Chrétiens persécutés

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, décanat Sion (VS), janvier 2021

Par l’abbé Philippe Aymon | Photo: Foyer Dents-du-Midi

Père Clément Renirkens

« Le sang des martyrs est une semence de chrétiens » 

Le titre de cet article est de Tertullien (160 – 220), c’est une phrase qui a traversé les siècles et s’est révélée juste à travers le temps. Converti vers 193, Tertullien est bien au fait des persécutions. Il en parle en venant d’une époque où être chrétien était un choix qui distinguait le disciple du Christ des autres habitants de la cité, et le mettait en porte-à-faux avec l’Etat et l’empereur.

Mais le temps des martyrs ne s’arrête pas aux premiers siècles de l’Eglise. Le pape Jean-Paul II disait même qu’ils étaient plus nombreux au XXe siècle qu’au cours des dix-neuf précédents ! Le fascisme, le nazisme, le communisme et tant d’idéologies mortifères s’en sont pris aux chrétiens de toutes confessions, eux qui préféraient le Royaume des Cieux aux promesses des dictateurs qui persécutaient leur peuple pour faire advenir le bonheur ici-bas. 

Je me souviens de quelques rencontres. 

Avec Mgr Raymond-Marie Tchidimbo, évêque de Conakry, arrêté le 23 décembre 1970 sur l’ordre de Sékou Touré, et qui passa 8 ans au camp militaire de Boiro. 

Avec un prêtre français, un peu plus âgé que moi, qui se rendait en Chine comme homme d’affaires, afin de visiter l’Eglise du Silence et donner une formation aux chrétiens et aux séminaristes clandestins.

Enfin avec le fondateur du Foyer de Charité de Bex, le Père Clément Renirkens (1916-1999). Arrivé à Shanghaï en 1947, il est arrêté en 1953 et libéré en 1954 après les Accords de Genève. Son témoignage sur sa façon de vivre sa foi en prison est riche d’enseignement pour ceux qui ne peuvent assister à la messe chaque dimanche, comme dans certains pays de mission.

Ce sont des témoignages de vie qui inspirent respect et humilité. Respect pour tant de témoins fidèles, humilité dans ce que nous vivons aujourd’hui. Certaines réactions face aux mesures sanitaires liées à la Covid-19 laissent pantois : « discriminés », « victimes », « atteinte à la liberté de culte ». C’est non seulement faux, c’est surtout irrespectueux en pensant aux vrais martyrs ou aux témoins de la foi. Ne confondons pas persécutions et contrariétés. Mais rassurons-nous, quand l’Etat s’en prendra véritablement à nous, nous aurons vite fait de découvrir la différence…