La contagion du coronavirus a-t-elle un sens spirituel?

La contagion du coronavirus a-t-elle un sens spirituel?
Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, Unités pastorales du Grand-Fribourg (FR), mai-juin 2020

Par Frère Adrian Schenker, dominicain | Photo : Bernard Hallet / Province dominicaine de Suisse

Le dominicain Adrian Schenker est prêtre et réside au couvent de Saint-Hyacinthe à Fribourg. Durant de nombreuses années, il a enseigné la théologie et l’exégèse de l’Ancien Testament dans notre Alma Mater. En mars dernier, lors de la première messe à huis clos de la communauté dominicaine du Botzet, il a réfléchi au sujet qui est sur toutes les lèvres: la pandémie du coronavirus.Y a-t-il un sens spirituel à ce fléau mo­­derne ? Si oui, quel est-il ? Nous remercions Frère Adrian de nous avoir autorisés à reproduire son homélie.

« Les médias et les cœurs de tout le monde sont pleins des nouvelles de la contagion du coronavirus qui envahit les pays d’Asie, d’Europe et d’Amérique. Les mesures prises par les autorités, la situation médicale et les conséquences pour l’économie et pour la société sont à la une.

Mais ne faut-il pas nous demander aussi ce que Dieu veut nous dire à travers cette épreuve grave de notre temps ? À la lumière de l’Écriture sainte, il me semble que ce sont deux paroles qui jettent une lumière sur le sens de l’évènement.

Dieu sauve
La parole de Dieu parle d’un bout à l’autre du salut que nous recevons de Dieu. Il y a peu de mots qui reviennent si souvent dans la Bible que sauver, aider, guérir, éclairer, conforter, protéger, garder, répondre, écouter, guider, entourer, etc. Dieu sauve, et les hommes ont besoin de multiples secours. Les générations qui nous ont précédés savaient cela peut-être mieux que nous parce qu’ils avaient moins de moyens techniques et une science moins développée que l’époque moderne. Elles recouraient à Dieu dans leurs besoins en priant dans leurs litanies : a peste, fame et bello libera nos Domine ! (Des épidémies, des famines et des guerres, libère-nous, Seigneur !).

Devons-nous de nouveau apprendre à recourir à Dieu dans nos besoins ? À lui dire avec foi et humilité : Seigneur, sauve-nous, nous périssons ! Dans l’Ancien Testament, Dieu porte le beau titre de *Médecin d’Israël » (Exode 15, 26) et le Psaume 102, 3 (Ps 103, 3) exprime sa conviction croyante : « Le Seigneur te guérit de toute maladie. » Le savoir médical moderne n’exclut pas la prière. Les deux ne sont pas en concurrence, ils vont de pair dans la vie des croyants. Car guérison et maladie peuvent être toutes deux des voies par lesquelles Dieu sauve toute la personne humaine, dans son corps et dans son âme.

L’humanité n’est pas toute-puissante
Mais pour s’en convaincre, il faut se mettre dans la vérité et dans l’humilité : l’humanité n’est pas toute-puissante. N’est-ce pas la tentation moderne, en face de tout ce que les hommes ont découvert et savent faire, que d’imaginer l’homme souverain et maître de tout, capable de venir à bout de tous les problèmes ? N’est-il pas beaucoup plus heureux de pouvoir dire avec la foi : j’ai de nombreux besoins qui me dépassent, et qui me dépasseront toujours, mais j’ai un recours en Dieu ? Lui m’aidera, lui me sauvera car il aime aider et sauver, et il peut m’aider et me sauver. C’est pourquoi le Psaume 9, 21 (Ps 10, 21) adresse cette prière surprenante au Seigneur : « Mets une crainte sur l’humanité afin qu’elle apprenne à comprendre qu’elle est seulement humaine. »

Humain, c’est-à-dire dans le besoin d’aide et dans la joie d’avoir un sauveur qui aimera donner son aide. N’est-ce pas aussi un enseignement que nous pouvons retirer dans la foi de l’épreuve que nous vivons ? »

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