Mon parcours interreligieux

Mon parcours interreligieux
Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, secteur pastoral des Coteaux du Soleil (VS), novembre 2019

Propos recueillis par Laetitia Willomet

Ce mois je vous invite à découvrir une personne au parcours étonnant, la pasteure Nathalie Capó. Sa connaissance
des religions m’a souvent épatée, son sens de l’accueil de tous, sa générosité dans l’échange, sa curiosité, son action en faveur de l’œcuménisme, du dialogue interreligieux font de Nathalie l’une des très belles rencontres que j’ai faite dans ma vie. Et pour cette Semaine des religions, je me réjouis de vous la présenter.
Mon parcours a commencé à l’âge de 13-14 ans, peu avant ma confirmation-baptême en 1975, avec la lecture du Journal d’Anne Frank, qui me poussa à vouloir étudier le judaïsme. Pendant le collège, divers camarade juifs me rent connaître leurs synagogues et je me mis à étudier l’hébreu pour pouvoir lire et comprendre les prières.

C’est à la synagogue sépharade de Genève que j’ai connu des personnes très accueillantes, avec un beau sens de la famille et de la fête, qui sont devenues des amis depuis 40 ans. Il y avait aussi les émis- sions du Rabbin Josy Eisenberg à la télé française, avec une lecture plus profonde de la Bible que ce que j’avais pratiqué jusqu’alors dans ma famille protestante.

«Je dis souvent que dans la formation théologique académique, le dialogue interculturel est très présent, et on en sort avec un in ni respect pour les autres traditions religieuses et tout ce qu’elles apportent à la spiritualité, la culture, la civilisation.»

Ceci m’amena donc vers la Faculté de Théologie, où nous avons eu aussi un enseignement œcuménique avec des théologiens catholiques, et aussi avec des rabbins. Je dis souvent que dans la formation théologique académique, le dialogue interculturel est très présent, et on en sort avec un in ni respect pour les autres traditions religieuses et tout ce qu’elles apportent à la spiritualité, la culture, la civilisation. Dans les formations de tradition évangélique, la priorité n’est pas mise sur le dialogue, mais sur la connaissance de l’autre pour chercher les failles ou les manques afin de le convertir à la foi chrétienne, puisqu’il n’y pas d’égalité entre les religions, et que le monde est appelé à cette conversion au Christ.

Nathalie Capò

Nous nous sommes installés à Barcelone, et là j’ai participé en 1986 à la première prière interreligieuse à la cathédrale, et par la suite j’ai fait partie, comme présidente, de l’Association Unesco pour le dialogue interreligieux. Barcelone a reçu 8000 personnes du monde entier en 2004 pour le parlement des religions du monde, organisé par l’Association Unesco, et a créé par la suite le réseau catalan des groupes de dialogue interreligieux, qui va de Perpignan à Alicante, en comptant aussi les Baléares.

Cela m’a apporté une immense richesse spirituelle qu’on retrouve dans la recherche de la paix, du vivre ensemble et de la connaissance mutuelle. Quand on a été élevé dans un seul credo qui croit que les autres ne valent rien ou sont une menace et qu’on en a peur, on passe à côté de cette expérience humaine qui est si enrichissante.

Le Valais s’est ouvert peu à peu, grâce au Concile Vatican II, à l’œcuménisme, et il gagnera beaucoup aussi à découvrir la foi des autres qui pratiquent le bouddhisme, l’hindouisme, l’Islam, le judaïsme, et qui sont nos voisins, nos collègues de travail, les amis de nos enfants, et peuvent aussi faire partie de nos familles.

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