Au revoir, Giraud!

Au revoir, Giraud!

La messe d’action de grâce pour le départ de l’abbé Giraud Pindi a rassemblé de nombreux paroissiens dimanche 3 mars à l’église de la Colombière à Nyon. Une célébration empreinte de reconnaissance pour tout ce qui a été vécu depuis 2013 avec le curé modérateur de l’unité pastorale Nyon-Terre Sainte et d’un brin de tristesse. Nos prières l’accompagnent dans son nouveau ministère en terre congolaise.

Par Geneviève de Simone-Cornet
Photos: André BourquiUne assemblée compacte – bien des paroissiens étaient debout au fond de l’église – issue des diverses communautés de l’unité pastorale Nyon-Terre Sainte (UP), le vicaire épiscopal, l’abbé Christophe Godel, les prêtres de l’UP et deux prêtres amis entouraient l’abbé Giraud Pindi pour ce moment fort de son ministère. Les choristes de Nyon et de Founex avaient uni leurs voix, soutenues par l’organiste Oliver Borer et le trompettiste Alain Delabre ; la Schola grégorienne a chanté deux pièces.

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Du blouson à la soutane

C’est Marie-Agnès de Matteo, agente pastorale et membre de l’Equipe pastorale, qui a souhaité la bienvenue aux paroissiens de l’UP, mais aussi à une délégation de Bulle, l’ancienne paroisse de l’abbé Pindi, et aux représentants des Eglises sœurs et des autorités communales. L’occasion de rendre grâce pour «le travail de l’abbé Pindi, son rayonnement spirituel et humain, son écoute, sa bienveillance et son souci constant de faire l’unité». De Nyon à Matadi, en République démocratique du Congo (RDC), où il a été nommé vicaire général le 1er janvier, il passe de la moto à la jeep, du blouson à la soutane et de « monsieur l’abbé » à « Monseigneur ». « Nous sommes tristes, bien sûr. Mais à Matadi, avec l’Esprit Saint, il fera des merveilles. Nous lui souhaitons courage, endurance et joie dans sa nouvelle mission. »

Puis l’abbé Christophe Godel a remercié l’abbé Giraud, rappelant les différentes étapes de son ministère dans le diocèse: dans l’unité pastorale Notre-Dame de Compassion (région de Bulle), puis celle de Nyon-Terre Sainte. Evoquant son prochain ministère, il a affirmé que son évêque « a certainement fait un excellent choix » et s’est dit « content que l’Eglise de ton pays puisse compter sur quelqu’un comme toi ». Son vœu ? « Tout ce que tu as semé, que cela lève en une belle moisson. Et que le Seigneur te récompense au centuple. » L’abbé Godel a enfin remercié « tous ceux qui agissent dans la vie des paroisses et des communautés locales pour leur permettre de vivre leur mission et de rayonner » et invité l’assemblée à remercier le Seigneur « pour tout ce qu’il fait à travers ses humbles serviteurs, à travers chacun d’entre nous ».

Choix, réponse, soutien

Dans son homélie, l’abbé Pindi, revenant sur le récit de la vocation de Jérémie, proclamée dans les lectures, a relevé trois éléments fondamentaux de toute vocation au service de la Parole de Dieu : le choix, la réponse et le soutien.

Le choix, qui est le fait de Dieu, a lieu hors de l’espace et du temps : « Avant même de te façonner dans le sein de ta mère, je te connaissais ; avant que tu viennes au jour, je t’ai consacré » (Jr 1, 5). Pourquoi ? Pour trois raisons: «Cela nous ôte l’orgueil de croire que c’est nous qui choisissons Dieu comme on choisirait un partenaire, un ami, un collaborateur. Dans toute histoire de foi, c’est Dieu qui nous choisit et nous appelle. Ensuite, cela nous ôte l’orgueil de croire que Dieu nous choisit à cause de nos mérites, de nos qualités, de nos efforts personnels, de notre quantité de prières, de nos œuvres,… Si son choix dépendait de nos mérites, il attendrait de nous voir à l’œuvre avant de nous choisir. Enfin, cela nous invite à vivre notre service avec humilité, car le choix n’est pas nôtre et la mission ne nous appartient pas non plus ».

