L’évêque est son boss!

L’évêque est son boss!

Elle se qualifie volontiers de «porte d’entrée» des rendez-vous de l’évêque. Cette théologienne atypique considère que sa présence en tant que secrétaire personnelle de Mgr Morerod est une manière de servir le Christ dans son Eglise en redonnant tout ce qu’elle a reçu. Rencontre avec Camila Gross Nachef.

Par Myriam Bettens
Photos: Myriam Bettens, Nicole RighettiUn attaché-case noir pend au bout d’une corde face à une des fenêtres du hall principal, comme oublié par son propriétaire. Au détour d’un couloir, le visiteur observateur remarquera encore une petite figurine à l’effigie du pape Jean-Paul II entourée d’apôtres « peu orthodoxes ». Les disciples en question ressemblent plus à de petits jouets tout droits sortis d’œufs surprises qu’aux saintes représentations habituelles. Au-dessus des marches gainées de rouge de l’escalier principal, les portraits des différents évêques du lieu veillent. En haut de la montée, une toile jaune soleil placée un peu en retrait attire l’attention. Lorsque l’on s’approche, une multitude de petits points noirs dessinent les courbes du visage de l’actuel évêque, Mgr Morerod. « Cela change complètement des autres portraits, n’est-ce pas ? » lance Camila Gross Nachef en désignant cette lumineuse représentation.

Une oreille attentive

« Travailler à l’évêché est la manière que j’ai de servir le Christ dans son Eglise et de redonner ce que j’ai reçu lors de mes études de théologie », déclare-t-elle. Une des tâches de la secrétaire personnelle de l’évêque consiste à « jongler avec l’agenda rempli de Mgr Morerod », affirme-t-elle encore. Ce qui implique de nombreux contacts téléphoniques et courriers électroniques dont elle se charge dès le moment de son arrivée à l’évêché, à 8h30, et cela jusqu’au moment de la pause « obligatoire » de 9h40 dans la salle à manger du rez-de-chaussée. « Cette pause me permet de transmettre des choses à faire à la chancellerie ou à l’administration et nous donne l’occasion d’être tous réunis au moins une fois dans la journée », détaille-t-elle. Camila Gross Nachef ne met pas uniquement à profit sa formation théologique, mais aussi une riche expérience en tant que praticienne de la relation d’aide, « l’écoute active de personnes ayant des difficultés personnelles ou dans leurs paroisses fait aussi partie de mon rôle ». Cette manière de communiquer respectueuse et non jugeante est une des nombreuses facettes de sa personnalité.

Sa tâche implique de multiples contacts téléphoniques.

Des post-it par milliers

L’anticipation, qui suppose une consommation astronomique de post-it en est une autre. Elle désigne une table proche de son bureau sur laquelle sont éparpillées des dizaines de missives. Sur chacune d’elle, un petit carré jaune avec quelques lignes manuscrites. « Sur cette table je dépose le courrier de la journée que je prétraite pour l’évêque », indique la secrétaire en désignant les petits feuillets jaunes. « Mgr Morerod est très indépendant, mais je m’occupe tout de même de faire un premier tri, en lui suggérant des actions pour lesquelles il peut répondre par « oui » ou par « non ». Il faut être rapide avec lui », décrit-elle en souriant. Un regard circulaire au reste de la pièce permet de constater une décoration hétéroclite mêlant saintes représentations et peintures profanes épinglées çà et là. « Notre administrateur se charge de décorer notre bureau », juge-t-elle bon de préciser dans un sourire. Elle ajoute que les objets insolites aperçus lors de la visite viennent aussi de lui. Sur le coin de son bureau, une photo-portrait de l’évêque est posée. Il a les mains ouvertes, et chacune d’elle est calée derrière ses oreilles en signe d’écoute.

La place d’être femme

L’ouverture et l’écoute définissent bien la personnalité des deux évêques, Charles Morerod et Alain de Raemy, selon la théologienne. Elle donne l’exemple de la naissance de son troisième enfant, « J’ai pu, après le congé maternité, prendre mon fils au bureau, l’y allaiter ou le changer ». Camila Gross Nachef ne se sent pas uniquement reconnue en tant que mère, mais également en tant que femme. Il est 11h30, juste avant de filer préparer à manger pour ses enfants, elle ajoute encore, « Nous (les femmes, ndlr) avons un rapport de complémentarité et de liberté avec les deux évêques. Nos avis sont écoutés et pris en considération. » Un modèle dont le reste de l’Eglise devrait parfois s’inspirer ? « La foi passe beaucoup par les femmes et il existe vraiment une manière féminine d’être à Dieu », affirme-t-elle. Camila Gross Nachef conclut que, pour elle, « sans la femme, il n’y aurait tout simplement pas d’Eglise ».

Temps forts d’une journée

8h30 –> Arrivée à l’évêché et gestion des affaires courantes.

9h40 –> Pause « obligatoire » permettant aux collaborateurs de se voir au moins une fois dans la journée.

11h30 –> La théologienne file préparer le repas de ses enfants.

Après-midi : Consultation dans son cabinet dédié à la relation d’aide.

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