je ne peux pas faire de miracles. »

Cette mission lui demande de l’énergie. « Je la puise notamment dans la prière, à laquelle j’accorde un moment important entre 7h et 8h30 chaque matin, avant la messe de 9h que je célèbre en tournus avec mes collègues. »

L’expérience de l’ancien étudiant

Sa nomination ne doit pas grand-chose au hasard. Ayant passé son enfance à Neuchâtel, Joseph Gay a ensuite intégré la Garde suisse pontificale avant d’entrer au Séminaire. D’abord à Ars en France puis à Fribourg, où il a été ordonné prêtre en 2013. « Cela m’a donné l’occasion de rentrer en contact avec le monde étudiant. » Cette expérience, il la met à profit dans son mandat actuel.

« Etre seul dans mon dicastère complique un peu mes journées mais m’évite des séances (rires). Mon rôle n’est pas de créer quelque chose à partir de rien. Si je devais être déplacé ailleurs, cela tomberait à l’eau. Je préfère encourager les initiatives, fournissant un appui moral et logistique. Je peux aussi faire le lien avec les curés dans les paroisses, sans phagocyter le travail déjà fait. »

Poser des bases

Fidèle à ce principe, l’abbé « n’a jamais rien fondé, hormis “ Sursum Corda ”, un groupe de montagne jeunesse. Mais parfois, les jeunes eux-mêmes m’ont demandé d’être leur aumônier. Je fonctionne de la même manière ici. Il faut accepter l’idée de démarrer petit pour qu’ensuite ça s’agrandisse. En posant des bases plutôt qu’en cherchant un résultat immédiat. » Et de donner un exemple : « Les contacts personnalisés sont privilégiés, parce que le côté « groupe » peut parfois être un blocage. Je viens d’effectuer un pèlerinage à Rome avec des confirmés. Au départ, lorsque nous allions prier, ça traînait les pieds. Puis, au cœur de la chrétienté, ayant vu le Pape et ayant croisé Mgr de Raemy, ils ont commencé à ne plus avoir peur de prier le chapelet à haute voix en journée dans une église. Cela leur a donné l’envie de continuer, de se voir ici, à Neuchâtel. Un Doodle a été lancé… »

S’occupant aussi de l’Aumônerie universitaire, Joseph Gay peut compter sur l’appui de ses collègues du vicariat. « Nous nous réunissons le mardi et tissons des synergies. La pastorale de la famille et celle de la santé ont beaucoup à voir avec celle dont je m’occupe. Les responsables de la communication et de la formation sont aussi parties prenantes. Il y a des choses à développer ensemble. Beaucoup de nominations étant récentes, un temps d’adaptation est nécessaire. Mais c’est une bonne équipe. Je suis confiant. »

Joseph Gay entouré de confirmands à Rome.
Joseph Gay entouré de confirmands à Rome.

Particularisme neuchâtelois

Pour les 50 % consacrés à ses activités de prêtre auxiliaire, Joseph Gay œuvre de concert avec ses homologues. « Funérailles, préparation au mariage, baptêmes… ils en font plus que moi », avoue-t-il humblement. « Mais je participe à la vie de la paroisse, aux kermesses, aux veillées de prière. » Réfléchissant un instant, il souligne : « Ici, le contexte œcuménique est important. En ce moment, je participe à l’organisation d’une table ronde inter-églises qui aura lieu en janvier, sur le thème « Mirage ou Miracle ». La sensibilité de la population neuchâteloise à la question de l’ésotérisme, au secret, au magnétisme est très perceptible. »

A plus courte échéance, il prépare aussi le concert du groupe Hopen, le 23 novembre à 20h30 à la basilique. « Nous voulons créer un ou deux événements comme ça par an. Tous les confirmands et les confirmés sont invités, avec en préambule une rencontre avec Mgr de Raemy qui parlera du Synode. Comme le souligne le pape François, l’idée est de faire confiance aux jeunes, d’être à leur écoute et surtout de répondre à leurs attentes. Ne pas leur dire: pratique d’abord, et après on verra. Tout ça commence par une simple rencontre. »

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