Par François-Xavier Amherdt | Photo : flickr
Tout est question de discernement : s’agissait-il vraiment à l’époque d’enchanteurs, devins ou sorcier(ère)s qui interrogeaient les fantômes, invoquaient les morts, usaient de charmes pour se concilier les puissances occultes, exercer une volonté de puissance, jeter des sorts et provoquer le malheur de personnes autour d’eux ? Ou de femmes, d’hommes et d’enfants en réalité inoffensifs qui, à cause d’un trait particulier ou d’une manière d’être inhabituelle, se voyaient injustement attacher cette étiquette à leur front ?
Certes, le passage de Deutéronome 18, 9-22, que reprend à son compte le Catéchisme de l’Eglise catholique dans son paragraphe sur « Divination et magie » (n. 2115-2117) et qui dénonce les abominations commises par les voyants, les médiums et les mages de nations en opposition à l’action des prophètes choisis par le Seigneur et dépositaires des paroles divines pour le bien de son peuple, a pu servir de base au long des siècles pour légitimer certaines condamnations hâtives et indues. « Si un prophète [ou quelqu’un se présentant comme tel] a l’audace de dire en mon nom une parole que je n’ai pas ordonné de dire et s’il parle au nom d’autres dieux, ce prophète mourra », va même jusqu’à affirmer le livre de la Loi de Moïse (Deutéronome 18, 20).
Le seul véritable enjeu est l’adoration de l’unique Seigneur, soit le respect du premier des dix commandements de l’Ancien Testament (Exode 20, 2-17 et
Deutéronome 5, 6-21). Si de nos jours encore, l’idolâtrie et l’irreligion demeurent sujettes à caution, c’est qu’elles battent en brèche la relation exclusive entre l’être humain et son Créateur et Rédempteur, sur laquelle s’édifie l’ensemble de ses attitudes de justice et de vérité. Le recours à Satan ou à d’autres démons, l’évocation des défunts, les pratiques supposées à tort révéler l’avenir ; l’astrologie, la divination, les phénomènes de voyance, de médiumnité, le recours à la magie et au spiritisme afin de soi-disant domestiquer les puissances occultes, de les utiliser à son propre profit et d’exercer un pouvoir surnaturel sur le prochain, voire de lui causer du tort en exploitant souvent la crédulité d’autrui, tous ces procédés continuent d’être dangereux, de nuire aux relations interpersonnelles et d’éloigner de la vénération du seul vrai Dieu.
Ni chasse contemporaine aux sorcières ni banalisation des innombrables pratiques occultes et sataniques : telle est la ligne de crête que l’Ecriture et la foi ecclésiale nous invitent à emprunter pour que le don de prophétie ne s’éteigne pas et ne soit pas noyé sous de multiples contrefaçons dommageables.