Pâques ici et maintenant

Pâques ici et maintenant

Par Geneviève de Simone-Cornet
Photo: Jean-Claude Gadmer
A l’horizon de notre marche de carême, Pâques, fête de la lumière, de la joie, de l’espérance. En attendant, « de nos jours pérégrins/que faire d’autre/que d’accueillir/la manne du présent ? », nous souffle le moine poète Gilles Baudry. Il nous faut vivre au jour le jour, avancer au fil des heures tantôt sombres tantôt joyeuses dans l’accueil et l’ouverture. Habiter le présent, le tisser de gestes d’amour, de paroles d’encouragement. Dieu n’est pas dans les nuages : c’est ici et maintenant, dans nos tâches quotidiennes, dans l’autre qui a besoin de nous, qu’il nous rejoint. Comme il a rejoint les disciples d’Emmaüs sur leur chemin.

Chrétiens, nous savons que l’aujourd’hui est lieu de résurrection. Que le tissu de nos multiples activités dessine le visage de Dieu. Alors patiemment, avec persévérance, en «tâcherons de nos exigences», comme l’écrit le philosophe Emmanuel Mounier dans « Les certitudes difficiles » (Editions du Seuil), avançons avec confiance sur toutes les routes de nos engagements – en famille, au travail, en Eglise. Notre espérance ne sera pas déçue, car le grain de l’instant est porteur d’éternité.

C’est de cela dont nous sommes appelés à témoigner : Pâques dans l’ordinaire des jours. La résurrection, n’est pas une récompense pour la fin des temps : elle germe dans la trame de nos jours de joie et de peine. Et c’est à travers un regard, un geste, une parole qu’elle devient, pour l’autre et pour moi, réalité. Bonne nouvelle : nous pouvons déjà goûter la résurrection ici et maintenant !

Alors, quand viendra Pâques, nous serons prêts à l’accueillir. Parce que, cheminant à l’obscur durant le carême, nous aurons senti, au plus profond de nous, avec le moine poète François Cassingena-Trévedy, que « l’obscurité n’est pas l’ennemie de la lumière, mais sa nécessaire auréole » (« Etincelles II. 2003-2005 »). Jésus relevé du tombeau prendra avec lui toutes nos obscurités pour les assumer dans sa lumière. Et quand il reviendra visiter les siens, c’est avec un corps marqué par les stigmates de la Passion. Preuve que rien n’est perdu de nos jours tisserands.

Valeur infinie de l’instant : il est creuset d’éternité. Car « l’absolu est ce qui engage chaque minute et l’engage infiniment au-delà d’elle-même », dit encore Mounier. N’est-ce pas le propre du chrétien de dire cette espérance dans le noyau des jours ?
A temps et à contretemps.

Wordpress Social Share Plugin powered by Ultimatelysocial
LinkedIn
Share
WhatsApp