Rencontre avec Léa et Patrick Arlettaz

Rencontre avec Léa et Patrick Arlettaz

Propos recueillis par Pascal Tornay
Photos: Famille ArlettazLa famille Arlettaz vit aux Valettes. J’ai fait la connaissance de Léa et Patrick ainsi que de quelques-uns de leurs enfants au sortir de la messe à Bovernier. La famille Arlettaz est atypique pour plusieurs raisons qui me la rendent par ailleurs fort sympathique ! Ses membres sont pleins d’une joie contagieuse. Léa et Patrick sont fidèles au rendez-vous de la messe – mais il n’en a pas toujours été ainsi. Ils ont adopté deux enfants avec une trisomie alors qu’ils en avaient eu cinq auparavant ! 

Un jour, je me décide à aller à leur rencontre chez eux à l’improviste. Je découvre leur salon rempli de la présence de quelques-uns de leurs enfants et beaux-enfants ! Il s’ensuit un joyeux et dynamique échange dont je partage ici quelques savoureuses bribes…

Il y a dans votre famille, je le sens, une joie et une simplicité contagieuses : d’où cela vient-il ?
Il y a une grande solidarité dans la famille. Il n’y a pas de tabou. S’il y a des problèmes : on met tout sur la table. On dialogue et on trouve les moyens d’avancer. Chez nous, la foi et la prière jouent un très grand rôle. Le pardon aussi : nous aussi, parents, nous pouvons nous tromper. Demander pardon est parfois nécessaire. Alors on ressent une sérénité intérieure, une paix. Cela ne peut venir que du Ciel. Si t’as pas ça pour t’accrocher quand c’est dur, tu plonges ! Ceux qui ne prient pas ne peuvent pas s’en rendre compte… On a toujours vécu dans la simplicité et on s’est souvent contenté de peu de choses. On est souvent parti en camping. Les enfants chantaient à tue-tête dans la voiture. Nous rêvions d’un chalet à nous et nous parcourions les vallées du Valais à la recherche du chalet de nos rêves… Nous avons beaucoup ri ensemble et ça a enrichi nos liens. On a conscience d’être une famille un peu « déjantée » ! 

La vie de famille est pourtant peuplée d’embûches : vous n’avez certainement pas été épargnés… Qu’est-ce qui vous a donné ce ressort ?
Nous avons traversé pas mal d’épreuves depuis 1995 jusqu’à aujourd’hui et notamment la maladie d’un des enfants, le cancer de Patrick, le chômage, le deuil des parents. Tout ça, ç’a été difficile, mais moi je m’interdis d’être pessimiste, explique Léa. Avec Patrick, on ne reste pas à se plaindre. On prend les choses en main. On prie. Moi, j’ai toujours vu ma maman se battre. On ramasse les coups, mais on avance. On n’abandonne jamais et de toute façon avec les enfants, on n’a pas le choix ! 

Difficile de croire que vous, Patrick, ne vouliez rien savoir de la foi et de la messe, alors que vous dites que c’est pour vous un besoin fort aujourd’hui. Que s’est-il passé ?
Au début, j’y allais pour faire plaisir à Léa. Mes parents n’allaient pas à l’église. Ça ne leur disait rien. Ils étaient probablement croyants, au fond, mais aller à la messe, non. Progressivement, en y allant, je dirais que l’Esprit Saint est venu en moi et a renforcé mon action. Sur ce chemin, le décès de mon père a certainement été déterminant. Peut-être a-t-il intercédé pour ma transformation. Aujourd’hui participer à la messe est pour moi un besoin.

Et vous Léa, enfant, vous avez grandi dans la foi ? Comment, avec votre mari, l’avez-vous transmise à vos enfants ? Quels ont été les défis ?
Chez nous, la foi était une chose tout à fait naturelle et la messe hebdomadaire immanquable. Pour ma maman, c’était une bouée de sauvetage. Je ne me suis jamais posé beaucoup de questions, même aujourd’hui. Dans notre famille, les choses se sont faites tout aussi naturellement. Depuis très longtemps, on prie chaque fois ensemble. Durant une dizaine de minutes, on se réunit autour de chants ou de petits refrains, de mercis, d’intentions diverses, de « Je vous salue Marie », d’invocations à saint Michel ou aux anges gardiens. Evidemment, en devenant grands, les enfants ont besoin de discuter leur participation à la messe et cela donne lieu à quelques tensions lorsqu’on les y pousse… On a semé, mais visiblement il a manqué des éléments ! Je trouve que les enfants sont envahis par une multitude de divertissements. L’exemple des parents est très important.

fam-arlettaz-1Adopter des enfants avec un handicap mental n’est pas commun. Pourquoi l’avoir fait ?
Ce n’était ni prévu, ni réfléchi. Nous avions déjà 5 enfants et en adopter d’autres n’avait aucun sens. Pourtant, en 1990, nous sommes allés à Lourdes en pèlerinage. A la grotte, un jour l’appel est venu. J’ai posé la question à Patrick pour savoir si adopter l’intéressait. Il a répondu que non. Je lui repose la question un peu plus tard : il est entré en matière et la discussion est venue. On aurait dit qu’un dialogue avait lieu au-delà de nous ! Cet appel n’a fait que se confirmer par la suite et nous avons répondu oui ! On ne sait ni comment, ni pourquoi : évidemment, le chemin a été difficile, mais cela reste une source de joie encore aujourd’hui. 

Comment la vie spirituelle nourrit-elle votre couple aujourd’hui ? Qu’est-ce que cela change concrètement ?
Cela change tout en réalité. Le fait de prier détend nos relations. Elle les apaise. Sans qu’on s’en aperçoive, la confiance en Dieu s’est insinuée et a été un pilier. Pour nous, c’est ça la vraie bouée ! Aurait-on pu vivre autrement ? On ne le saura jamais non plus.

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