La codépendance

La codépendance

Récemment, j’ai été confronté à la situation de détresse d’une personne vivant dans un contexte lié à la dépendance de l’alcool. Dans le cadre de cet accompagnement, j’ai rencontré Madame Raymonde Saudan qui a eu la gentillesse de nous aider dans nos démarches et de nous éclairer sur la question de la codépendance.

Propos recueillis par Jean-François Bobillier
Photo: DRAprès avoir vécu avec une personne dépendante, Raymonde Saudan a suivi plusieurs formations qui l’ont aidée à comprendre les différents mécanismes en jeu dans les cas de dépendance et notamment le phénomène de la codépendance. Après des années de travail, ayant acquis différentes compétences, elle est aujourd’hui à la retraite. Elle fait bénéficier d’autres personnes de ses expériences à travers la vie d’un groupe de parole qu’elle anime à Monthey.

J.-F. Bobillier : Mme Saudan, comment définiriez-vous la codépendance ?
R. Saudan : En deux mots, c’est l’oubli de soi ! C’est le fait de tout faire pour et en fonction des autres et de s’oublier soi-même. Le proche d’une personne dépendante adapte constamment son comportement en fonction de l’état de l’autre qui, sous l’effet d’une substance, est hors de lui et en dehors de la réalité. Avec l’oubli de soi-même, insidieusement, la confiance et l’estime de soi s’écroulent.

Quels mécanismes peuvent nous y entraîner ?
Lorsque la personne est sobre, elle se montre aimable et pleine de bonne volonté. Ainsi le proche désire l’aider, la sauver et retrouver l’être qu’il a aimé au début de leur relation. Pour cela il est prêt à tout accepter, même l’inacceptable ! A partir de là, la relation est faussée et dysfonctionnelle. Il faut aussi préciser qu’il n’y a malheureusement pas plus menteuse et manipulatrice que la personne alcoolique car cela fait partie de la maladie. 

Quels conseils donneriez-vous à une personne dans une telle situation ?
Il faut que le proche prenne conscience que, pour aider l’autre, il ne faut pas le « caresser dans le sens du poil ». Je le dis souvent : « Il faut appeler un chat un chat ! » Il convient de poser ses limites et ne pas reculer ! J’ai eu personnellement la chance d’avoir eu une thérapeute qui m’a « secouée ». Il faut prendre des décisions importantes pour soi. J’encourage les personnes à parler et se faire aider. On ne peut pas tout garder à l’intérieur. En partageant, l’intensité de la colère va diminuer et un espace nouveau s’ouvre en nous. 

Je terminerai en disant une chose importante à mes yeux : « Il n’y a aucune excuse pour qu’une personne en dévalorise une autre. Il faut bien comprendre que tant que le codépendant accepte la situation, la personne alcoolique n’a vraiment aucune raison de changer quoi que soit dans son comportement. »
Le groupe de parole de Raymonde Saudan se réunit chaque lundi à Monthey à la Maison « Soluna » (Av. Plantaud 48). Pour tous renseignements vous pouvez l’atteindre au 079 386 02 48 ou par e-mail à saudan.r@bluewin.ch

En savoir plus

Voir l’excellent ouvrage de Melody Beattie : « Vaincre la codépendance », Editions Pocket, 2004, 320 p.

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