Quand la foi épaule la souffrance

Quand la foi épaule la souffrance
Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, secteur pastoral des Coteaux du Soleil (VS), mars 2021

Faut-il souffrir pour être sauvé ? Nous avons choisi d’aborder cette question sous un autre angle, en donnant la parole à un aumônier des hôpitaux, à une personne dont la foi a modifié le rapport à la souffrance et à un prêtre du secteur. Nous leur avons demandé de parler du lien entre « foi » et « souffrance » dans leur vie privée ou professionnelle.

PHOTOS : MARIE-PAULE DÉNÉRÉAZ

Abbé Janvier Nginadio Muntima, curé d’Ardon et Vétroz

Paul Claudel disait : « Dieu n’est pas venu supprimer la souffrance. Il n’est même pas venu pour l’expliquer, mais la remplir de sa présence. » Il est important, cela étant, de regarder la souffrance à travers Jésus. Avec lui, en effet, le chrétien prendra au sérieux la souffrance, luttera contre elle et fera preuve de compassion envers ceux qui sont accablés par la souffrance. Aussi, que Jésus ait fait de la souffrance une béatitude jusqu’à faire de la Croix la voie de salut pour l’humanité, et que saint Paul notamment ait placé la Croix au centre de sa prédication (1 Co 1, 23), c’est une invitation au chrétien à endurer la souffrance avec courage, lucidité et confiance pour saisir, paradoxalement, sa valeur éducatrice et rédemptrice.

La Passion du Christ est bienheureuse certes, et nos souffrances communion à celle du Christ, mais face à la souffrance, la foi n’est ni insensibilité ni exaltation maladive 1.

Jeanine Gabbud, un témoignage de vie

« Il faut souffrir pour mériter le ciel. » Que de fois ai-je entendu ces mots durant mon adolescence. Nourrie par cet enseignement, à 21 ans, victime d’une très grave maladie, je me suis écriée : qu’ai-je fait au Bon Dieu pour mériter cela ? J’étais révoltée, anéantie.

Face à mon désarroi, une compagne de chambre m’a dit : il y a la messe cet après-midi, tu as la foi, viens avec moi, tu verras Dieu va te consoler. J’y suis allée, mais sans conviction. Ce temps de cœur à cœur avec Dieu m’a apaisée. J’ai continué à prier quotidiennement et petit à petit j’ai ressenti une force intérieure insoupçonnée. Je n’étais plus seule à lutter. J’ai réalisé que Dieu m’assistait.

Transformée par cette expérience, j’ai pris conscience que la foi est un cadeau de Dieu à entretenir et à fortifier. Toute ma vie, elle a été ma force et mon bouclier. A 48 ans, lors d’une maladie où mon pronostic vital était engagé, j’ai ressenti à nouveau ses bienfaits.

Je peux l’affirmer : « Dieu ne veut pas la souffrance, il n’est pas venu la supprimer, ni l’expliquer, mais la remplir de sa présence. »

Martial Ducrey, aumônier

Comme aumônier, je rencontre des personnes en souffrance. Certaines cherchent le pourquoi de leurs douleurs, certaines considèrent qu’elles méritent de souffrir, d’autres que c’est injuste. Je suis toujours à leur écoute, mais je me révolte quand j’entends dire qu’il faut souffrir pour « gagner le paradis ». Non, nous n’avons pas besoin de gagner le paradis, nous avons « seulement » à ouvrir notre cœur pour accueillir l’Amour inconditionnel et infini de notre Créateur.

Dieu n’a jamais voulu que nous souffrions, mais c’est un fait : nous souffrons, alors que fait Dieu ? Il a envoyé son propre Fils pour nous témoigner sa compassion, pour nous dire sa sympathie : Dieu souffre avec nous. Il est avec nous et nous dit : « Venez à moi, vous tous qui peinez, je vous procurerai le repos. » Jésus a lutté contre toute souffrance, à notre tour de faire notre possible pour atténuer les souffrances rencontrées, parfois simplement en étant Présence et écoute, parfois en offrant une parole inspirée et inspirante.

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