La communion tous azimuts

La communion tous azimuts

Je vous propose une petite balade au «pays de la communion». Communion, voilà un mot tiroir plein de sens! Pour élargir l’esprit des enfants à ce sujet, les catéchistes aiment parfois disséquer ce mot pour en trouver d’autres de la même famille qui l’éclairent. Qu’y aperçoit-on?

Par Pascal Tornay
Photos: Marion Perraudin, http://img.over-blog-kiwi.com
– « Commun » : qu’avons-nous en commun se demandent des amis ? Nos goûts, nos idées ?
– « Comme » : voici un mot pour parler des ressemblances.
– « Commune » : c’est la grande communauté locale réunie autour de son Conseil municipal.
– « Union » : c’est ce lien fort, ce désir d’être ensemble qui nous relie les uns aux autres par exemple lorsqu’on parle du mariage…
– « Muni » : si je le suis, c’est que j’ai tout ce dont j’ai besoin.
– « Uni-e » : se dit par exemple d’une couleur lisse et sans inégalité ou d’une famille où l’on ne trouve pas de division !
– « Un » : dans une prière, Jésus demande à son Père que tous les hommes soient « un » (Jn 17, 21), c’est dire qu’il souhaite que tous, nous vivions d’un seul cœur.

Et voilà la « communion » éclairée de multiples manières ! 

A l’origine, le mot est formé de deux autres termes : « cum », avec, et « munus », la tâche ou la charge, comme dans « municipal ». Ainsi étymologiquement, le mot « communion » a une portée politique au sens large et signifie « avoir une responsabilité commune ». La « commune » au sens politique et territorial, c’est donc l’ensemble de celles et ceux qui prennent part aux charges communes. On trouve encore, selon la même origine, le mot « immunité » qui signifie justement être exempté des charges. On le voit bien, les sphères sociale et politique, bien qu’elles soient des espaces potentiellement très conflictuels, sont des hauts lieux de communion ! Voici donc la communion envisagée sous un angle nouveau et dynamique, puisqu’il pointe sur une responsabilité, une œuvre commune à faire advenir. 

Sur le plan ecclésial, la communion (le fait de consommer le Corps du Christ) implique aussi ce sens premier, social, mais il est transcendé. Les chrétiens utilisent le mot « communion » pour parler soit du Pain de vie (le Pain-Corps est en lui-même la « communion »), soit aussi du moment de la célébration où le peuple s’approche de la Table pour être nourri.

Par ailleurs, nous avons souvent une perspective trop individualiste de la communion. On peut se dire : « Je communie pour que cela nourrisse mon âme et m’apporte le réconfort. » Mais le champ sémantique originel du mot nous oblige à en élargir considérablement la portée : « Je vais (démarche active) communier pour m’engager, avec toute l’humanité réunie mystérieusement au Christ en un seul Corps, au service de l’œuvre commune à laquelle le Christ invite chacun : le salut du monde. »

Ainsi, communier, c’est prendre part à la rédemption. Il s’agit d’un engagement qui consiste à se mobiliser, à se mettre au travail au service d’une œuvre de salut qui inclut toute l’humanité ! Evidemment, cela commence en soi-même…

Un être dispersé, désuni à lui-même et aux autres n’est qu’un sous-être qui a besoin d’être restauré, relevé, redressé. Dans l’Evangile, le cas du possédé de Gérasa (Mc 5, 1-20) qui vit dans les tombeaux est un exemple frappant… L’appel à vivre en communion est inscrit au plus profond de l’être : nous sommes conçus pour « exister en communion ». Cet appel est d’autant plus fort que, lorsque cette communion est rompue en nous et/ou entre nous, nous en souffrons terriblement… Cette souffrance n’est-elle pas le rappel douloureux que nous sommes justement faits – quelle
que soit notre situation – pour « communier » ?

Que ce soit au sens de l’unité intérieure, au sens social et politique ou au sens chrétien, la communion n’est donc pas optionnelle : elle est une nécessité vitale pour l’homme. C’est même la condition première du développement et de la croissance intégrale de l’Homme.

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