Par l’Abbé Jean Genoud
Photo: PontifexPâques ! Le printemps bourgeonne. La campagne revêt un air de fête. Je creuse dans mes souvenirs. J’ai dix-sept ans. Avec un petit groupe d’amis, nous passons les jours saints à l’hospice du Grand-Saint-Bernard. Nous participons aux offices. Le jour de Pâques, après la célébration de l’eucharistie, nous chaussons nos skis et redescendons en plaine. Eblouissement ! Les cerisiers ont fleuri et égayent la campagne. La nature chante à nouveau la vie. Un poème de joie et d’espérance. Pâques !
Lors d’un pèlerinage en Terre sainte, nous rentrons le soir en autobus de Nazareth à Tel Aviv. A la nuit tombante, nous traversons une bourgade. Devant des maisonnettes en forme de cube, blanchies à la chaux, des braises brillent dans le noir. Au-dessus on apprête un agneau à la broche. C’est la célébration de la libération de la servitude en Egypte ; la fête juive de la Pâque.
Troisième tableau, en Grèce. Nous allons en voiture d’Athènes à Delphes. La route est sinueuse. Nous venons de passer un col. Au bas, dans la vallée, des lumières scintillent dans la nuit. Nous nous en approchons. Nous traversons un petit village, puis un pont sur un cours d’eau. Surprise ! A notre droite, un cimetière. Chaque tombe avec un lampion allumé. Une même espérance unit les vivants et les morts. C’est Pâques !
C’était un premier jour de printemps de l’an 30 ou 33. Les compagnons du Prophète de Nazareth venaient de vivre une semaine éprouvante, décevante. Leur Maître avait été arrêté par l’autorité religieuse de l’époque, condamné à mort et livré aux Romains pour être crucifié. Tout s’était passé si vite ! Les disciples en étaient complètement déconcertés. Bien sûr, par la mort violente de leur Maître et Seigneur. Mais aussi par leur lâcheté. Surtout Pierre, le fanfaron, qui avait affirmé que même si tous l’abandonnaient, lui non. Et au moment crucial, il nie le connaître. Il fait sombre. C’est la nuit ! Et tout resurgit dans la clarté du troisième jour. Le Christ est vivant ! Il a vaincu la mort. C’est Pâques !
Un dernier souvenir. J’étais jeune, servant de messe à la paroisse. Le regretté chanoine Gabriel Pont était vicaire. Il avait ses expressions à lui, percutantes. Le jour de Pâques, il nous répétait : « Le Christ est ressuscité… et zut pour le reste ! » Joyeuses Pâques !