Son job, croque-mort!

Son job, croque-mort!

Un métier particulier que celui de croque-mort. Agé de 29 ans, Loïc Wiesmann le pratique depuis plusieurs années, dans un environnement qui le met en présence de rites pratiqués par différentes religions.

Par Nicolas Maury
Photos: Jacky Leya, Evelyne Wiesmann
Un vendredi matin à Renens. Il n’est pas encore 8h. Loïc Wiesmann a à peine le temps de raccrocher le téléphone que la sonnerie retentit à nouveau. Cheveux courts et cravate sombre sur une chemise immaculée, le jeune homme de 29 ans ne se laisse pas déborder. « Aucune de mes journées ne ressemble à la précédente », explique-t-il d’emblée. « On peut estimer à un horizon d’environ cinq jours le travail à venir. Mais par définition, les décès ne sont pas prévisibles. Il n’y a pas d’horaire standard. Surtout chez nous, où tout le monde fait tout ! »

Son métier, comme il le dit lui-même, « c’est croque-mort ! Contrairement à des termes comme conseiller funéraire, ces mots ne prêtent pas à confusion ».

S’il a commencé à être actif dans l’entreprise familiale Blanchet et Wiesmann lors de ses études pour donner des coups de main, il en est désormais l’une des chevilles ouvrières. « Nous sommes quatre à plein temps avec mes parents Philippe et Evelyne ainsi que notre collaborateur Jacky Leya. Sur appel, nous pouvons aussi compter sur des auxiliaires. »

« Ce métier, on est fait pour ou pas », selon Loïc Wiesmann.

Le boom des incinérations

Arrivé vers 7h30 au bureau, Loïc tente de déterminer ce que seront les grandes lignes de sa journée. « Quelques éléments sont tout de même récurrents. » En fin de matinée, il se rend en effet souvent au cimetière pour y déposer des cendres. « Je tiens quelques statistiques : si l’on se base sur le périmètre sur lequel nous sommes actifs, l’ouest lausannois – Lausanne, Cossonay, Pied-du-Jura, La Côte – 79% des gens se font incinérer pour 21% d’inhumations. » Nous faisons 70% de cérémonies à caractère religieux, 13% sont laïques et 17% de sépultures se font sans cérémonie.

Les cérémonies en paroisse se déroulent plutôt vers 14h. « Nous travaillons pour des membres de différentes religions. Notre rôle reste grosso modo le même. Dans tous les cas, nous sommes à l’église ou au temple une heure avant pour la mise en place. »

Enterrements musulmans

Franchissant la porte du bureau, Jacky Leya capte la conversation au vol : « Nous organisons aussi des enterrements musulmans. C’est totalement différent. On va chercher le défunt, mais on n’a pas le droit de le préparer. Sa communauté fait sa toilette rituelle puis le met dans le cercueil avec un linceul. Devant la mosquée et au cimetière, on ouvre le véhicule funéraire et c’est à nouveau la famille et les proches qui le portent sur la tombe, puis referment celle-ci. » 

Hormis ces rendez-vous, le reste de la journée est consacré à des tâches fort diverses. « Cela va la préparation du cercueil au lavage des voitures en passant par les mises en bière, la rencontre avec les familles, l’administration et la gestion des stocks. Il n’y a pas de quoi s’ennuyer. L’une des grandes inconnues est relative au parc des véhicules. Si on se retrouve avec plus de cérémonies que de véhicules, il faut jongler… »

Préparation des corps

La préparation des corps reste un domaine particulier. « Après un décès, on est appelé soit par la famille, soit par la police, reprend Loïc. Lorsque c’est la gendarmerie, nous avons au maximum une heure pour intervenir et amener le corps à l’Institut de médecine légale. On voit de tout. Nous accueillons parfois des jeunes qui, dans la foulée de séries comme NCIS, sont intéressés par la profession. Sans vouloir rentrer dans les détails, la confrontation avec la réalité est… différente. Ce métier, on est fait pour ou pas ! »

Lors d’un mandat donné par la famille, « nous rendons la personne la plus jolie possible avant de la restituer. La clef, c’est la température, mais divers éléments entrent en jeu : le défunt était-il en bonne santé ? Prenait-il des médicaments ? Qu’a-t-il mangé avant de mourir ? Ces facteurs interviennent dans le processus de décomposition du corps ».

Le dernier point fixe de la journée est agendé à 18h. « C’est l’ultime délai pour envoyer les faire-part aux journaux pour le lendemain. Mais évidemment, nous restons atteignables 24h sur 24 ! »

Autour de l’horloge…

7h30 –> Arrivée au bureau et gestion des affaires courantes

11h –> Dépose des cendres au cimetière

14h –> Cérémonie funéraire 

18h –> Dernier délai pour l’envoi des faire-part aux journaux

Dès 18h –> Service de piquet

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