Eclairage: «D’où il viendra juger les vivants et les morts»

Eclairage: «D’où il viendra juger les vivants et les morts»

Par Jean-Pascal Genoud, curé
Photo: pontifexenimages.comAssemblée générale annuelle d’une chorale. Brisolée au menu. Et après cinq minutes, une confidence inattendue : « A la messe, j’y participe avec joie pour chanter, mais je suis chaque fois gênée au moment où il est dit que Jésus reviendra juger les vivants et les morts ! » J’ai pu répondre que l’expression me préoccupait moi aussi, puisque je devais la commenter pour le prochain bulletin paroissial !

L’affirmation est forcément à accueillir puisqu’elle appartient à la manière dont les chrétiens expriment leur foi depuis 18 siècles et dans le monde entier. Mais comment la comprendre ?

La certitude du « retour » du Christ fait partie de la foi des chrétiens et nous en avons l’annonce dans la bouche même du Christ dans les Evangiles. Pas moyen de l’ignorer. Il me paraît néanmoins important de voir qu’il s’agit d’une réalité à dégager de l’image qui la porte. Comme nous sommes dans un monde structuré par l’espace et le temps, l’image ne peut s’inscrire que dans ces références. La réalité de foi, elle, pourrait se traduire de la façon suivante : le Christ après sa mort et résurrection reste dans l’histoire des hommes, mais de manière discrète et cachée, jusqu’à la « fin des temps » où sa présence sera pleinement manifestée à tous. La notion de « retour » précise que cet avènement n’est pas d’abord le fruit des efforts de l’homme, l’accomplissement des ses propres potentialités, mais qu’il est reçu de Celui seul à qui revient « l’honneur, la gloire et la puissance ». Dans tous les cas, ce « retour » a toute la couleur d’une rencontre libératrice et définitive entre Dieu et l’humanité entière.

Le jugement, comme image prise à l’ordre judiciaire, peut aussi soulever une délicate question d’interprétation. On sera probablement aidé à en saisir la profondeur en considérant ce que serait une absence de jugement. Cela voudrait simplement dire nous ne serions responsables de rien, que tout serait indifférent, qu’il n’y aurait aucune raison de faire le bien plus que le mal, de lutter pour la justice plutôt que de rester passifs et consentants à l’égard des forces du mal. La simple idée de l’absence de jugement nous devient alors insupportable. Elle revient à la négation de notre liberté et de notre responsabilité. Elle annihile tout attente de justice.

Reste à qualifier ce jugement en fonction de Celui qui le porte. N’a-t-il pas dit qu’il était venu « non pour juger, mais pour sauver » ? Etre jugé par un Sauveur oriente notre confiance en Celui qui n’a pas l’intention de nous perdre, mais qui a versé son sang pour nous faire communier à sa vie, dans l’attention aimante à nos personnes, avec une miséricorde émue devant notre faiblesse.

De façon admirablement concise, dans une formule on ne peut plus lapidaire, l’apôtre Jacques l’a exprimé en tenant en tension deux composantes apparemment inconciliables : « Le jugement est sans miséricorde pour celui qui n’a pas fait miséricorde, mais la miséricorde se moque du jugement. » (Jc 2, 13)

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