Grégory Roth

Grégory Roth
Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, Unités pastorales du Grand-Fribourg (FR), juillet-août 2020

Propos recueillis par Véronique Benz | Photos : SCJP, capture d’écran RTS

« Comme pour beaucoup certainement, cette expérience de confinement m’a permis d’être attentif à tous ces signes et gestes de solidarité, d’entraide et de proximité. Lorsque tout tourne au ralenti, on perçoit peut-être davantage ce qui est essentiel dans notre vie, pour nos proches et pour la société. Je souhaite de tout cœur que l’on puisse, lorsque ce temps de crise sera terminé, se rappeler de ces signes et gestes, et de faire notre possible pour qu’ils perdurent. »
Rencontre avec Grégory Roth, journaliste à Cath-Info.
Vous travaillez pour Cath-Info et les émissions religieuses, où vous vous occupez notamment des messes radiodiffusées. Dites-nous en quoi cela consiste ?
La fonction de « producteur » consiste principalement à établir la planification des 56 offices catholiques (dont 2 célébrations œcuméniques et une célébration de la Passion) qu’Espace 2 diffuse par an. En d’autres termes, je dois m’assurer qu’elles aient lieu et qu’elles représentent équitablement l’ensemble de la Suisse romande, sans oublier les périphéries. 

À titre d’exemple, nous avons été ces derniers mois à plusieurs reprises à Cologny (GE) et deux fois à Alle (JU), soit deux extrémités de notre pays. Je veille aussi à ce que les messes soient liturgiquement exemplaires, qu’elles reflètent la réalité du terrain, avec les gens du terrain – ces messes ne sont pas un spectacle –, tout en assurant une certaine qualité esthétique que les auditeurs attendent d’une chaîne musicale de service public.

Durant ce temps de crise sanitaire où les messes ont été supprimées, la plupart des catholiques de Suisse romande ont suivi les messes grâce à la radio et à la télévision. Comment avez-vous fait face à la situation ?
Il a fallu tout organiser à distance, principalement depuis chez moi, dans un cadre que les jeunes familles avec enfants en bas âge peuvent aisément imaginer… [rires]. Chaque semaine, nous faisions face à de nouvelles directives à respecter. Chaque dimanche, une nouvelle messe était à inventer de toutes pièces : avec le minimum de personnes nécessaire, en dessous de l’âge de la retraite, etc. Il a fallu aussi garantir la sécurité sanitaire des personnes impliquées, tant du côté des paroisses que de la RTS. Heureusement, aucun cas de contamination n’a été signalé jusqu’ici.

Plusieurs messes prévues pour la radio ont également été télévisées sur RTS Deux. La mise en place de ces messes a-t-elle été difficile ?
Les attentes et les contraintes liées à la captation d’images complexifient la préparation des messes à tous les niveaux, y compris entre les gens de la TV et la radio qui n’ont pas l’habitude de travailler ensemble. Mais la collaboration a été très fructueuse pour tous, car chacun y a mis du sien. Tout le monde s’est senti investi d’une mission commune, au service des personnes empêchées de se réunir à l’église. Nous avons aussi reçu beaucoup de messages très touchants : d’encouragements, de félicitations, ou tout simplement de personnes qui nous demandaient d’en saluer d’autres qu’elles avaient reconnues à l’écran et dont elles avaient probablement perdu le contact… Bref, beaucoup de solidarité dans cette épreuve commune.

Vous êtes également directeur de chœur dans l’UP Saint-Joseph, comment avez-vous vécu le fait de participer à des messes « minimalistes » ?
Cela m’a permis de me rendre compte personnellement de ce que je faisais vivre aux paroisses qui nous accueillaient pour les messes radio et TV : chanter, tenir sa voix dans le trio, lire les lectures, réciter les répons de l’assemblée et, pendant l’homélie, garder un contact visuel permanent avec le prêtre, qui ne sait pas qui regarder, puisque l’église est vide… C’est ce dernier point qui demande le plus de concentration [rires].

Plus sérieusement, ce fut une belle et riche expérience, mais aussi émotionnellement très prenante.

Votre foi a-t-elle un impact sur votre travail et inversement ?
Alors que beaucoup ont dû attendre la Pentecôte pour pouvoir retourner à la messe, je me sens vraiment privilégié d’avoir pu y participer chaque dimanche sans interruption depuis le début du confinement. Ma foi m’a permis de donner un sens à ce que je faisais, celui de favoriser cette communion de désir, entre tous, à chaque fois, ici et maintenant, malgré l’isolement, la séparation physique, la peur et l’incertitude de ne pas savoir de quoi sera fait demain.

Biographie

Grégory Roth a 32 ans. Marié, il est père de deux enfants. Il a grandi à Moutier. Il est venu à Fribourg en 2009 pour y étudier la théologie.
À la fin de ses études, en 2014, il y est resté. Il a été engagé à Cath-Info, le Centre catholique des médias à Lausanne, tout en pour-suivant une formation de journalisme à Lausanne, de 2015 à 2017.
Il est également directeur de chœur dans l’unité pastorale Saint-Joseph.

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