Hommage à Frida Rohrbach

Hommage à Frida Rohrbach

La joie de vivre et le plaisir de rendre service.

Les paroissiens de Saint Robert ont été nombreux à dire au revoir à Frida Rohrbach jeudi 26 janvier 2017. «Réjouissons-nous avec elle qui entre au paradis» nous a dit l’abbé Emilien qui a célébré la messe des funérailles avec le Père Marc. Une cérémonie comme l’avait souhaitée Frida dans ses dernières volontés, «simple, pas triste mais sereine» avec ce chant à la fin de la messe: Trouver dans ma vie Ta présence, tenir une lampe allumée, choisir d’habiter la confiance, aimer et se savoir aimé. Elle avait souhaité aussi «Qu’on ne parle pas de mes épreuves et de mes échecs, j’en ai eu comme tout le monde, mais plutôt de ma joie de vivre et de mon plaisir à rendre service».

Par Françoise de Courten
Photo: Walter HauserNée dans le Haut-Valais en 1921, Frida était une personne courageuse et joyeuse qui a marqué la paroisse. Toujours à vélo, elle se rendait par tous les temps, de jour comme de nuit, jusqu’à 88 ans, à Saint Robert. Membre du conseil pastoral et du groupe liturgique, elle était présente lors de tous les événements, grands ou petits, qui ont jalonné la vie des paroissiens. Des plus jeunes aux plus anciens, nous avons tous apprécié ses talents de fine cuisinière. Les « coquins » de Frida, c’était Noël dans les cœurs !

Les quinze prêtres du décanat savouraient avec grand plaisir le repas que Frida leur offrait chaque année le jeudi saint, dans l’esprit de l’Evangile (« Je ne suis pas venu pour être servi mais pour servir » Mathieu 20-27), sa manière à elle de les remercier pour leur engagement au service de l’Eglise.

Elle participait aussi aux rencontres de l’association « Foi et Lumière » réunissant des jeunes handicapés et leurs familles pour partager l’amitié, prier ensemble, fêter et célébrer la vie.

Pendant les 65 années qu’elle a consacrées à la paroisse, « sa famille spirituelle », elle nous a donné l’exemple d’une foi solide et authentique : une leçon de vie.

Pour se souvenir de Frida, le mieux est encore de lui laisser la parole. Lors de la Journée des laïcs en février 2000, elle nous avait donné ce témoignage :

Pour moi l’âge de la retraite est un temps béni que je vis à 100 à l’heure avec la fougue de mes 20 ans. Il y a encore plein de choses à faire et le temps file inexorablement. Mais j’ai une santé à toute épreuve, des enfants et des petits-enfants. Ils sont ma continuité et ma joie.

Je suis membre d’une paroisse où il fait bon participer et s’engager avec des paroissiens jeunes ou moins jeunes, que j’aime et qui me le rendent bien.

J’ai le temps. C’est si agréable à dire quand on vous demande une présence, une participation ou un service. Eh bien, moi, j’ai 24 heures chaque jour. J’ai le temps de faire partie de l’un ou l’autre groupe de la paroisse, j’ai le temps pour un service par-ci par-là. J’ai le temps pour l’imprévu qui se présente et aussi le temps pour le Seigneur. Ce temps nous manque si souvent pendant les années actives. Comme le Seigneur est patient, il est parfois le dernier servi.

Maintenant, j’ai le temps de participer aux célébrations et aux prières communautaires. J’ai le temps pour la prière individuelle et la prière silencieuse qui est peut-être la plus belle quand on écoute parler le Seigneur.

Quand on a la foi, la santé, qu’on aime et qu’on est aimé, la vie ne peut être que belle. Je remercie le Seigneur pour tout ce qui embellit et enrichit l’automne de ma vie. Chaque jour je m’émerveille d’être là à faire un pas à la rencontre du Père.

Après la retraite active viendra le temps de lâcher prise. Je le sais, c’est incontournable. Je suis optimiste. Je crois qu’il y aura encore quelque chose à faire pour ceux qui ont la sagesse de lâcher prise, de laisser s’en aller les rêves inachevés. Pour ceux qui ont été contraints par la maladie et les infirmités de l’âge, et pour ceux qui voient se pointer ce spectre à l’horizon, comme pour les plus faibles et les plus fragiles, il restera quelque chose à faire sur les sentiers du Seigneur. Je me souviens de ma mère qui à 92 ans disait : « Je ne peux plus prier, je perds toujours le fil. » Un jeune prêtre lui a répondu alors avec conviction : « Ne vous fatiguez plus avec ces paroles. Reposez-vous sur le cœur de Jésus et tenez-Lui compagnie en silence. »

C’est la plus belle prière et ça c’est à la portée de tous. On ne peut pas se rapprocher plus du seuil pour faciliter le dernier pas.

Frida Rohrbach – février 2000

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