Dieu sur écran

Dieu sur écran

De Ben-Hur aux Innocentes, en passant par Le Nom de la Rose ou Des hommes et des dieux, le cinéma interpelle régulièrement les croyants et les non-croyants.PAR DOMINIQUE-ANNE PUENZIEUX
AVEC FRANÇOIS-XAVIER AMHERDT ET PASCAL BOVET PHOTOS : DRDe tous temps, les chrétiens ont utilisé les moyens de communication à leur disposition pour transmettre la Parole et la foi au plus grand nombre. Et parmi ces moyens, on trouve tout naturellement le cinéma. D’ailleurs, tous les grands festivals l’ont compris en distribuant des prix œcuméniques, comme à Cannes ou à Berlin, aux films qui défendent des valeurs humaines et spirituelles. Car au-delà du pur divertissement le cinéma peut donner à réfléchir, à méditer.

En Suisse romande, la revue Ciné-Feuilles annonce chaque semaine les principales sorties et commente les passages à la télévision des films importants, à la lumière chrétienne. Plusieurs initiatives romandes font la part belle au septième art dans nos diocèses, unités pastorales ou paroisses. Ainsi, l’Eglise catholique de Genève organise «Il est une foi, les rendez-vous cinéma», durant un week-end au printemps. L’occasion de sortir l’Eglise de ses murs et d’interroger des personnages historiques sur leur relation à la foi, à travers la sélection de films choisis. Le message évangélique s’inscrit en effet dans la vie d’aujourd’hui.

Pas de cinéma de patronage!

A Châtel-Saint-Denis, l’abbé Petru Popa organise la manifestation pastorale «Cinécure» depuis quatre ans. L’occasion ici de réunir des paroissiens et de visionner avec eux un lm, présenté par une personnalité, ecclésiale ou non, puis d’échanger. «L’idée n’est pas de choisir des films édifiants ou à thématique strictement religieuse – il ne s’agit pas de cinéma de patronage! – mais de présenter de bons films qui permettent ensuite de débattre d’un sujet qui a trait à la spiritualité ou à la religion. Par exemple Million Dollar Baby, chef-d’œuvre de Clint Eastwood, permet d’aborder le thème de l’euthanasie», explique l’abbé.

Au Val d’Hérens, c’est l’abbé Vincent Lafargue qui vient de lancer «Spinéma», des soirées cinéma suivies de temps de dialogue et d’échange. Au bord du Léman, du côté d’Aubonne, le jeune prêtre Jean Burin des Roziers a eu l’idée de proposer à un cinéma local de diffuser des films d’inspiration chréienne avec le soutien des autres communautés de la région. Mais la proposition est toujours en discussion. Or, la société de distribution SAJE, qui traduit et diffuse plusieurs  films chrétiens, essaie de s’implanter en Suisse. «Ce serait un magnifique moyen d’atteindre des personnes éloignées de l’Eglise, qui pourraient ainsi se questionner sur leur foi grâce à une séance de cinéma», estime le prêtre. Car pour lui, il existe plusieurs  films qui méritent vraiment d’être vus et qui élèvent l’âme. Et de citer: Christina Noble et Don Bosco.

«Le cinéma véhicule de nombreuses images de Dieu, parfois apparentes, parfois cachées. Je suis frappé par le cinéma contemporain américain qui contient souvent des références à la foi ou à la religion alors que tel n’est pas le cas, par exemple, avec la production contemporaine française» affirme l’abbé Popa.

«Ce que le cinéma nous montre avant tout, ce sont des hommes et des femmes en relation avec Dieu, qui intervient parfois de façon spectaculaire avec beaucoup d’effets spéciaux… Dieu est aussi évoqué souvent de manière discrète, à travers un personnage, un symbole ou un rite qui fait référence à la foi» précise Jean Burin des Roziers.

Le film spirituel

Si le religieux se réfère à une tradition donnée et s’inscrit dans des rites, des convictions et des structures spécifiques, le spirituel désigne l’élan vital qui habite toute personne humaine, qui donne sens à son existence et l’ouvre à un au-delà. Bien sûr, certaines spiritualités sont connotées par une religion précise et peuvent colorer le cinéma, comme la spiritualité orthodoxe pour Andreï Roublev ou la spiritualité musulmane pour Monsieur Ibrahim et les Fleurs du Coran (tiré du best-seller d’Eric-Emmanuel Schmitt). Reste que la plupart des films qu’on pourrait taxer de spirituels ne se réclament pas d’une tradition particulière.

