Tout fout le camp!

Tout fout le camp!
Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, UP Sainte Marguerite Bays (FR), septembre-octobre 2020

Texte et photos de Nicole Monney

Tout fout le camp ! Je suis sûre que bien des personnes ont déjà entendu cette phrase voire l’ont dite elles-mêmes.

Il est vrai qu’elle est déstabilisante, cette sensation que nos repères partent. Nous avons beau vivre dans une monde individualiste, où le « je » a une place privilégiée, toutefois, nous tenons à certains principes ou valeurs. Ils sont aussi nos points de repères qui malgré tout nous permettent d’avancer certes, mais surtout nous rassurent.

Changements en catéchèse
Ma dernière expérience d’un changement majeur qui a chamboulé bien des personnes date d’il y a deux ans. Les réflexions étaient les habituelles : « Pourquoi changer quelque chose qui fonctionne bien ? Changer pour changer, ça n’a pas de sens ! Nous ne voulons pas être des cobayes ! A-t-on pensé aux conséquences ? Ça sert à quoi ? On était bien comme cela. »

Ce changement était la sortie du cheminement vers la vie eucharistique (première communion) de l’école. Aussi, cela impliquait que les enfants soient accompagnés d’un adulte et de réserver 2 à 3 heures pour une rencontre qui se déroulerait soit le mercredi après-midi, soit le samedi, trois fois dans l’année ! 

En réalité, je ne faisais que suivre les nouvelles directives du diocèse qui souhaitait que les enfants suivent la préparation en paroisse, entourés des adultes de la famille, de la communauté pastorale et de tous les fidèles. Ainsi, ils seraient plus intégrés dans la vie communautaire et la communauté se rendrait plus compte du cheminement de ces jeunes chrétiens en devenir en les suivant pas à pas et non plus en étant juste présente au moment de la messe de leur première communion.

Bilan des changements
C’est ainsi, que maintenant depuis deux ans, les enfants et les parents suivent cette nouvelle manière de faire, malgré les contradictions lors de la séance d’information. Le bilan a été plutôt positif dès la première année. Les échos des parents dans la majorité étaient : nous craignions l’ennui, la catéchèse à haute dose, la moralisation comme l’Eglise savait si bien le faire et non, nous avons été surpris en bien. Nous apprenons certaines choses, mais surtout, c’est sympa de passer un temps privilégié avec mon enfant, sans ses frères et sœurs. Pour certaines personnes cela a été même une réconciliation avec l’Eglise sans pour autant passer dans un autre extrême, mais toujours est-il que l’image est moins négative. 

Les échos des enfants sont aussi très positifs, ils apprécient de se sentir accompagnés dans leur démarche, de partager ce moment privilégié avec l’adulte. C’est moins barbant que le catéchisme à l’école ! 

Attention, tout n’était pas rose. Il y a évidemment eu aussi des parents insatisfaits qui continuaient à penser que l’« ancien » système était mieux ou tout aussi bien, voire que le nouveau était une perte de temps et qu’ils n’avaient pas besoin d’un rafraîchissement de catéchèse. 

De cette première année, « fameuse année de transition », un peu chaotique au niveau de l’organisation aussi, il faut relever que le contenu n’a convenu ni aux animatrices, ni aux familles. C’est pourquoi, l’année passée, le programme a été modifié et nous l’avons axé davantage sur la messe et le sacrement. Ce qui a conduit que les rencontres soient suivies d’une messe afin d’appliquer ce qui avait été vu juste auparavant. C’est avec joie et beaucoup de respect que nous constatons que les enfants et les adultes ont joué le jeu de participer à la rencontre et à la messe qui suivait. 

Les propositions pastorales pour la famille
Covid-19 oblige, nous n’avons pas encore les échos de tous les parents concernant le cheminement de cette année. En effet, comme les messes de premières communions ont dû être déplacées en automne, nous n’avons pas encore fait les bilans avec les parents et les enfants. Ce qui est sûr, c’est que de mon côté, je suis bien heureuse de voir l’évolution de cette manière de faire. On a beau dire que « tout fout le camp », que nos rituels viennent à changer, mais dans le cas présent, c’est un mal pour un bien. Il a toujours manqué, et il manque encore, de la pastorale des familles. On pense aux enfants en leur proposant du catéchisme à l’école. On pense aux seniors en leur proposant des rencontres dans le cadre de la vie montante ou des messes en semaine. Mais les familles ? Qu’y a-t-il pour vivre la foi en famille ? Certes il y a les messes dominicales, mais vous conviendrez avec moi que ce n’est pas un succès fou. Il y a l’Eveil à la foi pour les enfants de 0 à 6 ans environ, mais malheureusement, pas dans toutes les paroisses. Et pourtant, bien des paroisses essaient de mettre sur pied des messes des familles, des rencontres en famille autour d’un moment de convivialité, comme la chandeleur à Romont. Mais la réponse est minime. Que faire, faut-il faire plus de pub ? Ou est-ce le reflet de cette génération qui ne souhaite plus de contact avec l’Eglise ou alors consommer juste ce qui est nécessaire, comme lorsqu’on va dans un magasin, et où on ne prend que ce dont on a besoin ? Ceci pourrait être le thème d’un autre article.

Ainsi, si ce moyen de préparation peut contribuer à faire vivre la pastorale des familles, je ne peux qu’y adhérer. Est-ce qu’il y a plus de monde dans les églises ? Je ne sais pas, mais peut-être que les familles s’y ennuieront moins lorsqu’elles iront à la messe dorénavant. Ce n’est plus de mon ressort. Dieu agit selon le plan qu’il a pour chacun.

Moralité : ne soyons pas réfractaires à tous les changements. Essayons, avançons, parce que cela nous permet parfois de découvrir d’autres facettes de la foi. Dieu ne veut pas nous confiner dans une manière de vivre notre foi, mais au contraire, nous ouvrir à la nouveauté. Rappelons-nous, Jésus nous a montré l’exemple, il a été le premier à chambouler les habitudes et les traditions juives. Comme pour beaucoup de choses, tant qu’on n’a pas essayé, on ne peut pas savoir.

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