En pleine tempête

En pleine tempête

Par Geneviève de Simone-Cornet
Photo: Jean-Claude Gadmer« Peut-être les abus sexuels sont-ils la seule issue que le Saint-Esprit ait trouvée pour nous bousculer, donner un coup de pied dans la fourmilière et nous obliger à nous demander : « Crois-tu vraiment à l’Evangile ? Que fais-tu de lui ? Es-tu miséricordieux ? Prends-tu vraiment soin des enfants, des petits ? » Car le Christ s’est fait petit pour rejoindre les petits. »

Ces questions, je les ai entendues posées un matin sur les ondes de RCF par Marie-Jo Thiel, qui a publié en mars « L’Eglise catholique face aux abus sexuels sur mineurs » (Bayard). Dans la crise que traverse notre Eglise, je les ai reprises à mon compte. Et j’invite chacun à les méditer. Elles devraient être le cœur de la prière de tout chrétien qui se met devant Dieu en vérité en ce moment où la barque de l’Eglise est secouée par des flots d’une violence inouïe.

Marie-Jo Thiel est médecin et théologienne. Dans un livre de référence, elle examine les enjeux historiques, sociétaux, juridiques, psychologiques, éthiques et théologiques des abus sexuels commis par des hommes d’Eglise sur des mineurs pour tenter de comprendre ce qui s’est passé, l’analyser et tracer des pistes pour l’avenir. C’est à la fois rude et salutaire.

Mais, si le sujet est grave, l’auteure termine sur une note d’espérance : « J’imagine une Eglise plus juste, une Eglise réellement peuple de Dieu, respectueuse de tous ses fidèles, une Eglise inclusive qui sait valoriser l’expertise laïque, une Eglise qui donne envie d’en être, de s’y engager, une Eglise évangélique qui sait annoncer à temps et à contretemps la bonne nouvelle du Dieu Amour fait homme ; une Eglise qui offre l’Esprit du Père et du Fils et en lui s’accueille levain dans la pâte humaine ».

Si nous retroussions nos manches pour la construire, cette Eglise, dans nos familles, nos milieux de travail, nos communautés ? Nous découvririons que, loin de se replier sur les sacristies, l’Eglise a vocation d’être « levain dans la pâte humaine ». Et l’Eglise c’est nous, tout homme, toute femme qui prend l’Evangile au sérieux.

Alors oui, les vagues nous éclabousseront, la tempête se déchaînera, le vent nous emportera. Alors oui, la crise fera son œuvre en nous, creusant dans les profondeurs. Mais c’est « dans les profondeurs de la vie nourrie d’Esprit que la nouveauté peut surgir, que la vie germe, que le rêve prend racine », nous dit Marie-Jo Thiel. Pourquoi avoir peur ? Le Christ est avec nous dans la barque.

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