Ainsi, le film spirituel est une œuvre qui suscite le goût de vivre, qui respecte la personne humaine dans sa dignité, qui est porteuse d’espérance et qui reflète la quête d’absolu que poursuit tout homme, y compris au creux de la violence, de la haine, de l’injustice ou de la désespérance.

Un chemin vers Dieu

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Des grands témoins

Plusieurs témoins de la foi ont marqué le septième art. On pense ici à la petite Thérèse de Lisieux (Thérèse), à des religieux (Le Grand silence, Des hommes et des dieux), à l’abbé Pierre (Hiver 54), et aussi au Christ (Jésus de Nazareth, La Dernière tentation du Christ). Pourtant Dieu lui-même reste toujours invisible. C’est à travers ses témoins qu’on peut deviner Dieu au cinéma. Dieu ne se laisse pas voir, ni enfermer dans une idole.

Aujourd’hui, le cinéma nous convie régulièrement à une «anthropophanie», à une manifestation de l’homme. Il nous donne à saisir le visage de l’homme et de la femme en vérité. Et si la quête spirituelle d’aujourd’hui est la recherche de l’homme, le vrai, certaines œuvres cinématographiques y participent. Comme par exemple le  lm documentaire à grand succès Demain, qui nous montre un homme nouveau, toujours plus uni au cosmos. Un admirable contrepoint, sans le vouloir, à l’encyclique du pape François Laudato Si’.

Il est une foi

L’ECR a initié des Rendez-vous cinéma, à Genève, depuis déjà trois ans. Petit échange avec Geoffroy de Clavière, délégué général.

  • Pourquoi cette aventure?
    Le projet des Rendez-vous cinéma de l’ECR, à Genève, s’inspire notamment de cette citation du pape François: «Suivre, accompagner le Christ, demeurer avec lui exige de sortir. Sortir de soi… aller aux périphéries.» Le cinéma est un formidable vecteur de communication avec un effet de levier important.
  • Le cinéma peut-il être un outil d’évangélisation? De pastorale?
    C’est en tout cas un outil pastoral et c’est dans ce sens que nous travaillons. Nous sollicitons l’ensemble des équipes pastorales afin qu’elles mobilisent les jeunes, les familles et tous ceux et toutes celles qui s’interrogent, d’une façon ou d’une autre sur la réalité de sa foi et son lien avec celle des autres. Dans le terme «religion», il y a le mot «relier», c’est cette volonté-là qui nous guide.

Comment se décide la programmation?
Nous travaillons actuellement sur la troisième édition qui aura lieu en mai 2017. Avec un comité composé de spécialistes et de professionnels, nous travaillons autour d’un thème et développons une programmation fondée sur un objectif de qualité.
L’année prochaine nous ltudierons «Les origines» avec un hommage à Pier Paolo Pasolini et des films qui évoquent les trois grandes religions monothéistes avec une petite lucarne sur le bouddhisme.

Quelle image de Dieu le cinéma véhicule-t-il pour vous?
Le cinéma ouvre la plus grande des fenêtres sur le monde et des cinéastes comme Renoir ou Bresson, Fellini ou encore Bunuel, Rossellini, Dreyer et même Ford et Hitchcock ont investigué, si ce n’est le religieux, en tout cas la dimension spirituelle qui n’est jamais loin de la foi, quel que soit le sens qu’on lui donne.

Le Top 15 de L’Essentiel

Ben-Hur 1959 US Hiver 54: l’abbé Pierre 1989 F
Le Nom de la Rose 1986 F Thérèse 1986 F
Des hommes et des dieux 2010 F Amen 2002 F
Jeanne d’Arc 1999 F Jésus de Nazareth 1978 UK
Mission 1986 UK Habemus Papam 2011 I
La mélodie du bonheur 1965 US Les Innocentes 2016 F
La passion d’Augustine 2016 CA Marie Heurtin 2014 F
La Passion du Christ 2004 US
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