Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, secteur pastoral de Martigny (VS), septembre 2020
Propos recueillis par Pascal Tornay | Photos: Mathilda Olmi, Teintureries 2020
Benjamin Bender, 22 ans, a grandi à Martigny-Bourg. Il vient de terminer sa formation à l’Ecole Supérieure de Théâtre à Lausanne devenant ainsi comédien professionnel. Catholique et engagé en Eglise, amateur de chant et de musique et notamment membre du groupe de pop-louange Raising Hope, la foi est pour lui un des piliers de son existence. Il exprime ici comment il met en résonance son travail, sa vie et sa foi…Pendant de nombreuses années, je me fixais un objectif, un but à atteindre : le bonheur. Pour y parvenir au plus vite, je laissais de côté ce qui était difficile, me mentais à moi-même, mettais le masque de la joie sur mon visage. Mais c’était sans compter sur ma formation à l’Ecole Supérieure de Théâtre ! Trois années intenses à remuer mes sentiments, ma façon de me voir, de voir les autres, de penser. Grâce à ces trois années, j’ai pu me reconnecter à mes sensations, m’autoriser à exprimer toutes mes pensées, sans censure, ni tabou. Maintenant en accord avec moi-même, je peux vraiment laisser Dieu me transformer, sans Lui cacher mes défauts, mes pensées et ce qui me fait honte.Dieu, théâtre de ma vie ?
Je n’ai jamais caché ma Foi. Je l’ai même parfois trop exhibée. Mais je crois aujourd’hui qu’être chrétien se passe dans les actes, non dans les paroles. (Un comble pour un comédien, me direz-vous !) Il faut être chrétien et non se dire chrétien.
Notre façon de vivre les événements, les difficultés, les joies – toujours dans le Seigneur –, doit être un exemple de rayonnement autour de nous. C’est cela qui suscitera des questions chez l’autre. Une des plus belles discussions sur la foi que j’ai eue à l’école s’est déroulée alors que nous faisions des étirements après une longue journée de danse. Mon collègue avait une question, j’ai pu l’écouter et discuter avec lui parce qu’il était prêt et ouvert.
L’Eglise et le théâtre, une complémentarité ?
Les milieux du théâtre sont connus pour casser les codes et tout remettre en question. L’Eglise catholique est connue pour être un paquebot difficile à faire changer de cap. Je pense qu’il y a du bon dans les deux. L’Eglise possède une coque solide qui nous permet de ne pas chavirer. La difficulté, depuis le temps qu’elle navigue sur les eaux de la vie, est de distinguer la coque des porosités, corrosion, pourritures qui s’y sont développées. Le théâtre peut être un moyen de nous replonger dans le concret de la vie, lui qui, sur scène, passe à la loupe les relations humaines de notre temps.
L’Eglise véhicule les Evangiles, source de toute vie. Le théâtre questionnant notre société, tentant parfois d’y trouver des réponses, pourrait s’inspirer des enseignements de Jésus « qui a tout accompli ». Il est le Chemin, la Vérité et la Vie. De la même manière qu’au théâtre nous tentons d’actualiser Euripide, Sophocle ou Racine, utilisons notre savoir afin de (re)découvrir tout ce que la Bible, ce texte ancien et pourtant criant d’actualité, peut nous apporter aujourd’hui.