La réponse au choix de Dieu, quand elle vient, peut être maladroite, a souligné l’abbé Pindi. Pour deux raisons : « La grandeur de la mission et ses difficultés, qui provoquent la peur de nous engager, la peur de ne pas être à la hauteur, la peur
des responsabilités, des risques ; et parfois même la peur de notre propre peur ; les limites de notre personne qui peuvent sembler un frein à tout engagement ».

Le soutien enfin : « A celui qui accepte la mission, Dieu donne les moyens ». Ainsi, « nous sommes appelés à faire confiance, à nous laisser porter devant la grandeur de la responsabilité et les limites de notre petite personne. Sans cette confiance, on ne peut rien faire ».

Le curé le plus rapide

A chaque nomination, l’abbé Pindi a éprouvé des « sentiments de peur, d’angoisse, de fragilité, d’indignité ». Ce qui l’a aidé à dire oui ? « La confiance dans le soutien de Dieu lui-même qui accompagne nos responsabilités et nos charges et qui ne nous laisse jamais seuls. »

Il a ensuite remercié les bénévoles pour la confiance accordée et le chemin parcouru : « Si un seul doit faire avancer la barque, c’est ensemble que nous jetons les filets, trop lourds pour une seule personne ».

L’abbé Pindi est arrivé dans l’unité pastorale Notre-Dame de Compassion, la paroisse de Bulle et environs, en septembre 2006. Comment ? Grâce à la secrétaire paroissiale « qui, dans une liste de vingt noms de prêtres étrangers vivant hors de Suisse et attendant un ministère d’été, a choisi mon nom, ‘Pindi’ ; elle ne me connaissait pas mais, disait-elle, c’était l’unique nom africain facile à prononcer ; et il ressemblait même à un nom italien ». Et à deux prêtres suisses : Jean-Claude Pilloud et Jean-Claude Dunand, qui concélébrait.

Puis ce furent sept ans dans notre unité pastorale : « Il vous a fallu vous adapter à ce curé qui le matin à la messe mettait parfois sa soutane ou son col romain et l’après-midi troquait cet habit ecclésial contre une combinaison de motard pour faire rugir les 200 chevaux de sa moto dans les cols suisses. Les motards m’appelaient affectueusement ‘le curé le plus rapide de Suisse’ ». Et de lancer un appel pour soutenir les jeunes bénévoles qui préparent et vivront la prochaine bénédiction des motards dimanche 7 juillet à Nyon.

Une personnalité attachante

A la fin de la célébration, le président de paroisse, Gilles Vallat, a d’abord relevé la soudaineté de ce départ : une décision difficile, car le défi est grand, il réclame courage et ténacité. « Toutefois, tes vastes connaissances théologiques et juridiques, ton expérience pastorale de terrain et tes qualités humaines et spirituelles te seront d’un grand apport pour seconder ton évêque. »

« Tu as beaucoup apporté à notre unité pastorale », a relevé le président. « Grâce à ton charisme et à ta personnalité forte et attachante, tel le bon berger des évangiles, tu l’as conduite sur le bon chemin, tu as tracé des projets pour assurer son avenir. » Et puis, l’abbé Pindi est devenu, grâce notamment à la bénédiction des motards, « une star sur la Côte ».

Les paroisses de Nyon et de Founex ne couperont pas les ponts : elles continueront à soutenir des projets de développement dans le diocèse de Matadi par le biais de l’association Kimpangi de Bulle. Un container est d’ailleurs parti vers la République démocratique du Congo (article en page 12). « Nous te souhaitons le meilleur dans ta nouvelle mission », a dit en conclusion Gilles Vallat.

Un apéritif dînatoire a rassemblé les paroissiens dans la salle de paroisse à l’issue de la célébration. L’occasion, pour chacun, de dire au revoir au curé modérateur.

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