C’est officiel, il est official!

C’est officiel, il est official!

Depuis le mois d’octobre, l’abbé Jacques Papaux, vicaire dans notre unité pastorale, partage son temps entre son ministère en paroisse et l’officialité où il succède au Père Hubert Niclasse comme official du diocèse. Pour information, l’official (ou vicaire judiciaire) est en quelque sorte un « vicaire épiscopal » qui exerce le pouvoir judiciaire au nom de l’évêque. Il dirige les procès et administre la justice dans le diocèse.

Propos recueillis par Fanny Sulmony
Photo: Fanny Sulmony
Jacques, pouvez-vous nous parler de votre parcours de vie de prêtre qui vous
a conduit ici aujourd’hui ?
Je suis entré au séminaire à l’âge de 27 ans, après mes études de Droit à l’Université de Fribourg. Que ce soit pendant mes études de Droit ou mes études de Théologie, j’ai toujours eu un intérêt pour le droit canonique (le droit de l’Eglise catholique). J’ai été ordonné prêtre le 6 juillet 2014 et je suis, depuis cette date, vicaire dans l’unité pastorale Saint-Joseph. Mgr Charles Morerod m’a ensuite demandé de poursuivre ma formation, à Lyon, au Studium de droit canonique, pour que j’obtienne une licence en droit canonique (obtenue en juillet 2018).

Quelles sont les qualités requises pour occuper cette fonction ? L’official doit-il obligatoirement être un prêtre ?
Oui. Puisqu’il exerce le pouvoir judiciaire au nom de l’évêque, l’official est obligatoirement un prêtre. Il doit être également docteur ou au moins licencié en droit canonique et âgé de trente ans au moins.  

Vous présidez le Tribunal diocésain, comment fonctionne-t-il ? Qui en fait partie ?
Plusieurs personnes interviennent dans le cadre de l’administration de la justice. Il y a d’abord la notaire ecclésiastique, Joséphine Gomez. Elle authentifie tous les actes et gère l’administration de l’officialité.

Ensuite, il y a plusieurs juges, nommés par l’évêque. Dans les causes matrimoniales, c’est habituellement un collège de trois juges qui rend la sentence. De fait, le juge propre d’un diocèse est l’évêque. Mais il est préférable qu’il n’exerce pas le pouvoir judiciaire lui-même : il le délègue donc aux juges. Depuis la réforme du procès matrimonial voulue par le pape François en 2015, l’évêque reste le juge du « procès matrimonial plus bref » (c’est le nom de cette nouvelle procédure). 

Le Ministère public comprend les offices de défenseur du lien et de promoteur de justice. Le défenseur du lien intervient dans les causes matrimoniales. Il est chargé de défendre le lien du mariage en présentant tout ce qui peut être raisonnablement avancé contre la nullité du mariage. Le promoteur de justice pourvoit au bien public à travers l’application correcte de la loi.  

A l’exception de l’official, tous les autres offices peuvent être accomplis par des laïcs.

Quel lien faites-vous entre votre fonction d’official et votre vie de prêtre ?
Beaucoup de personnes sont surprises d’apprendre qu’il existe un Droit de l’Eglise et que les diocèses possèdent des tribunaux. Elles peuvent percevoir le ministère de juge comme quelque chose de très « administratif ». Mais de fait, il n’en est rien. Il s’agit d’un ministère éminemment pastoral. La grande majorité des causes traitées à l’officialité sont des causes de déclaration de nullité du mariage. Nous rencontrons souvent des personnes blessées par l’échec de leur mariage. Une grande partie de notre ministère est donc un ministère d’accueil et d’écoute. La charité et la miséricorde sont intimement liées dans notre activité, et c’est ce qui fait vivre mon cœur de prêtre.

Hormis les causes de nullité de mariage, qu’est-ce que ça comprend d’autre ?
En effet, l’activité de l’officialité ne se limite pas à cela. Nous instruisons également les demandes de dispense des obligations sacerdotales, lorsqu’un prêtre quitte le ministère, ainsi que les procès pénaux canoniques. De plus, nous sommes régulièrement consultés par l’évêché, les prêtres et les paroisses pour divers avis de droit.

Très concrètement, en quoi consiste votre travail à l’évêché ? De quoi sont faites vos journées à l’officialité ?
Ce sont les audiences qui occupent le plus mes journées à l’officialité. L’année passée, une trentaine de causes ont été admises. Pour chaque cause, nous rencontrons deux fois le demandeur et, s’il participe, le défendeur. Nous procédons ensuite aux auditions des témoins dont le nombre peut varier de trois à six. A cela s’ajoutent les commissions rogatoires, c’est-à-dire les demandes d’officialités d’autres diocèses pour auditionner les parties ou les témoins domiciliés dans notre diocèse. En plus des audiences, il y a l’étude des dossiers, la rédaction des sentences et des avis de droit.

Avez-vous des projets particuliers liés à cette nouvelle fonction ?
Je viens de débuter mon ministère à l’officialité et je suis encore en train de découvrir toute la richesse et l’ampleur que constitue cette nouvelle fonction. Il est encore un peu tôt pour avoir des projets. Disons que mon projet est de poursuivre le travail remarquable accompli par mon prédécesseur, le Père Hubert Niclasse op, secondé par Madame Gomez et soutenu par toutes les personnes œuvrant de près ou de loin à la bonne administration de la justice dans notre diocèse. L’exercice de cette justice, comme l’a rappelé le pape François, est de montrer que l’Eglise est mère et qu’elle veut manifester à tout le monde le visage du Dieu fidèle à son amour, miséricordieux et toujours capable de redonner force et espoir. Mon projet est de vivre ce ministère comme un service aux personnes, souvent en souffrance.

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