L’ancienne chapelle Saint-Jean Baptiste restera dans le cœur et la mémoire des anciens de la communauté. Voici son histoire racontée par une paroissienne fidèle et engagée.
PAR AGNÈS SCHILLIGER
PHOTOS : GEORGES GRANDJEAN, CHANTAL ZAPHIROPOULOS
A mon arrivée à Gland en 1954, j’ai trouvé un village très campagnard avec des vaches qui s’abreuvaient aux fontaines du village en rentrant des champs. Il y avait à Gland une épicerie, une boulangerie, une boucherie et une école avec deux instituteurs qui avaient chacun trois classes.
Avec ma famille, nous habitions au bord du lac. Nous avons décidé d’envoyer nos enfants à l’école catholique de Nyon, tenue par des sœurs. Aussi étions-nous très attachés à la paroisse de Nyon. A Gland ne se trouvaient ni église catholique ni temple protestant. Les familles catholiques organisaient tous les dimanches une messe dans une classe d’école.
Un groupe de dames dont faisaient partie Mme Nanzer, Mme Gillard, Mme Gaudin et Mme Régina Demière a exprimé le vif désir d’ériger une chapelle. Le curé Emil Haefliger et mon mari, conseiller de paroisse à Nyon, conscients de la nécessité pour ce village en croissance d’avoir un lieu de culte catholique, trouvèrent en toute discrétion un beau terrain au centre de Gland. Les fonds manquant pour le construire, nous avons trouvé une ancienne chapelle de chantier.
Des talents variés
Avec l’aide de M. Zimmermann, architecte, de MM. Cherix et Gaudin et de beaucoup de bénévoles, nous avons organisé la reconstruction de la chapelle. Les vitraux et le plafond en cuivre ont été créés par la maison Gehr.
La chapelle a été bénie par le vicaire épiscopal en 1973. Nous avions à cœur de créer une communauté vivante, priante et accueillante pour la région de Gland, Vich et Coinsins. Pour ce faire, le Conseil de communauté, dont je faisais partie, organisait par exemple un apéritif après la messe afin de fraterniser ou des repas dans le jardin de la chapelle parfois suivis d’un événement comme un rallye. Des conférences et des concerts ont aussi eu lieu.
Un événement important était la kermesse. Les dames se réunissaient chez moi dans ma grande cuisine pour préparer un buffet avec des met succulents. Ce moment convivial attirait des personnes de toutes confessions. Notre communauté s’est enrichie de personnes dotées de dons riches et variés. Nous avons été impressionnés par les nombreuses personnes venues offrir leurs talents.
Notre vie était rythmée par des moments heureux tels que les mariages et les baptêmes, mais aussi par des événements plus douloureux, surtout des décès de jeunes gens.
Croix et baptistère
Un dimanche, lorsque j’ai voulu préparer la chapelle pour la messe, j’ai eu un choc en découvrant qu’elle avait été incendiée. L’autel était très abîmé et les bancs noircis par la fumée. J’étais désemparée. Mais j’ai pu compter sur la gentillesse de jeunes passant par là pour nettoyer tous les bancs. Nous avons étendu une grande nappe sur l’autel et ainsi nous avons pu célébrer la messe.
L’autel défectueux a été remplacé par une ancienne table valaisanne. Sous l’impulsion de son fidèle et dynamique responsable Bernard Chevallay, le Conseil de communauté est allé chercher dans le monastère Notre-Dame des Voirons, chez les Petites sœurs de Jésus, un Christ sculpté par une des sœurs. Ce fut une rencontre inoubliable avec ces religieuses qui ont donné leur vie au Seigneur. Nous avions aussi besoin d’un baptistère. Nous avons fait un pèlerinage à Ars : nous y avons trouvé un pétrin qui nous semblait un beau symbole de l’eucharistie et du baptême. Les diaconesses de Reuilly, qui utilisaient pour leur chapelle des ustensiles de tous les jours, nous ont donné l’exemple.
Les salles sous la chapelle étaient d’une grande utilité pour le catéchisme. La cuisine, fonctionnelle, permettait aux paroissiens de célébrer des fêtes de famille.
Dans le cœur des anciens
Aujourd’hui la chapelle est devenue une vieille dame. Elle n’a toutefois rien perdu de son charme. Elle a encore attiré tous les jours des personnes venant s’y recueillir. Mais nous avons constaté avec regret qu’elle se faisait petite pour la ville de Gland avec ses 13’000 habitants et que nous ne pouvions plus la restaurer. Une nouvelle église, grande et claire, a pris sa place. Mais l’ancienne église survivra dans le cœur des anciens de la communauté.
Puisse saint Jean Baptiste, notre protecteur, nous aider à progresser sur le chemin du Seigneur.